dialogue du 19 décembre 2001 au 24 janvier 2002


Ce dialogue porte sur la Palestine, la démocratie en Amérique latine, la non-violence et le conflit de la Kabylie avec l’État Algérien.

19 décembre 2001

Mansour,

Je te remercie pour ton message.

Je comprends bien la douleur qui t’assaille. Ce fut difficile, depuis septembre, de vivre avec ces images effroyables qui nous sont imposées quotidiennement. Je te comprends de revivre toujours celles des massacres algériens causés par les islamistes fous. Ta douleur doit être profonde étant donné que tu as personnellement perdu des amis chers et ta marâtre Kabyle. J’espère que Bush junior dans sa stratégie, pour régler le problème terroriste mondial, saura trouver une solution pour ceux qui continuent en Algérie leurs méthodes exécrables.

Je suis aussi troublé par le sort des Palestiniens. Abandonnés, reniés, rejetés par les dirigeants de gouvernements, ils semblent être laissés à leur sort. Cependant, je crois que les peuples du monde ont une très grande sympathie pour eux et savent le pourquoi de leurs revendications, et les trouvent légitimes. Arafat ou non, les Israélites seront toujours devant la même situation: ils sont occupants d’une terre palestinienne. Aucun chef palestinien, nommé ou élu, n’acceptera rien d’autre, et avec raison, que la restitution complète. S’en prendre à Arafat n’est qu’une excuse stratégique sharonnienne et tout cela sonne faux. Je commençais à changer mon opinion vis-à-vis Bush junior et je devenais plus positif envers lui, mais son appui à la stratégie de Sharon me ramène à la case de départ. Il n’a pas le sens de la diplomatie juste. Je crois qu’éventuellement tout lui retombera sur le nez!

Claude

Au 24 janvier 2002

Mansour: Ton dernier message m’a donné beaucoup à réfléchir. Tout d’abord je reconnais que tous mes messages du passé sont teintés d’amertume et de réactions irréfléchies, et donc ne peuvent être qu’une réflexion d’un être aigri et désespéré au bout de son rouleau. J’ai tout de même vécu toute ma vie à combattre l’injustice tout d’abord en Algérie ensuite à travers le monde. Mais le résultat est malheureusement lamentable au moment même où je sais que je ne peux plus rien faire pour améliorer le sort des opprimés, qu’ils soient en Algérie ou ailleurs. J’ai souvent l’impression de réfléchir comme un don Quichotte qui lutte contre les moulins à vent. Après 62 ans sur cette terre je constate que les damnés de la terre sont plus damnés que jamais.

Claude: Je reconnais que tu es marqué par ta vie, et je ne veux d’aucune façon te faire croire un instant que je crois tes réactions irréfléchies. Non. Je les vois comme celles venant d’un être sincère qui cherche des solutions et qui analyse les faits sur la base de ses expériences de vie. Tu as vécu les grands évènements et les chambardements majeurs qui ont mené à l’indépendance de ton pays et ceci après une longue ère de colonisation qui a duré plusieurs générations. Tu as participé, avec ta famille, à l’éveil de ton peuple, à la création et à la survie de ton pays. Ce n’est pas peu dire! Que tu sois profondément meurtri par la situation d’aujourd’hui, je le comprends. On le serait à moins. Cela démontre ta sincérité et tout l’amour que tu as pour cette terre d’Algérie. Je suis fort impressionné par tout cela et, je ne voudrais jamais que mes humbles propos soient interprétés comme une critique quelconque de ce que tu penses. Je les écris pour te faire part simplement de mon point de vue qui vient sûrement de ma propre expérience, et de mes lectures, mais qui n’a rien à voir avec la réalité quotidienne que tu as vécue.

Cependant, je ne suis pas d’accord avec ton affirmation à l’effet que tu ne peux plus rien faire à cause de ton âge. Tout individu peut faire la différence jusqu’à sa mort et même après. On a vu des hommes d’âge mûr et vieux, créer, découvrir, écrire, et influencer des nations entières. Alors ne te laisse pas fléchir par tes «rhumatismes»…

Mansour: Tu m’as parlé des grands succès de la démocratie en Amérique latine comme une grande victoire pour les peuples de ce continent. Mais moi je vois cette situation sous un autre angle. Pour moi l’Amérique latine est aujourd’hui dans la même situation que les républiques bananières du 19ième siècle du même continent. Est-ce que les pauvres de ce continent sont mieux aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier ? J’en doute. Pour moi les pays d’Amérique latine d’aujourd’hui sont le symbole même d’une nouvelle forme d’esclavagisme qui se développe à travers le monde entier, au nom de cette fameuse globalisation de l’économie.

