En septembre, les chaînes de montagnes des Laurentides au Québec et des Appalaches aux USA se parent de leurs plus belles couleurs et les régions riches en érablières sont particulièrement spectaculaires. De la fin septembre à la mi-octobre, la coloration des feuilles est à son paroxysme!
Une explosion de couleurs, de parfums et de saveurs vient saluer l’automne! Les arbres, rois des grands espaces canadiens, se colorent de rouge, de jaune et d’orange. Avec les forêts au feuillage ardent, les pommiers regorgeant de fruits rouges et les ciels traversés par des milliers d’oies des neiges, la saison automnale du Québec offre tout un spectacle!
Un redoux d’environ une semaine survient pendant la saison d’automne et la température s’élève au point de rappeler une journée d’été. Pour cette raison, cette courte période est nommée « Été indien ou été des Indiens » au Canada.
Que les feuilles soient encore toutes accrochées aux arbres ou qu’elles forment un tapis coloré après leur chute, marcher en forêt durant l’automne demeure un plaisir inégalé! Les couleurs flamboyantes font partie des enchantements de l’automne canadien.
La transformation du vert en jaune, en ambre, en cramoisi et en pourpre est due à un processus chimique fascinant. Chaque feuille contient un mélange de substances colorées dont la température, les précipitations et la longueur du jour déterminent la prédominance selon les saisons.
Au printemps et en été, la substance la plus abondante est la chlorophylle, qui donne aux feuilles leur couleur verte. La chlorophylle est essentielle à la photosynthèse, processus qui convertit en sucre l’énergie du soleil, elle-même nécessaire à la synthèse de la chlorophylle. En été, quand les jours sont longs et que la lumière du soleil abonde, les feuilles produisent la chlorophylle en abondance, qui leur procure leur couleur verte tout au long de la saison. Toutefois, à mesure que l’automne approche et que les jours raccourcissent, la production de chlorophylle ralentit. De plus, les températures fraîches de saison freinent l’acheminement des éléments nutritifs vers les feuilles, ce qui accentue le phénomène. La diminution de la quantité de chlorophylle fait ressortir les autres substances colorées présentes dans les feuilles et jusqu’alors masquées par la couleur verte
Parmi ces autres substances colorées figurent les caroténoïdes. Ces pigments d’un jaune éclatant changent en or trembles, bouleaux, peupliers, aulnes, noyers, érables, platanes et cerisiers tardifs. Contrairement à la chlorophylle, la synthèse des caroténoïdes n’a pas besoin de lumière, de sorte que le raccourcissement des jours ne ralentit aucunement leur production. Aussi leur couleur s’épanouit-elle lorsque la chlorophylle disparaît. On le constate, par exemple, à la couleur jaune du gazon qu’un morceau de bois ou une roche a privé temporairement du soleil.
Partout au monde sous des latitudes tempérées, le jaune est une couleur courante du feuillage automnal, mais on ne trouve le rouge éclatant qu’en Amérique du Nord, au Japon, en Corée du Sud et du Nord et dans le Nord de la Chine. L’érable rouge nord-américain a été introduit dans un grand nombre de pays, où des cultures sélectives ont abouti au développement de nombreuses variétés locales aux noms évocateurs comme October Glory (Gloire d’octobre), Red Sunset (Coucher de soleil rouge) ou Autumn Flame (Flamme automnale).
Les rouges et les pourpres du feuillage automnal sont attribuables à un autre groupe de pigments appelés anthocyanines. À l’opposé des caroténoïdes, ces pigments rouges ne sont pas présents durant toute la saison de croissance et ne se développent qu’à la fin de l’été, à la suite du changement dans la dégradation métabolique du sucre. C’est aux anthocyanines qu’on doit les magnifiques rouges des érables, des chênes, des sumacs, des cornouillers, des Éricacées et du nyssa sylvestre et la couleur familière de fruits comme les canneberges, les prunes, les raisins, les pommes, les cerises et les fraises. Les anthocyanines s’associent fréquemment aux caroténoïdes jaunes pour produire les tons de bronze ou d’orangé de certains autres feuillus.
Certains automnes sont moins colorés que d’autres. Des conditions de sécheresse font faner les feuilles, qui se colorent à peine et virent au brun avant de tomber. De fortes pluies inhibent aussi la coloration. Combinées au vent, elles font tomber les feuilles avant qu’elles n’atteignent tout leur éclat. Les plus belles couleurs automnales surviennent lorsqu’un temps doux et ensoleillé le jour alterne avec des nuits fraîches mais sans gel. (Contrairement à la croyance commune, le gel n’est pas nécessaire à la coloration des feuilles et il peut entraîner une défoliation prématurée.) Ces conditions idéales favorisent essentiellement le déploiement de toutes les nuances de rouge. Elles semblent toutefois avoir peu d’effet sur l’intensité des jaunes.
Le destin des feuilles d’automne est scellé des semaines avant qu’elles ne se détachent de l’arbre. Quand s’achève la saison de croissance, en fin d’été, des cellules forment une couche liégeuse à la base de la tige de la feuille, empêchant ainsi les minéraux, l’eau et les autres nutriments de pénétrer dans la feuille. Peu à peu, cette couche affaiblit le point d’attache de la feuille, qui finalement tombe emportée par le vent. Une substance cireuse et imperméable recouvre alors la cicatrice foliaire. Durant l’hiver, les feuilles tombées se tassent sous l’effet de la neige et de la pluie. Au printemps, elles se décomposent lentement sous l’action des bactéries, des champignons, des insectes et des vers pour se convertir en éléments nutritifs que l’arbre pourra à nouveau absorber. Elles contribuent ainsi à la préparation d’une nouvelle moisson de couleurs automnales éclatantes.
*Texte en partie de l’encyclopédie canadienne, Wayne Lynch, auteur.
La collection de photos de Claude Dupras comprend 110 photos captées dans les Laurentides au Québec et sur le Mont-Royal à Montréal.
Cliquer sur le lien Les couleurs de l’été indien pour ouvrir l’album.
Voici quelques photos de la collection :
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