Le Pont du Gard est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.
Le Viaduc de Millau est une oeuvre exceptionnelle de génie, d’architecture et d’art.
Le premier a 2,000 ans, le second a à peine 10 ans.
Lequel sera encore debout dans 2,000 ans ?
Le Pont du Gard
La population de Nîmes, qui en l’ère 40 après JC avait une population de 20,000 personnes, est éblouie par la rapide évolution de la civilisation romaine. Ses besoins en eau sont grandissants et sous les empires Claude et Néron un chantier important est entrepris pour construire un aqueduc conduisant l’eau de la source d’Eure au château d’eau de Nîmes, une distance de 50 km.
Une dénivellation de 12,27 mètres existe entre le départ et l’arrivée de l’eau. L’écoulement sera donc par gravité dans une canalisation d’une largeur de 1,20 m et une hauteur moyenne de 1,80 m. Le temps de transit moyen de l’eau entre Uzès et Nîmes est de 24 à 30 heures à une vitesse moyenne de 0,7 à 1 m/s, pour un débit de 35,000 à 40,000 mètres cubes par jour, soit 400 l/s.
Pour 90% du parcours, la canalisation sera souterraine mais elle devra traverser à certains endroits des rivières dont le Gardon où il faut construire un pont-aqueduc d’une longueur de 360 m à une hauteur maximale de 48,77 m. du niveau de l’eau. Ce sera le plus haut aqueduc du monde romain. C’est le Pont du Gard.
Les constructeurs romains décident de construire ce pont en trois étages d’arches. De larges piles, pour les six arches du premier niveau, sont munies d’avants-becs pour lutter efficacement contre la poussée des eaux du Gardon. Le second étage aura 11 arches et le canalisation située au haut du troisième étage sera soutenue par 47 arches.
Il sera construit avec des blocs de pierres de calcaire de couleur jaune clair extraits de la carrière de l’Estel, située à 500 mètres en aval du monument, en rive gauche de la rivière. Plus de 21,000 mètres cubes pour une masse totale de 50,400 tonnes de pierres seront utilisées.
Le design du pont et le génie de sa construction en feront un chef d’oeuvre de l’humanité. Le nom de son architecte est inconnu. Sa réalisation est une très grande entreprise qui regroupe 1,000 hommes pendant 15 ans et sera le résultat d’une organisation rationnelle des travaux : numérotation des pierres, points d’appuis des échafaudages etengins de levage.
La période de fonctionnement optimal de l’aqueduc s’étendra jusqu’à la fin du 3e siècle. Nîmes construira des thermes grandioses et élèvera les plaisirs de l’eau au rang d’art de vivre. Au 4e siècle, fautes de moyens, l’ouvrage ne bénéficie plus d’une entretien régulier et la végétation pousse sur le canal et le débit réduit considérablement. Dans les campagnes, des piquage sauvages pour l’eau sont effectués par des cultivateurs. Au 6e siècle, l’aqueduc est définitivement abandonné au moment où les Francs et les Wisigoths se partagent la région. La canalisation commence à servir de carrière et la pierre est utilisée pour fins de constructions diverses.
Au 18e siècle, les États du Languedoc construisent un pont routier accolé au tablier romain pour permettre le passage du Gardon tout en protégeant le monument antique. Au 19e siècle, le Pont du Gard est inscrit sur la première liste des monuments majeurs de la Commission des monuments historiques. Jusqu’à la fin du 20e siècle, le pont fait l’objet d’importantes et pressantes reprises. En 1995, il devient partie du Patrimoine mondial de l’Unesco.
Le Viaduc de Millau
Le pont dit Viaduc de Millau est une oeuvre de l’architecte anglais Norman Foster. C’est un ouvrage d’art exceptionnel qui respecte les sites naturels et les beaux paysages au confluent des vallées de la Dourbie et du Tarn en France. Il passe tout près de la ville de Millau pour laquelle il assure une desserte.
