La religion
Les Indiens ne se sont jamais vraiment faits au christianisme. Le christianisme est, par essence, contraire aux religions précolombiennes. Il appelle l’hégémonie de l’homme sur les éléments naturels. Seul Dieu lui est supérieur. En revanche, les Indiens adorent le Soleil, la Lune, la Terre… Dans cette région où parfois se déchaînent sécheresses, tremblements de terre, éruptions et inondations, ils étaient les garants d’un espoir de retour à la normale. Mais que faisait ce Dieu supposément tout-puissant des Espagnols pour amadouer la nature ? Ces raisons, profondément ancrées, font que les religions anciennes et ce que l’on appelle la magie ont gardé un impact considérable, en particulier chez les populations les plus soumises aux éléments naturels, les paysans, par exemple.
Aujourd’hui, la grande majorité des péruviens, 87 %, sont catholiques. Plus de 13 % de la population se déclare cependant de différentes organisations évangéliques, dont l’influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne qu’au sein du régime d’indépendance et d’autonomie, l’État péruvien reconnaît l’Église catholique comme étant un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du pays.
L’éducation
L’Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d’enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus (système de comptabilité inca). Les jeunes étaient instruits aux affaires de l’État (les lois, l’administration ou l’histoire), ainsi qu’aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles dont le Colegio Mayor de San Pablo (1568) et le Coleiro Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les Dominicains fondent en 1551: l’Université Majeure de San Marcos, la première université du Nouveau Monde
Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido, l’éducation primaire, l’éducation secondaire et l’université. Le Perú possède un réseau de 70 universités, 28 publiques et 42 privées.
Le Perú compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College et le Lycée franco-péruvien.
Néanmoins, le Perú est l’unique pays des cinq pays d’Amérique latine évalués par le PISA (avec l’Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n’a pas acquis le niveau de connaissances et de compétences en lecture suffisantes pour poursuivre correctement son éducation. Et cela est d’avantage inquiétant si l’on considère qu’il y a des indices indiquant que dans l’enseignement supérieur le problème s’accentue en raison de la complexité des processus d’apprentissage.
La culture
La topographie du pays est une barrière naturelle qui a permis le développement de danses régionales. Dans certaines régions les danses sont si nombreuses que chaque village a la sienne. Le folklore a aussi intégré les traditions des immigrants, espagnols et africains particulièrement. La danse nationale est la Marinera.
La musique de la côte est soit d’origine africaine soit d’origine coloniale. Les danses et les styles de musique sont également influencés par les régions. Les instruments de musique les plus anciens découverts au Perú ont été trouvés dans la cité de Caral, tels des flûtes traversières et des instruments à vent taillés dans des os de pélican ou de condor
Des chants traditionnels en quechua aux textes poétiques expriment la tristesse dans l’amour, l’amertume résignée, l’appel romantique de la nature…
Parmi les peintres péruviens renommés on retrouve:
Daniel Hernández, décédé à Lima en 1932; son œuvre couvre plusieurs styles, de la peinture de genre à la peinture académique puis à l’impressionnisme, avant d’aboutir à un style très personnel. Il fut un excellent portraitiste.
Herman Braun-Vega, né en 1933, a construit son œuvre autour du syncrétisme et du métissage artistique et culturel, ethnique et politique. Elle cherche à activer la mémoire historique, sociale et politique du spectateur.
César Moro, de son vrai nom Alfredo Quíspez Asín, est né à Lima (Perú) le 29 août 1903 et mort des suites d’une leucémie, à Lima, le 10 janvier 1956. Il était poète et peintre surréaliste péruvien.
Albert Lynch s’établit à Paris où il étudia à l’École des Beaux-Arts. Il reçut la médaille d’or lors de l’Exposition universelle de 1900. Les femmes de son temps constituent son thème de prédilection et il se plait à les peindre. Il a illustré le livre «La Dame aux camélias» d’Alexandre Dumas fils.
