La vie s’améliore


Le temps est venu de déménager de nouveau la petite famille. Antoinette, qui reprend son travail au salon, engage une « bonne », Réjeanne, pour s’occuper de la maison et prendre soin des enfants. Elle espère trouver un logement près du salon afin de pouvoir aller voir ses fils pendant la journée. Le hasard fait que le locataire du logement au-dessus du magasin annonce au propriétaire qu’il ne renouvelle pas son bail. Il en avertit Charles-Émile. Sitôt dit, sitôt fait. Le logement fait l’affaire d’Antoinette qui le connaît bien puisque leurs amis, les Doré, en ont un semblable. Il est plus vaste. La porte d’entrée est voisine de celle du magasin. Ils louent le logement et sous-louent celui de la rue Eagan pour le reliquat du bail. Le logement a besoin d’un bon ménage et de quelques couches de peinture, mais qu’à cela ne tienne ! La tante Margot est toujours là pour donner un coup de main et aime beaucoup peinturer. Ensemble, les deux femmes vont littéralement remettre le logement à neuf, à peu de chose près. Le déménagement a lieu au début de 1937.

Au pays, on annonce la formation de TransCanada Air Lines, qui deviendra plus tard Air Canada. La compagnie nationale amorce ses vols réguliers le 1er septembre 1937. Pour sa part, Joseph-Armand Bombardier dévoile son invention, le « Bombardier Model B-7 », un véhicule à la forme d’une coccinelle, équipé d’un moteur de 16 CV et capable de voyager sur la neige à des vitesses allant jusqu’à 40 km/h. C’est aussi l’année de l’invention du radar.

Le petit Jean-Claude a bien progressé. Il parle beaucoup. Il s’exprime si bien en anglais – avec le bon accent en plus – que cela surprend tout le monde. Il l’a appris « dans la rue », comme dit Antoinette, tout naturellement, en jouant dans la cour ou au magasin, avec ses petits copains anglais du voisinage. Tout fier de son rejeton, Charles-Émile prétend haut et fort qu’il parle mieux l’anglais que le français ! Le petit joue souvent sur le trottoir devant la shop avec son tricycle où, dit-il, il « fait du bicycle » et dans le terrain vague adjacent au magasin, avec sa voiturette. Les enfants du quartier, anglophones pour la plupart, fréquentent d’ailleurs cet endroit pour s’y amuser et nouer des liens d’amitié.