Claude: Je crois que ces peuples ont en main, maintenant, le potentiel d’être mieux. Et ils le deviennent, je crois. Leur standard de vie n’est pas très haut, mais il s’améliore constamment. Les institutions se raffermissent. Des lois sociales, les protégeant, sont votées et appliquées. L’éducation devient plus universelle. Certes, l’honnêteté des dirigeants laisse quelque fois à désirer comme on l’a constaté ces dernières années. Et là, comme ailleurs, on change ces hommes maintenant, on les force à démissionner comme on a vu au Brésil, on les remplace aux élections comme on a vu au Mexique, et on les pourchasse comme on le voit pour l’ex-président de l’Uruguay. La vie démocratique a changé la donne et on voit des résultats tangibles et encourageants. Le temps guérira le tout. On ne verra plus en Amérique latine des «United Fruit» et des barons du caoutchouc diriger les pays.

Le Canada et l’Europe connaissaient aussi, il y a à peine cent ans, de grandes pauvretés, un taux d’éducation très bas, une qualité de vie horrible qui se traduisait par une longévité très courte des populations. La richesse était dans les mains de quelques uns seulement. Alors, pourquoi pas l’Amérique latine….

Mansour: Regarde se qui advient aux pauvres Argentins qui ont cru aux conseils du fonds monétaire international, sous la pression des USA. Ne parlons pas des classes pauvres au Brésil ou au Mexico. Est-ce que tu penses réellement que ces pays répondent aujourd’hui aux besoins de leurs peuples ? L’intelligence dela nouvelle puissance américaine, à l’instar de l’empire romain, est de faire croire à tout le monde que les USA sont pour la démocratie à travers le monde, mais à la condition que ces régimes soient soumis à leur domination économique.

Claude: Tu sais sûrement des choses, toi l’ex-économiste de la Banque Mondiale, que je ne sais pas. Je suis surpris de cette affirmation que la crise argentine vient de la pression américaine. C’est probablement possible….mais dire que les USA font la promotion de la démocratie pour mieux dominer les pays démocratiques nouveaux me semblent pousser un peu fort. Une chose demeure certaine, les USA ont tout fait pour briser les soviets et favoriser la création de régimes démocratiques dans les pays de l’Europe de l’Est. Ils ont réussi. Ces pays sont-ils soumis à la domination économique des USA? Je ne le crois pas. Ils en sont influencés, sûrement, mais pas plus… Et plus le temps passera, plus La Russie, la Chine et la Communauté européenne deviendront aussi des forces dominantes dans le monde et cela égalisera alors les opportunités pour tous les pays.

Mansour: Et contrairement à ce que tu penses, je n’ai jamais accusé l’Amérique des maux de l’humanité. Chaque nation a le droit et même le devoir de défendre ses intérêts à travers le reste du monde. Et les USA le font admirablement pour le moment. Ma colère est en fait dirigée contre les peuples qui se sont soumis au diktat d’une puissance extérieure.

Claude: Oui, je te comprends, comme les Algériens de Boumediene qui se sont soumis aux diktats du Soviet Suprême.

Mansour: Ma colère vient en grande partie du fait que les pauvres à travers le monde acceptent de devenir les jouets de leurs maîtres américains. Rien n’empêche les peuples de l’Amérique latine de prendre leur avenir en main. Il en est de même des peuples ou des nations arabes.

Claude: Ce n’est pas facile pour les pays sud-américains de se prendre en main, et ils le font, nonobstant leur pauvreté chronique. Mais qu’attendent les peuples arabes? Leur indifférence pour la démocratie est inimaginable et leur acceptation du statu quo me surprend depuis toujours. On ne peut quand même pas mettre sur le dos des USA l’extrême pauvreté que l’on retrouve en Égypte et ailleurs! Qu’attendent-ils pour réagir? La transformation de l’Arabie en force démocratique donnerait aussi au monde une force différente qui saurait ajouter à l’équilibre mondial.

