L’histoire
Des origines à 1804
Christophe Colomb débarque dans l’île le 5 décembre 1492 et la nomme Hispaniola alors que les indigènes taino la nommaient de trois façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio.
L’arrivée des Espagnols dans le sillage de Colomb a eu des conséquences démographiques dramatiques sur les populations autochtones. Ils sont venus pour exploiter l’or et les autres ressources. Les autochtones refusant de travailler dans les mines sont massacrés et réduits à l’esclavage. Ce ne sont pas seulement ces massacres ni les violences perpétrées par les conquistadores sur ces populations souvent sans défense face aux armées européennes, ni la désorganisation soudaine et traumatique de leur mode de vie et de leurs structures sociales, voire les pillages de leurs ressources qui ont fait le plus de dégâts, mais le choc microbien. Les populations amérindiennes n’avaient aucune défense immunitaire faces aux maladies européennes. Les maladies infectieuses arrivées avec les Européens font des ravages et la population indigène est exterminée en quelques décennies.
À l’arrivée de Colomb en 1492, la population taino en Haïti est estimée à 1 000 000 d’individus. En 1518, l’épidémie de variole tue environ le tiers de la population indigène. En 1568, il ne reste que 13 tainos vivants.
La traite négrière
Les Espagnols font alors venir d’Afrique des esclaves noirs déportés. La traite négrière consiste en la déportation dans les colonies d’Amérique de prisonniers de guerre ou de captifs africains vendus par d’autres tribus africaines. De nombreuses familles françaises s’enrichissent grâce au commerce transatlantique. Leurs navires font un commerce triangulaire sur le circuit Europe-Afrique-Antilles qui durent 18 mois. Ils partent pour l’Afrique chargés de marchandises qu’ils échangent pour des captifs noirs qui sont emmenés aux îles. Là, ils embarquent des denrées tropicales pour les rapporter en Europe.
Durant la traversée Afrique-Antilles, l’entrepont des bâteaux est aménagé spécialement pour recevoir le maximum d’esclaves. C’est le moment le plus dramatique de la traite. Entassés dans un espace confiné pendant un à trois mois, les captifs vivent dans des conditions terribles, et beaucoup ne survivent pas. Marqués au fer rouge avant d’embarquer, les hommes sont confinés dans l’entrepont, enchaînés durant la nuit et une bonne partie de la journée. Ils sont amenés quelques heures par jour sur le pont, libérés, aspergés d’eau et forcés de danser au rythme du fouet pour dégourdir leurs membres. Les femmes et les enfants sont dans le parc des esclaves et ont davantage de possibilité de circuler.
Ce sont les ancêtres du peuple haïtien.
Les boucaniers français
La partie ouest d’Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les colons espagnols qui la laissent vide. Des boucaniers français s’y installent. Le premier gouverneur, Bertrand d’Ogeron, nommé en 1665 sait se faire accepter des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de français qui s’engagent à travailler « 36 mois » avant de devenir propriétaires de terres. Il favorise la plantation de tabac. Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers. Des colons de Martinique et de Guadeloupe sont attirés.
Mais en 1670-1690, c’est la crise du tabac. La flibuste grossit, les pillages se multiplient. Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l’ordre. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676 et encourage la création de plantations d’indigo et de canne à sucre. Le premier moulin à sucre est créé en 1685. L’économie reprend.
Colbert réglemente l’esclavage en préparant le « Code noir ». Ce dernier stipule que: les esclaves ne peuvent rien avoir qui ne soit à leur maître; ne peuvent être partie, ni être jugement ni en matière civile, tant en demandant qu’en défendant, ni être parties civiles en matière criminelle; ils sont des meubles, et comme tels entrer en la communauté, n’avoir point de suite par hypothèque et se partager également entre les héritiers; les enfants de mariage entre esclaves sont des esclaves; l’esclave qui aura frappé son maître ou sa maîtresse avec effusion de sang ou au visage sera puni de mort….. ».
Les espagnols renoncent
À la suite de l’accession au trône d’Espagne d’un petit-fils de Louis XIV, les Espagnols renoncent à contester la souveraineté de la France sur le tiers occidental de l’île. De 1713 à 1787, 30 000 Français affluent et développent les plantations.
Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers jusqu’aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane.
Vers 1790, Saint-Domingue est redevenue la colonie française la plus riche de toute l’Amérique grâce aux profits immenses de l’industrie sucrière et de celle de l’indigo générés par le travail de 400000 esclaves qui sont dix fois plus nombreux que les français.
La révolution d’indépendance
La Révolution française entraîne l’abolition de l’esclavage.