Les costumes
Les costumes traditionnels changent selon les régions. Très coloré, le costume féminin de la région de Cuzco en est un bon exemple. Abordant des couleurs dans les teintes de rouge, de jaune, de vert et de blanc, il se compose de quatre parties: le chapeau rond, rouge et noir orné de figures géométriques de toutes les couleurs, la chemise blanche avec des bordures rouges sur le contour des manches et du col, la robe noire avec des motifs blancs et rouges et finalement le poncho au fond rouge et aux dessins multicolores représentant des fleurs, le soleil ou des étoiles.
Quant au costume masculin, il se compose généralement du bonnet uni ou avec des lignes de couleur. Parfois dans certaines régions, le bonnet est remplacé par une sorte de chapeau melon. Tout comme les femmes, l’homme porte le poncho, lui aussi très coloré. Le costume se complète souvent par un pantalon noir.
Les couleurs vives et variées des habits péruviens sont peut-être l’écho d’un vieux conseil proverbial : «Ne t’habille ni en noir car la vie n’est pas un malheur, ni en blanc car ce n’est pas tous les jours la joie dans le cœur des autres».
La céramique
Des dizaines de milliers de pièces en céramique ont été retrouvées intactes, ou remarquablement conservées, et constituent un témoignage unique sur les cultures du Perú passé, et cela malgré le pillage et les trafics de pièces archéologiques dont le pays est victime, telles les oeuvres des cultures Inca et Mochica.
Les céramiques péruviennes sont devenues une sorte de livre en trois dimensions qui explique les connaissances des précolombiens sur : la cuisine, la construction, l’urbanisme, la faune, la flore, l’art textile, les vêtements, l’art des chapeliers, la vaisselle, etc. Elles furent réalisées avec un sens pratique et une esthétique impressionnantes et des représentations diverses de la vie de tous les jours.
Certaines d’entre elles sont utilitaires, simples et d’usage quotidien. Leur finesse est souventes fois remarquable, particulière et d’utilisation spécifique. Plusieurs sont avec base en tripode permettant de les mettre proche ou au contact de la braise et donc de chauffer, maintenir chaud ou tiède ce qu’elles contiennent. Elles étaient réalisées avec des mélanges d’argile et de sable avec un rouleau d’argile molle sans l’emploi du tour pour le moulage.
Des objets en céramique ont été retrouvés dans des tombes où ils avaient été placés pour accompagner les défunts, qui les affectionnaient durant leur vie.
Il en est résulté de fort belles pièces, admirablement équilibrées, d’une puissance décorative incontestable. Les couleurs généralement utilisées étaient jaune pâle laiteux, brun-rougeâtre et sépia foncé.
Encore aujourd’hui, le travail des céramistes, des sculpteurs de bois, des peintres, et autres sont remarquables et ces œuvres sont peu coûteuses.
La pomme de terre
La pomme de terre est un fruit du nom de « Solanum tuberosum » et a pris spontanément naissance dans les pays andins et plus particulièrement près du littoral du Perú actuel. En effet, 200 ans avant notre ère, des pommes de terre apparaissent sur des poteries découvertes près des côtes du Perú.
C’est dans la région du lac Titicaca, dans des terrasses irriguées et fertilisées avec le guano, que la pomme de terre fût cultivée à l’origine. De cette région, la culture de la pomme de terre s’élargit au nord du Chili, au nord-ouest de l’Argentine et au sud de l’Équateur, soient les limites approximatives du futur empire Inca. Elle prit alors progressivement le nom quetchua de « papa« . Elle porte d’ailleurs toujours ce nom en Amérique Latine.
Les conquistadores espagnols n’atteignirent pas l’Eldorado, ils découvrirent d’autres richesses parmi lesquelles des produits de l’agriculture locale : cacao, maïs, haricots, lupins, tomates, courges, coton, coca, tabac et une plante dont on consommait les parties souterraines, la papa. Ce serait donc dans un but scientifique et comme provision de route, pour varier l’ordinaire, que la pomme de terre arriva en Europe via l’Andalousie où elle s’appelle encore papa.