Et que penser des peuples africains noirs qui prennent sans cesse des retards sur l’évolution des autres continents. La lassitude de ces peuples les engourdit et ils ne savent que faire…Là, démocratie ou non, rien ne va… N’ayant jamais visité un de ces pays, je ne comprends pas la raison de leur situation. Ce n’est sûrement pas parce que les noirs sont moins intelligents que les autres, car on a la preuve avec les noirs américains qu’ils peuvent agir comme n’importe quel être humain. Alors c’est quoi? J’aimerais bien connaître ton opinion sur ce sujet.

Mansour: Je croyais honnêtement dans les années 60 et 70 que l’humanité écrasée par des forces extérieures avait l’occasion de relever le défi et se libérer une bonne fois pour toute. 40 ans plus tard je me rends compte que j’étais complètement à côté de la plaque. C’est toujours la force qui prime le droit, que ce soit au sein même d’une nation ou au niveau international.

Claude: Pourtant tu avais appris cela à la petite école. Comme disait Lafontaine dans une de ses fables «la raison du plus fort est toujours la meilleure…».

Mansour: Mais là ou je ne suis pas du tout d’accord avec toi c’est quand tu préconises la voie de résistance non violente quelque soit la condition des opprimés. Ce que tu dois tout de même reconnaître, c’est qu’en dehors de l’histoire de l’Inde, jamais la non-violence n’a réglé aucun problème. Depuis le début des années 20, toutes les colonies françaises et anglaises avaient essayé en vain de convaincre pacifiquement les puissances coloniales de leur donner leur liberté. La réponse a toujours été sous forme d’une répression féroce de la part des puissances coloniales. Je te signale aussi que le cas de l’Inde n’est pas aussi évident que tu me le fais prétendre dans ton récent message. Alors que Mahatma Ghandi mettait en place sa stratégie de résistance non violente à l’empire britannique, il ne faut oublier qu’il y avait déjà en Inde des mouvements indépendantistes qui n’hésitaient pas à prendre les armes contre l’Angleterre pour libérer l’Inde, et notamment le mouvement musulman de Djinah. L’Angleterre était donc coincée entre le choix de dialoguer avec un mouvement pacifique et un mouvement violent. Et comme de toute façon l’Anglerre était convaincue qu’elle ne pouvait plus subjuguer tout un sous-continent déterminé à se libérer de sa tutelle, elle n’avait pas grand choix. Mais en dehors de cet exemple, est-ce que tu me donnes un autre exemple ou la lutte non violente a donné des résultats positifs ? Aucun pays au monde n’a été libéré grâce à une lutte non violente.

Claude: Tu veux un exemple, pourtant tu en parles plus loin dans ton message en mentionnant Martin Luther King. Tu sembles vouloir donner le crédit aux Black Panthers ou à Malcolm X pour la reconnaissance des droits démocratiques des noirs américains. Je ne crois pas honnêtement qu’ils aient pesé dans la balance pour la peine. C’est le peuple américain qui a fait la différence. C’est le président américain, qui suite à la réaction de la majorité des Américains face aux événement du sud, a décidé d’agir. Finalement c’est l’opinion publique qui a pesé que lui. Et cette opinion s’est bâtie sur le résultat de la campagne de non-violence de King. Rappelle-toi des brouhahas qui ont résulté des actes pacifiques comme celui, entre autres, de la couturière qui s’est assise en avant dans l’autobus, celui de l’entrée à une école d’Alabama par de jeunes noirs, celui de la marche de Montgomery, revois aussi les discours impeccables et motivants de King, les grandes assemblées dont celle devant le monument de Lincoln à Washington, etc… C’est une stratégie de non-violence qui a été un franc succès et a transformé le pays le plus puissant du monde.