Toussaint Louverture est nommé gouverneur général à vie de Saint-Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chassé les Espagnols et les Anglais qui menaçaient la colonie. Il rétablit la prospérité par des mesures audacieuses et promulgue une constitution autonomiste. Napoléon Bonaparte réagit et envoie une expédition de 30 000 hommes pour mission de démettre Louverture et rétablir l’esclavage.
Après quelques victoires et la déportation de Louverture, arrêté le 7 juin 1802, les troupes françaises sont décimées par la fièvre jaune. Commandées par Rochambeau, elles sont battues à la bataille de Vertières, faubourg de Cap-Haïtien, par Jean-Jacques Dessalines, qui a rejoint l’insurrection (avec l’aide des Anglais qui, voulant se venger de l’aide française aux insurgés américains, combattent les soldats français et soutiennent les combats des esclaves).
Au terme d’une double bataille, la Déclaration d’indépendance du pays est proclamée le 1er janvier 1804. Le nom d’Haïti est donné au pays qui devient le premier pays au monde issu d’une révolte d’esclaves.
De 1804 à 1990
Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes mais est assassiné à son tour, le 17 octobre 1806, par des mulâtres. Le pays se divise alors en deux, un royaume au nord commandé par le noir Henri Christophe et une république au sud avec le mulâtre Alexandre Pétion.
En 1822, son successeur, le président mulâtre Jean Pierre Boyer, réunifie les deux parties Nord et Sud et conquiert la partie est de l’île, colonie espagnole, malgré les négociations précédentes pour la reconnaissance d’Haïti. Finalement, le 11 juillet 1825, le roi de France Charles X promulgue une ordonnance reconnaissant l’indépendance du pays et une indemnité de 90 millions de francs-or est payée aux espagnols.
Mais le pouvoir ne cesse d’être contesté par des factions de l’armée, les élites mulâtresses et noires et la classe marchande, désormais composée majoritairement d’étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais) alors que le pays s’appauvrit.
Au début du XXe siècle, le pays est en état d’insurrection quasi-permanente. Les États-Unis occupent l’île de 1915 à 1934, assainissent les finances publiques, créent une armée enfin digne de ce nom, construisent des écoles, des routes, etc. Après leur départ, l’instabilité politique (entre militaires mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s’achève qu’à partir de 1957 avec l’élection de Duvalier, dont le régime sera en place jusqu’en 1986.
Quelques villes et communes
Cap-Haïtien est une ville portuaire située au nord. La ville se trouve sur la côte ouest à l’embouchure de la rivière Mapou et est dominée par la montagne du Morne Jean qui culmine à 718 mètres d’altitude. Dans les faubourgs de la ville de Cap-Haïtien se trouve la ville de Vertières où se déroula la bataille de Vertières en 1803. C’est à l’est de la ville, que Christophe Colomb fait construire un fortin baptisé La Navidad avec les débris de la Santa Maria, naufragée dans la nuit de Noël de l’année 1492. Il laisse sur place 39 de ses hommes qui, avant le retour de Colomb, sont tous tués par les indigènes excédés par leurs exactions. Les cinq plages balnéaires de Labadie, près de Cap-Haïtien, sont ouvertes sur l’Atlantique et sont parmi les plus belles des Caraïbes.
À la commune de Milot, à 12 km de Cap Haïtien, on trouve le palais de Sans-Souci. C’était la résidence royale mais aussi le siège du gouvernement avec des casernes et même un hôpital. La citadelle de La Ferrière aussi à Milot, est un ouvrage militaire construit après l’indépendance pour défendre la partie nord de l’île d’Haïti contre un éventuel retour des Français. C’est la plus grande forteresse des Caraïbes, à 900 mètres d’altitude. Ces deux oeuvres furent réalisées au début du XIXe siècle par Henri Christophe, autoproclamé roi. Elles furent détruites en parties par le tremblement de terre de 1842 et jamais reconstruites.
Fondée en 1698 par la Compagnie de Saint-Domingue, Jacmel a prospéré grâce au commerce maritime. En 1804, à l’heure de la Révolution haïtienne, Jacmel est un port méridional stratégique. Elle est contestée en 1799 par les généraux Toussaint Louverture et André Rigaud. C’est le lieutenant de Rigaud, le futur président Alexandre Pétion, qui s’occupe de la défense de Jacmel. Les forces de Toussaint assiègent la ville en novembre 1799 ; sa chute en mars 1800 garantit le triomphe de Toussaint, Pétion et Rigaud s’exilent en France. Le 12 janvier 2010, Jacmel fut sérieusement endommagée par le tremblement de terre meurtrier. La ville fut détruite à 60-80 %. Ses plages aux eaux turquoises sont remarquables et la chute de Bassin Bleu vaut le détour sans oublier les Cascades De Pichon. Par ailleurs, l’hospitalité des Jacméliens est renommée dans tout Haïti.
Pas de commentaire