Machado, Juarez
Le peintre brésilien Juarez Machado est né en 1946 à Joinville, au sud du Brésil dans une contrée qui avait été donnée en dot au Prince de Joinville lors de son mariage, ce qui fait que, dès sa naissance il a ressenti qu'il avait des liens tissés avec la France. Son père est Portugais, représentant de commerce et sa mère Allemande.
Il commence ses études artistiques à l'école des Beaux Arts du Paraná à Curitiba, petite ville brésilienne qui est "un petit coin tranquille où la vie est douce et facile" dit une chanson des années 50.
En 1966, il s'installe à Rio de Janeiro et trouve du boulot pour avoir un peu d'argent. Il commence à travailler pour la télé qui démarre à Rio, ainsi que pour le théâtre. Il fait des décors, des costumes des dessins d'architecture, des caricatures pour les journaux (même politiques). Il est aussi acteur et mime pendant assez longtemps. Il collabore avec des psychologues qui s'occupent des enfants défavorisés des favellas et réalise un livre tout en images (sans texte) que les enfants interprètent à leur manière pour être décryptée par les psychologues. En plus de la peinture, il touche également à l'illustration, la scénographie, la sculpture, le dessin, la gravure et connaît le succès. Durant vingt ans, il reçoit de nombreuses récompenses dans les galeries du Brésil et d'autres prix internationaux.
Sa palette est excentrique comme est devenu son personnage. À l’instar de ses décors, elle est riche, somptueuse et sa composition est rigoureuse. Homme de théâtre, le tango dans la tête, il anime sa peinture comme une scène, non sans un narcissisme teinté d’ironie. Il est un immense artiste, excessif, séducteur, scandaleux mais surtout profond ! Il expose ses œuvres en Europe et aux Etats-Unis.
Machado s'installe à Paris en 1986 symboliquement à Montmarte où il acquiert un atelier-appartement de six étages. L’édifice est l’œuvre de l’architecte Besnard en 1896. Tous les commerçants du quartier autour de la rue Lepic dans le XVIIIe arrondissement de Paris (à quelques mètres de la demeure de Théo et Vincent Van Gogh) en commençant par la boulangère, connaissent le jovial, excentrique et théâtral peintre brésilien Juarez Machado qui réside derrière de remarquables baies vitrées que les curieux ne cessent d’observer.
Une fois ouverte la porte étroite qui mène chez Machado, vous êtes loin de vous douter que vous pénétrez dans l’un des plus vastes ateliers d’habitation d’artistes montmartrois.
À voir ses tableaux, il est difficile de ne pas être transporté dans les années folles de ce Paris tant agité par les fêtes des libertins. La palette est plutôt chaude, les attitudes sont parfois provocantes, les tenues d’une élégante sensualité. Dos nus, jeux de jambes ou décolletés donnent une place de choix à la féminité. L’artiste semble hanté par le passé festif de la butte.
Il explique en 2013 : « Pour moi, c’était un symbole, un rêve de peintre. Avec ma barbiche et la manière de me vêtir, je pense être habité par un peintre du siècle passé. J’aime les redingotes, les gilets, les plastrons et les guêtres. C'est la culture de l’objet qui me vient de mon père. J’aime cette image qui est proche de la caricature du peintre. A 67 ans, je joue encore au peintre. J’ai un profond respect, un culte pour cette profession ».
Au Brésil, Machado est aussi connu pour ses mimes filmés et ses caricatures dans les magazines.