Quant aux musulmans face à la position de Gandhi, je te rappelle que le chef des musulmans, je ne me souviens pas de son nom mais je le vois très bien dans mon esprit car il était un homme grand et mince, faisait partie du comité de stratégie du Mahatma et avait raisonné ses adeptes à mettre de côté leurs armes suite à un jeûne de Gandhi. C’est ce même chef musulman qui plus tard devait refuser l’union des Musulmans avec les Hindous lorsque l’indépendance fut acquise et cela nonobstant les arguments et la grande peine qu’exprimait Gandhi. On a alors vu la création du Pakistan. L’Angleterre prétextait refuser l’indépendance de l’Inde en affirmant que les musulmans seraient traités injustement par les Hindous. Gandhi a longtemps contesté ces arguments. Je crois qu’il est vrai, comme tu dis, que l’Angleterre était convaincue qu’elle ne pouvait plus subjuguer tout un sous-continent déterminé à se libérer de sa tutelle, mais pourquoi? Je crois que c’est suite à la levée des boucliers de l’opinion publique hindoue et à celle de l’opinion publique anglaise et mondiale qui avaient accordé leur sympathie à la longue campagne dirigée par Gandhi. On a vu l’accueil chaleureux qu’à reçu Gandhi lors de son voyage de négociations en Angleterre par la population en général et les ouvriers d’usines en particulier. C’était une campagne de bons sens totalement axée sur la non-violence et qui a pressurisé l’Angleterre à finalement accorder l’indépendance à l’une des nations les plus peuplées de la planète.

Mansour: Je suis persuadé que tu dois toujours être prêt à sacrifier ta propre vie pour récupérer ta liberté, aussi bien au niveau de l’individu qu’au niveau de tout un peuple. Et c’est pour cela que je pense que la situation de la Kabylie est fondamentalement similaire à celle des catholiques de l’Irlande du nord. Il n’y a que la violence qui pourrait peut être régler le conflit entre les Kabyles et le reste de la nation algérienne. La voie pacifique que tu préconises ne peut que perpétrer la condition de citoyens de second degré aux Kabyles qui ont pourtant sacrifié plus que quiconque pour l’indépendance de l’Algérie. Je suis trop vieux pour participer à la révolte actuelle des Kabyles, mais si j’avais encore 20 ans, je t’assure que je serais bien plus virulent que les recommandations des dirigeants actuels du mouvement berbériste kabyle actuel. Il n’y a aucun dialogue possible entre les Kabyles et les dirigeants politiques du pays aujourd’hui. De plus il ne faut jamais oublier que les populations arabisées de l’Algérie sont toujours déterminées à maintenir les Kabyles en particulier dans un état de population ennemie et colonisée par la force des armes.

Claude: Ceux qui dirigent des campagnes de non-violence sacrifient leur vie et souffrent énormément. Ce n’est pas facile d’être chef. King et Gandhi ont été assassinés. Voilà la récompense des braves. Une mort violente pour une vie de non-violence. Il me semble que ceux qui veulent récupérer la liberté pour leur peuple, souffrent autant, qu’ils soient violents ou non. Pour les Kabyles, ce n’est pas la justification pour une telle lutte qui doit être démontrée car c’est un cas clair et précis. Et je te comprends d’être si virulent car toute injustice te brûle et celle envers les Kabyles plus que toutes les autres. Mais quelle est la voie à suivre? L’efficacité de la lutte est ce qui compte. Comment gagner votre point, faire valoir vos demandes, atteindre vos objectifs? Comment le faire tout en ayant le plus petit nombre possible de morts d’innocents, des deux côtés? Voilà les vraies questions sur lesquelles il faut établir une stratégie gagnante. Et, comme tu dis plus loin dans ton message «les Kabyles seront obligés de lutter tout seuls contre un régime bien financé par les recettes pétrolières d’un côté et le support de la majorité de la population en Algérie» auxquelles forces j’ajoute l’armée que je crois que tu as oubliée. Il faut donc doublement y réfléchir avant d’engager la vie de ses compatriotes. Ce n’est pas, dans les circonstances actuelles, une bataille gagnable avec la violence car avec les armes dont disposent les armées d’aujourd’hui, et celle de l’Algérie en particulier, elle sera trop inégale. Cela me semble évident. Par contre, les Kabyles ne peuvent pas dire qu’ils ne se battront pas pour obtenir leurs droits. Voilà le dilemme. Alors, pourquoi pas une lutte non-violente? Une lutte qui, bien pensée, planifiée et réalisée, avec des demandes précises et justifiées, pourrait générer une sympathie mondiale pour la cause Kabyle, une meilleure compréhension de la part du peuple algérien arabe envers les Kabyles, une pression grandissante sur le gouvernement algérien pour trouver une solution et agir, une attention particulière des Nations-Unies sur la situation des Kabyles, etc…L’arme des Kabyles devrait donc être la communication. Ah! ils souffriront car avant de reconnaître quoi que ce soit, l’adversaire abusera de son pouvoir dans l’espoir d’arrêter les obstructions, les manifestations, les grèves et tout autre activité contestataire. L’armée emprisonnera, tuera, écrasera, et ces faits seront répandus dans le monde. Si les Kabyles résistent en silence, calmement et sereinement, et continuent sans broncher leurs protestations et leurs revendications, ils verront petit à petit tout changer et leur cause parvenir à la une des journaux du monde. Ce sera alors le début de la victoire. Ce sera difficile, mais c’est possible.

