les Bouches du Rhône


Les Bouches du Rhône est le pays de la tauromachie, des chevaux de Camargue, des braves taureaux mais aussi de l’histoire des Romains d’Arles à Saintes-Maries-de-la-mer.

Le département a été créé à la Révolution française, le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir d’une partie de la province de Provence, ainsi que de quelques principautés (Orange, Martigues, Lambesc).Plus étendu qu’aujourd’hui, il perdit toute la partie de son territoire située au nord de la Durance au moment de la création du département du Vaucluse, comprenant notamment Orange et Apt.

Avec ses zones montagneuses, les Alpilles au Nord, la Sainte Baume et la Sainte Victoire à l’Est, alternant avec des plaines et des zones sauvages dont la Camargue, ses zones fortement urbanisées comme Marseille, ses espaces boisés et un littoral contrasté de calanques, plages et ports, les Bouches du Rhône offrent une large palette de paysages et de cultures provençaux.

Depuis les paysages de Cézanne, les Santons d’Aix et d’Aubagne, les ferias d’Arles, les gitans des Saintes Maries de la Mer, ou encore la fameuse partie de carte de Raimu sur la Cannebière jusqu’aux couleurs du couturier Christian Lacroix, c’est une Provence riche en caractère qui séduit de toutes ses facettes.

. La porte de la Méditerranée

Marseille est une entité à part entière dans la Provence. Deuxième ville et 1er Port de France, elle demeure aujourd’hui une capitale du Sud, généreuse et cosmopolite, avec Aix en Provence à ses côtés si différente et complémentaire. Villes de contrastes avec leurs accents uniques, leurs vieux quartiers et leurs folklores populaires, elles jouent un rôle économique majeur dans les Bouches du Rhône. Villes de science, de technologie et de culture, l’ensemble rayonne sur la région avec Aix comme pôle culturel.

. Les calanques sauvages

De Marseille à Cassis sur près de 20 km de long et 4 km de large, les calanques forment un site classé unique en Europe de 4.000 ha. Canyons encaissés, pics de dentelle, roches blanches battues par les vagues écumantes, les falaises dont les plus hautes dominent la mer de 400 mètres se visitent soit part la mer, soit par les 160 km de sentiers balisés.

. La Camargue

A l’extrême gauche du département, au dessous d’Arles, c’est le lieu de rencontre du Rhône et de la Méditerranée. La Camargue s’étend au milieu d’un parc naturel de 85.000 ha qui abrite flamants roses, hérons et cormorans. Cette vaste plaine de marais, d’étangs et de rizières est protégée des agressions du monde moderne. Sauvage, elle demeure unique  avec ses gitans, ses élevages de taureaux et leurs gardians montés sur leurs chevaux blancs.

. Les Alpilles

Autre paysage pittoresque de la Provence, au nord du département et à gauche du Luberon, les Alpilles s’élèvent et donnent de loin l’illusion de véritables montagnes. Entre Arles et Lamanou, avec Saint Rémy au milieu, les Alpilles s’étirent sur 25 km, ceinturées de vignes, d’oliviers et d’amandiers. Crêtes de calcaire, reliefs accidentés, villages perchés et vallées broussailleuses, royaume des cigales sillonné par les chemins de bergers, les Alpilles offrent un paysage de pure nature dominant plein sud les riches vallées de Provence.

. Les communes

Les communes, villages et villes des Bouches du Rhône sont différents et offrent chacun leur intérêt particulier, leur beauté respective, la qualité de vie de leurs habitants et les produits de leur terroir. Parmi ceux qu’il faut visiter, on trouve: Aix en ProvenceArlesAubagneles Baux de ProvenceBoulbonCarry le RouetCassisla CiotatEyguieresFontvieilleMarseilleMaillaneMourièsParadouSaint Etienne du Gresles Saintes Marie de la MerSaint Martin de CrauSaint Rémy de ProvenceSalon de ProvenceTarascon et plusieurs autres.

Cliquer sur le lien suivant pour le photoreportage sur le MuCEM de Marseille (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée)

En cliquant sur les noms des communes, villages ou villes mentionnés précédemment, on trouve tous les renseignements en rapport avec les directions, les descriptions, les distances, les choses à visiter et à voir, les loisirs, l’artisanat, les produits, les animations, les fêtes, l’hébergement et les villages voisins.

. La carreto ramado

Lorsque les beaux jours reviennent, dans un coin de Provence délimité par la Durance et les Alpilles dans les Bouches-du-Rhône, un nombre de plus en plus important de mainteneurs des traditions provençales parcourent les rues et ruelles des villages à la tête de leurs magnifiques chevaux de trait richement harnachés à la mode sarrasine ou en collier cuivré.

