Papa Doc
Partisan de la lutte contre les mulâtres, le médecin François Duvalier, alias « Papa Doc » est porté au pouvoir avec 68% des votes. Dix mois plus tard, il affronte une tentative de coup d’État. Il réagit en instaurant l’état de siège et en exigeant du Parlement l’autorisation de gouverner par décrets. Il écarte de l’armée les officiers qui ne lui sont pas fidèles, interdit les partis d’opposition et mène une politique de répression. Il organise la milice des «Volontaires de la Sécurité Nationale», plus connue sous le nom de ses membres, les Tontons macoutes. Ce groupe paramilitaire de 5 000 à 10 000 individus ne touche aucun salaire. En quelques années, Duvalier devra faire face à une dizaine d’attentats, de tentatives de renversement et d’invasions.
Pour échapper à toute incertitude électorale, Duvalier se proclame président à vie en juin 1964, après un nouveau référendum qui l’approuve à 99,99 %. L’exil des cadres politiques, administratifs et techniques, le détournement des ressources de l’économie haïtienne mène le pays à la faillite, le PIB chutant de 40 % entre 1960 et 1970.
Il ranime les traditions du vaudou, les utilisant pour consolider son pouvoir. En 1970, atteint par la maladie, il fait modifier la Constitution afin de pouvoir désigner comme successeur son fils, Jean-Claude Duvalier. Cette modification constitutionnelle est validée par le référendum de 1971.
Baby Doc
En 1971, son fils âgé de 20 ans, Jean-Claude, surnommé «baby doc», devient président suite à la mort de son père. Durant sa prise de pouvoir, il délègue beaucoup d’autorité à ses conseillers. Il maintient un train de vie fastueux (incluant un mariage ayant coûté 3 millions de dollars en 1980) et gagne, supposément, des millions de dollars en s’impliquant dans les trafics de drogue et d’organes sur des haïtiens morts alors que le pays est l’un des plus pauvres des Amériques. Il quitte subitement le pays et s’exile en France, en 1986.
Jean-Bertrand Aristide
Le prêtre haïtien Jean-Bertrand Aristide a étudié au Collège Notre Dame et à l’Université de Montréal. Il a été vicaire d’une paroisse à Montréal avant de renoncer à son sacerdoce et de rentrer en Haïti. En raison de sa personnalité charismatique, Aristide est choisi comme candidat pour l’élection présidentielle de 1990 par le Front national pour le changement et la démocratie.
Le 16 décembre 1990, il remporte l’élection présidentielle, dont la régularité est contrôlée par des observateurs de l’OEA, avec 67,48 % des voix, contre le candidat de centre-droit Marc Bazin qui avait les faveurs des États-Unis. Il est investi le 7 février 1991. Une conférence internationale réunie en juillet de cette même année promet à Haïti un financement de 400 millions de dollars.
Aristide est victime d’un coup d’État le 30 septembre 1991. Il est contraint à l’exil aux USA tandis que le commandant en chef de l’Armée, le lieutenant général Raoul Cédras, soutenu par l’oligarchie marchande, prend le pouvoir. Pendant trois ans, les milices de la junte intimident la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient constitué la base de la résistance aux Duvalier et l’appui à l’élection d’Aristide.
Sous pression internationale, Aristide et Cédras négocient puis signent, en juillet 1993, un accord prévoyant une transition politique et le retour d’Aristide en octobre. Mais ce sera un échec, car le 13 octobre, le gouvernement américain fait faire demi-tour au navire USS Harlan County, transportant 200 militaires américains et canadiens, auquel une foule en colère s’oppose au débarquement à Port-au-Prince. Le 16 octobre 1993, le Conseil de Sécurité de l’ONU décrète un blocus naval d’Haïti. Le 31 juillet 1994, le conseil de sécurité autorise une force multinationale à intervenir militairement en Haïti.
Opération Uphold Democracy débarque à Haïti à partir du 19 septembre. À part un combat qui fait 10 morts haïtiens à Cap-Haitien, le déploiement se fait sans résistance. Aristide rentre au pays le 15 octobre 1994.
En 1994, Aristide est rétabli au pouvoir par l’administration de Bill Clinton à la condition de se plier à un programme néolibéral: soutien à l’industrie et l’agriculture, autosuffisance alimentaire par une réforme agraire, lutte contre la contrebande dans les ports, réorganisation de l’administration et augmentation du salaire minimum. Son retour est marqué par le démantèlement de l’armée qui est corrompue, prévaricatrice et vecteur d’instabilité politique.
En octobre 1995, sensible aux manifestations étudiantes, Aristide désavoue le premier ministre Smarck Michel sur sa politique de privatisation. Michel démissionne. Les institutions internationales ne sont pas d’accord et refusent à Haïti les prêts prévus.
Fin novembre, alors que la campagne des élections présidentielles approche, Aristide, sous pression américaine, annonce son soutien à la candidature de René Préval.
René Préval
L’agronome René Préval, ex premier ministre d’Aristide, a vécu 5 ans à Brooklyn, New York, et a étudié la gestion et l’agronomie en Belgique, à Gembloux puis à l’université de Louvain et la biologie à l’université de Pise en Italie. Il applique immédiatement le plan américain, ce qui provoque un véritable tollé dans l’île.
Le 7 février 2001, Aristide revient au pouvoir dans une élection où seul 5% des électeurs ont voté. Il y restera jusqu’au 29 février 2004. C’est le règne des chimères qui reprend. En 2003, une rébellion débute à la suite de l’assassinat près de Gonaïves d’un chef rebelle. Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale, plus particulièrement par la France et les États-Unis, Aristide est obligé, suite à une révolte populaire le 29 février 2004, de quitter le pays avec un commando des forces spéciales des États-Unis. Aristide compare son départ à un enlèvement.
Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.
En février 2006, René Préval gagne l’élection et revient au pouvoir grâce à l’appui de manifestations populaires, des USA et du Brésil. Il est l’allié de ces pays, mais, pour eux, sa personnalité pose mystère malgré qu’il se soit engagé pour la construction d’institutions démocratiques, la promotion de la stabilité politique et le développement de l’économie.
Préval demeure l’homme indispensable d’Haïti. Têtu et soupçonneux, le président haïtien reste sceptique sur les engagements de la communauté internationale. Il est essentiellement un nationaliste qui se méfie à l’égard des intentions des étrangers et convaincu que personne ne comprend Haïti aussi bien que lui. Les Haïtiens le considèrent un bon président, un des meilleurs qu’ils ont eus.
Depuis le 14 mai 2011, le nouveau président de la république d’Haïti est Michel Martelly. Il est un musicien et compositeur haïtien. Il a proposé, entre autres, un programme de scolarité gratuite.
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