Mansour: Comme tu vois je commence à réagir avec passion, mais je crois sincèrement que je reflète l’opinion de la majorité des Kabyles. Je m’étais promis d’être aussi objectif que possible au début de ce message, mais la question Kabyle me colle à la peau comme l’indépendance de l’Algérie me collait a la peau durant ma jeunesse. Je n’y peux rien. Je pense tout de même que je te décris la situation des Kabyles d’une manière assez objective. Je ne suis certainement pas très fier de cette situation, alors que j’ai passé toute ma vie à défendre l’intégrité d’une nation algérienne, mais la situation de la Kabylie a atteint un point de non retour je pense. J’espère encore que les dirigeants politiques du pays auront l’intelligence de reconnaître la gravité de ce conflit, mais j’en doute. En conclusion je pense que nous allons droit vers une guerre civile où personne ne sortira vainqueur en fin de compte. Je ne vois pas du tout la fin de ce conflit. Il y a beaucoup de Kabyles qui pensent que le monde civilisé, et en particulier l’Europe, sera sensible à sa lutte,j’en doute personnellement. Le pétrole Algérien décidera en fin de compte la réaction de ce monde soit disant civilisé et cela voudra dire que les Kabyles seront obligés de lutter seuls contre un régime bien financé par les recettes pétrolières d’un côté et le support de la majorité de la population en Algérie.

Claude: J’admire ta passion, ton amour, et je suis certain que tu reflètes bien l’opinion des Kabyles. Il y a longtemps que vos revendications sont connues. J’espère que Bouteflika et son cabinet reconnaîtront vos demandes et trouveront une solution. Comme toi, il me semble cependant que cela est peu probable. Il faut avant tout faire l’impossible pour que le gouvernement bouge. Ne pas prendre un non ou une inaction pour réponse et continuer avec vos gros canons, vos leaders nationaux à pressuriser le président et ses amis, tout en préparant une stratégie au cas de refus officiel.

Mansour: Un mot de plus concernant la non-violence que tu proposes pour régler tous les mots de l’humanité. Hier même la Maison Blanche américaine avec le président Bush a eu le culot de célébrer l’assassinat de Martin Luther King et de le hisser au podium des grands hommes d’état de cette nation. J’ai vécu personnellement la période critique de lutte des noirs américains pour avoir les mêmes droits que les blancs dans ce pays, dans les années 60. Ce que l’histoire officielle de cette nation oublie de nous rappeler c’est que sans l’émergence d’un mouvement radical noir n’hésitant pas à brandir la menace de la violence pour acquérir les droits de citoyen à part entière à tous les noirs, le mouvement de Martin Luther n’aurait été qu’un météor dans le ciel américain. Il a fallu avoir le sacrifice des « black panthers » pour finalement convaincre les populations blanches qu’il fallait plutôt dialoguer avec Martin Luther qu’avec Malcolm X.

Claude : Martin Luther King un méteor! Avec des millions de noirs à sa suite, c’était au moins une comète….tu me fais rire. Je ne crois pas que le mouvement radical noir était suffisamment fort et secret pour avoir eu l’impact sur la population, que tu lui accordes. Ses chefs étaient connus et pourchassés par le FBI et plusieurs furent arrêtés et jugés. Malcom X, malgré ses talents de grand tribun, a été assassiné et on ne sait pas encore par qui, on dit toujours que c’est peut être un compétiteur noir. Non, j’aime mieux croire ce que j’ai vu, entendu et compris à ce moment-là, soit que la longue marche non-violente des noirs les a conduit vers la reconnaissance de leurs droits.

Salut et à bientôt.