De Lempicka, Tamara
La peintre polonaise représentative du mouvement Art déco et connue en France sous le nom de Tamara de Lempicka, naît Maria le 16 mai 1898 probablement à Varsovie. Elle est la fille de Boris Gorski, un juif russe, et d'une mère polonaise. Son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg, Varsovie et Lausanne.
En 1914, elle est retenue par la guerre à Saint-Pétersbourg où elle s'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts. Elle épouse, en 1916, Tadeusz Łempicki un jeune avocat polonais. La révolution d'Octobre bouleverse sa vie et, après un détour par Copenhague, elle gagne Paris où elle est recueillie par ses cousins qui l'ont précédée dans l'exil. Tamara commence alors avec beaucoup de ténacité une carrière de peintre.
En 1920, à l'académie Ranson, elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis et à l'académie de la Grande Chaumière celle d'André Lhote. C'est là qu'elle forge petit à petit son style qui, dans une synthèse inattendue de l'art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va correspondre parfaitement à la mode de son époque.
Tamara de Lempicka occupe une place à part dans l'art du XXe siècle : malgré une production peu abondante, ce sont ses peintures qui sont choisies le plus souvent aujourd'hui lorsqu'il s'agit d'illustrer les années folles de l'entre-deux-guerres. Ses modèles se caractérisent par des regards interrogateurs et sensuels, une bouche pulpeuse pour les femmes et pincée pour les hommes, des couleurs vives, mais en nombre limité, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. Derrière une stylisation néo-cubiste, qui les situent parfaitement dans leur temps, les portraits de Tamara de Lempicka ne négligent aucune des magistrales recettes de composition qui furent élaborées par ses grands prédécesseurs de la Renaissance italienne. »
L'envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925. C'est là qu'elle fait la connaissance de Gabriele D'Annunzio et de son entourage, aussi aristocratique qu'excentrique. De retour en France, elle participe pleinement à la vie artistique et mondaine parisienne où elle rencontre de nouveaux modèles : André Gide, Suzy Solidor, de riches industriels, des princes russes émigrés, etc. En 1928, elle installe sa maison-atelier au 7 de la rue Méchain, dans le 14e arrondissement de Paris.
En 1929, appelée par Rufus Bush, un riche Américain qui lui a commandé le portrait de sa fiancée, Tamara de Lempicka fait son premier voyage à New York. Outre le portrait de commande, elle exécutera sur place plusieurs tableaux, dont des études de gratte-ciel. Elle expose simultanément en Pologne (médaille de bronze à l'exposition internationale de Poznan), à Paris (dans quatre salons et à la galerie Colette Weil) et au Carnegie Institute de Pittsburgh).
Divorcée depuis 1928, elle se remarie en 1933 avec le baron Raoul Kuffner (1886-1961). Ce passage de l'état de comtesse à celui de baronne coïncide avec une crise morale et artistique qui provoque un ralentissement de sa production. Fuyant les menaces de guerre, elle s'installe aux États-Unis en 1929 où elle fait trois expositions à New York et à San Franciscochez Paul Rheinardt et chez Julien Levy.
Après la deuxième guerre, son œuvre tombe dans un profond oubli jusqu'à ce que la redécouverte de l'Art déco, dans les années 1970, fasse ressurgir son nom. La chanteuse Madonna a rendu hommage à Tamara dans son clip vidéo Vogue ainsi que dans Open Your Heart avec la toile Andromède (L'Esclave). Tamara de Lempicka est bisexuelle et l'assume publiquement.
Elle meurt le 18 mars 1980 à Cuernavaca au Mexique.