De l’Espagne, Philippe II envoya des tubercules à Rome au pape Pie IV, sans doute par analogie au mot papa. Le pape en envoya au gouverneur de Mons en Belgique qui en donna lui même à un professeur de l’université de Leyde qui séjournait alors en Autriche. De là, la pomme de terre se propagea en Allemagne et en Suisse puis dans l’Est de la France. On dit que la seconde voie, ouverte quelques années plus tard, fut via le Mexique et la Virginie d’où elle atteindra le Canada, la Grande-Bretagne, l’Irlande et les pays nordiques.
Non moins de 3 000 variétés domestiques sont recensées au Perú où elles sont généralement cultivées à des altitudes élevées par des petits paysans de montagne.
La cuisine
La cuisine péruvienne d’aujourd’hui a été influencée par la riche géographie du pays, par la disponibilité de ressources et surtout par les traditions culinaires autochtones alliées à des pratiques gastronomiques foraines.
Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques: des Andes, de la côte et de la jungle.
De plus, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine s’installèrent au Perú avec leurs traditions culinaires, tout en les adaptant au goût et aux ressources locales. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcoolisée) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien. Puis il y a le mate coca qui est une infusion de feuilles triturés de coca (mis en sachets comme une infusion normale), très connu et populaire au Pérou, Bolivie et l’Équateur, où on l’utilise comme infusion digestive et calmante. C’est une excellente infusion pour les effets de la maladie de l’altitude sur le corps.
Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la nouvelle Cuisine Andine.
Les géoglyphes de Nazca
Découverts en 1926 au Perú, les géoglyphes de Nazca et de pampas de Jumana sont de grandes figures tracées sur le sol dans le désert de Nazca. Ils sont souvent figuratifs, parfois longs de plusieurs kilomètres. Ils ne sont visibles que d’une très grande hauteur. Le sol sur lequel ils sont dessinés est couvert de cailloux que l’oxyde de fer a colorés en gris. En les ôtant, le peuple Nazca a fait apparaître un sol gypseux plus clair, découpant les contours de leurs images. On peut les voir à bord d’un petit avion volant en cercle à 300 m d’altitude à 220 km/h, ou d’un observatoire élevé le long de la route d’où on n’aperçoit que quelques dessins.
Ces géoglyphes sont le fait de la civilisation Nazca, une culture pré-incaïque du Sud du Perú qui se développa entre 300 avant notre ère et 800. Ils ont été réalisés entre 400 et 650. Les lignes et géoglyphes de Nazca et de Pampas de Jumana sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.
À partir de maquettes, les Nazcas réalisaient les ouvrages à grande échelle probablement à l’aide de procédés géométriques simples, tel le carroyage. On a retrouvé diverses poteries reprenant les mêmes motifs.
Ils prennent la forme d’animaux : singe, oiseaux-mouches (colibri), condor, chien, araignée, orque. On trouve aussi des figures géométriques : lignes, spirales et ellipses, qui sont imprimées sur la surface de la Pampa. Les dessins franchissent les ravins, escaladent les collines sans que leur forme ni la rectitude apparente des lignes en soient affectées. Ces tracés représentent les divinités animales du panthéon religieux des Nazcas.
Le microclimat permet la conservation des lignes, car le plateau est l’une des régions les plus sèches du monde (trente millimètres de pluie par an) ; le sol sans végétation réchauffe fortement l’air qui crée un coussin d’air qui, à son tour, protège les géoglyphes du vent) et le gypse contenu dans le sol « colle » le sable et la poussière.
Sans sable ni poussières pour recouvrir la plaine et avec peu de pluie ou de vent pour les éroder, les tracés restent intacts. Incroyable, mais vrai!
On a déjà dénombré plus de 350 dessins distincts.
Photos de haut en bas: Église catholique, Lamas des Andes, lac à Paracas, Oeuvre d’Albert Lynch, Péruviennes et leurs enfants, Céramiques du musée de Cusco, Céramiques du musée de Cusco, terrasses des Andes, paysans entretenant les plans de pommes de terre, géoglyphe de Nazca, géoglyphe de Nazca.
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