À un moment donné, l’apparition de tracteurs agricoles paraissait avoir asséné le coup de grâce à ces démonstrations, qui rappellent les souvenirs et l’expression du passé, puisque la coutume s’était peu à peu perdue. Mais la Provence, terre de maintenance, a réagi depuis. Lors des fêtes votives, la longue file des chevaux parcourt toujours les rues et les mots du poète sont d’actualité. Les Provençaux demeurent profondément attachés à ces fêtes religieuses léguées par leurs anciens.

La charette

La tradition des carreto ramado dédiées soit à Saint-Eloi, Saint-Roch ou Saint-Jean honore non seulement le cheval de trait mais aussi une charrette ramée qui rend hommage aux récoltes agricoles de chaque commune du terroir.

La charrette maillanaise (du village de Maillane où vivait Frédéric Mistral) courait déjà il y a un siècle et demi. Mistral en parle dans son ouvrage « Mémoires et récits » lorsqu’il réfère à la Carreto Maianenco. Celle-ci était constituée de branches d’ormeaux. La raison en était simple puisque cette essence ne produit rien et peut donc être coupée. Le terroir provençal en était plein, il y a de cela un siècle. Aujourd’hui, les choses ont bien changé et il devient difficile de trouver de belles branches d’ormeau sur le territoire suite à une maladie et des parasites en ont eu lentement raison.

Tout comme pour la préparation d’un char de carnaval, celle de la carreto ramado ne s’improvise pas la veille de sa sortie. On désigne pour l’année des responsables : des bailes.

Des mois à l’avance, on discute. On retient les plus beaux colliers, les plus belles parures pour harnacher « à la mode sarrasine » les bêtes de l’attelage. La veille, on pare la charrette de feuillage ainsi que les brancards, les roues, les ridelles… On fleurit les colliers, on cire le cuir, on fourbit les grelots…

Les grands colliers des chevaux sont chamarrés de petits miroirs et de pompons ainsi que de peaux de moutons teintés. La richesse de la charrette se mesure au nombre de chevaux et il n’est pas rare d’en avoir une quarantaine. En 2010, on en a vu 205, le record, sur une longueur de 800 mètres à Chateaurenard.

Ces chevaux sont entretenus que pour participer à ces fêtes.

Saint Éloi, Saint Roch, Saint Jean, La Madeleine

La Saint Eloi, la Saint Roch ou la Saint Jean (les villages n’ont pas tous le même saint Patron) est une fête villageoise qui consiste, entre autres, en un exercice d’habileté de la part des charretiers et une fière présentation des animaux de labour. La Madeline est fêtée comme deuxième fête à Chateaurenard.

Si l’on se réfère à Frédéric Mistral, la sortie de la carreto ramado est tout d’abord associée à la Fête de Saint Eloi et la première appellation fut sans doute la carreto de Sant Aloi.

Saint Éloi est un personnage canonisé et surtout connu comme le ministre des finances du roi Dagobert. Il était originaire du Limousin. Patron céleste des orfèvres mais aussi de tous les travailleurs sur métaux, il est devenu, avec le temps, le saint Patron de nombreuses corporations : les orfèvres, batteurs d’or, doreurs sur cuivre, sonnetiers – les taillandiers et serruriers – les forgerons et les maréchaux-ferrants, les lormiers ou fabricants d’éperons, les selliers – les maquignons (à cause du cheval dont il avait recollé miraculeusement le pied après l’avoir ferré), les maréchaux-ferrants, les charretiers et muletiers – les fermiers, laboureurs et valets de ferme.

Il est souvent représenté avec des tenailles et un marteau surmontés d’une couronne, d’une enclume et d’un fer à cheval.

Saint Roch était confesseur à Montpellier, et est honoré le 16 août. Il est le patron des pèlerins et de nombreuses confréries ou corporations de de chirurgiens, d’apothicaires, de paveurs de rues, de fourreurs, de pelletiers, de fripiers, de cardeurs, et aussi de protecteur d’animaux. Son culte, très populaire, s’est répandu dans le monde entier.

Le plus populaire des saints est St Éloi. Sa fête se célébrait deux fois par an : la St Éloi d’hiver le 1er décembre, et la St Éloi d’été le 21 Juin (pour la translation de ses reliques).

La fête

Très curieusement, les laboureurs de la Grèce antique célébraient, bien avant notre ère, une fête qui portait le nom d’Aloa… Le rapprochement phonétique est à faire.

Un autre indice permet de penser que l’origine de cette coutume n’a rien de religieux : jadis, en Provence, « faire Sant Aloi » (faire Saint Eloi ou Aloa ?) signifiait faire du tapage, s’enivrer et même… battre sa femme !

D’ailleurs, le fait n’est pas exclusivement provençal et la carreto de Narbouno parcourait les rues des villages en fête, dans le sud de l’Aude, au siècle dernier. Il s’agissait là d’une charrette décorée et tirée par cinquante mulets.