Sa structure « multihaubannée », à deux voies dans chaque sens, touche le sol en neuf points seulement. Elle s’inscrit très discrètement dans le paysage, conformément aux choix de l’architecte et des collectivités aveyronnaises. Son design a requis des solutions techniques avancées dont, un tablier métallique finement dessiné afin d’alléger les structures porteuses, supporté par des haubans et reposant sur 7 piles, très élancées et réalisées en béton à haute performance. Le profil est aussi très original puisque le tablier monte en pente très douce de 3% du nord au sud, tout en décrivant une légère courbe.
La hauteur du sommet des pylônes atteint 343 m, soit un niveau plus haut que les 320,75 m de la Tour Eiffel. Sa longueur totale est de 2,460 m. Ses huit travées reposent sur 7 piles et sont soutenues par des haubans fixés à 7 pylônes de 90 m de hauteur chacun. La plus grande pile en béton a 240 m sous le tablier. Ce dernier est en acier et représente 36,000 tonnes de charpente métallique, soit sept fois la tour Eiffel. Le chantier a nécessité la présence moyenne de 500 ouvriers.
Sa construction a été planifiée pour réduire les nuisances à la population. Ainsi, pour diminuer les volumes de matériaux à mettre en oeuvre sur place on a favorisé la préfabrication en usine des éléments du tablier. Une attention particulière fut apportée pour éviter la pollution du sol par les eaux utilisés sur le chantier tout en assurant une bonne gestion des déchets. Cette attention perdure avec des moyens permanents de récupération et de traitement des eaux pluviales et des résidus de nettoyage des voiries.
Prévue pour répondre aux exigences les plus hautes de pérennité et pour résister aux conditions sismiques et météorologiques les plus extrêmes, la conception du Viaduc prend en compte la nécessité d’un parfait fonctionnement sur plus d’un siècle.
Le Viaduc est doté de barrières de sécurité résistantes aux chocs de camions, d’écrans brise-vent transparents de 3 m de hauteur, de bandes d’arrêt d’urgence, d’éclairages assurant un confort et une grande sécurité de circulation pour les usagers.
Cette nouvelle artère traverse de magnifiques paysages qui ont pour nom Auvergne, Margeride, Aubrac, Grands Causses… S’appuyant au nord sur le Causse Rouge et au sud sur le Causse du Larzac, le grand Viaduc de Millau franchit les gorges du Tarn, l’un des haut lieux touristiques de France. Il est situé à proximité des célèbres caves de Roquefort, du circuit sud-aveyronnais des commanderies templières et hospitalières et de l’abbaye cistercienne de Sylvanès.
Les dimensions exceptionnelles du grand Viaduc de Millau, les choix esthétiques de l’architecte NormanFoster, mais aussi le décor naturel grandiose qu’offre l’Aveyron au travers des Gorges du Tarn sont autant d’atouts qui contribuent à amplifier les attraits touristiques de la région. La fréquentation des pavillons d’information qui leur sont dédiés en témoigne.
L’essor plus récent du tourisme technologique est lui aussi indéniable, pour preuve le succès de grands sites industriels qui acceptent de s’ouvrir au public.
Le Viaduc de Millau est bien plus qu’un simple ouvrage autoroutier emprunté par des voyageurs pressés. Beaucoup prennent le temps d’aller l’observer depuis l’aire de détente en amont du péage à la périphérie de Millau.
Après la mise en service du viaduc, l’ouvrage a été concédé au groupe Eiffage pour 75 ans et assorti d’une exigence de parfait fonctionnement d’au moins 120 ans. Ce fut un investissement de 320 millions d’euros financés en fonds propres par Eiffage.
À l’instar d’un très prestigieux ancêtre, le Pont du Gard, le Viaduc de Millau devient une étape, un but incontournable de visite des hauts lieux du patrimoine technologique et historique français.
La collection Viaduc de Millau – Pont du Gard regroupe 75 photos de Claude Dupras.
* Sources d’informations: Eiffage, le site du Pont du Gard.