En Provence, la fête est caractérisée par le défilé d’une charrette garnie de verdure, tirée par plusieurs dizaines de chevaux de labour richement harnachés et attelés en flèche, c’est à dire à la queue leu leu. Il semble que ces charrettes apparaissent autour de 1750 quand les mulets puis les chevaux de labour ont remplacé les bœufs dans l’agriculture de la région. La fête religieuse est marquée à l’origine par la bénédiction de chevaux.

Rénovée à partir de 1970 par la Fédération Alpilles-Durance regroupant les sociétés de Saint Éloi, de Saint Roch ou de Saint Jean, cette dernière défend une idée précise de la tradition, associant à la fête religieuse la promotion des costumes provençaux et arlésiens et des danses régionales. Le succès populaire est indéniable et croît chaque année.

Deux prieurs, nommés pour l’année, président les cérémonies. Au caractère de célébration de la nature nourricière de cette fête s’ajouta, peu à peu, une tendance corporatiste, avec les confréries de charretiers. La course de la carreto ramado devint donc une véritable démonstration de savoir-faire. On prenait des risques en faisant courir très vite les chevaux et en négociant des virages acrobatiques.

Mais l’occasion était trop belle aussi, pour les propriétaires des bêtes de trait, pour ne pas montrer leur richesse. Les harnachements rivalisaient de beauté et c’était un grand honneur que de pouvoir atteler un cheval parmi les 25 ou 30 qui tiraient la fameuse charrette. Un dicton reste encore en Provence, lorsque l’on veut parler des riches atours d’une femme ou d’une personne vêtue avec ostentation : « semblo un davans de Saint Aloi » (elle ressemble au cheval de devant de la charrette de Saint Eloi). Suite à la célébration de la messe, la carreto romano parcoure les rues en fête. Les joueurs de tambourin et de galoubet prennent place au milieu de la verdure et des fleurs pour rythmer son avancée…..

Ai vist la carreto ramado: J’ai vu la charrette ramée :.
Faire en vilo sa passéjado : Faire en ville son parcours
E cinquanto miols pla parats : Et cinquante mulets joliment parés
Montas pèr cinquanto goujats : Montés par cinquante garçons
Atala à la carretto : Attelés à une charrette.

Le déroulement de la fête

On retrouve cette fête dans une quinzaine de localités au nord des Alpilles, telles Rognonas, St Étienne de Grès, Boulbon, St-Rémy de Provence, Maussane, Barbentane, Eyragues, Mollège, Chateaurenard…

Le dimanche matin, charretiers et villageois sont invités par la confrérie de Saint Éloi au mas d’un des prieurs pour déjeuner de grillades et charcuterie dans une ambiance « bon enfant » pendant qu’on finit de décorer la charrette avec des épis de blé, des genêts et des branches de tamaris.

Une messe est dite pour les défunts de la société suivie d’une aubade aux autorités et d’une distribution de tortillardes (petites couronnes à l’anis) aux enfants des écoles et aux commerçants. Après la messe et le sermon en provençal, le prêtre bénit les attelages, les chevaux, les fanions, les tortillardes, la bannière.

S’ensuit la procession du saint protecteur et le défilé commence rythmé par les galoubets et les tambourins. Chaque charretier portant pantalon bleu, chemise blanche et taïole jaune ou bleu pâle prend en main d’honneur une dame habillée en merveilleux costume de Mireille ou d’Arlésienne. Elles rivalisent d’élégance sous leur ombrelle de dentelles. L’avenir de la Provence est représenté par les jeunes enfants costumés en Mireille et Vincent qui se serrent dans une jardinière tirée par un cheval débonnaire. Les groupes traditionnels jouent leur musique du passé. Les jeunes garçons font claquer leur fouet. L’écho retentit de la belle langue mistralienne.

La foule est de plus en plus nombreuse et applaudit à chaque passage (jusqu’à six) de la magnifique procession.

Longo mai pèr nosto federacioun et vivo la tradicioun (langue provençale)

Et puis, c’est l’arrivée de la charrette attelée en flèche d’une quinzaine de chevaux et plus. La foule se presse dans les tournants pour voir l’attelage au galop négocier ce fameux virage, les charretiers pendus au tire-mors de leur bête, sous le roulement des tambours qui accélèrent la course. Le jeu est violent et les cœurs battent plus fort. Dans un impressionnant dérapage, la charrette passe, menée de main de maître par le baïle.

Enfin, le repas réunit la majorité des participants sous l’ombrage de la maison de nos anciens. L’après-midi est consacré à des concours de boules, des danses folkloriques.

A l’issue de la fête un verre de vin chaud est offert au public avec quelques morceaux de fougasse cuite dans au four. En plus, on retrouve souvent au centre ville une foire artisanale et de produits du terroir avec animation par des groupes folkloriques.

Tout se termine à la nuit par un feu immense comme à la Saint-Jean.