Pham Minh Hoang


Appel au secours de Mme Le Thi Kieu Oanh, épouse de M. Pham Minh Hoang, professeur à l’école polytechnique de Hochiminh-ville

 

(Affiché le 18 août 2010)

À l’attention des responsables du site vietnam.bauxite

À l’attention des médias vietnamiens et étrangers

À tous,

Je m’appelle Le Thi Kieu Oanh, 46 ans, résidant à Saigon. C’est avec tristesse et peine que je vous écris cette lettre pour vous alerter sur le fait que mon époux a été arrêté le 13 août 2010 par les autorités vietnamiennes pour enquêter selon l’article 79 du Code Pénal vietnamien (tentative de renversement du gouvernement).

Mon époux est M. PHAM Minh Hoang, 55 ans, professeur à l’Ecole Polytechnique de Hochiminh-ville. Il est parti étudier en France en 1973. Après avoir assimilé les méthodes d’enseignement efficaces et équitables durant sont séjour là-bas, il avait toujours nourri le rêve de revenir au pays pour enseigner et contribuer à façonner un brillant avenir aux jeunes vietnamiens.

Après un premier retour au pays à la fin des années 90 pour rendre visite à ses parents malades, il a pu se rendre compte de l’insuffisance matérielle et intellectuelle du milieu dans lequel doivent évoluer les étudiants vietnamiens. Abandonnant le confort matériel de sa vie en France, il décide alors de rentrer définitivement au Vietnam pour réaliser son rêve, devenant enseignant à l’école polytechnique. Il a toujours eu à cœur de faire en sorte que les jeunes vietnamiens prennent conscience de leurs responsabilités et de leurs devoirs pour construire un pays développé et moderne.

Depuis près de 10 ans qu’il réside au Vietnam, outre les exaspérations ressenties vis à vis de l’éducation de la jeunesse vietnamienne, mon époux se préoccupe également des autres fléaux qui touchent le pays, depuis la corruption jusqu’aux injustices sociales. Il me fait part régulièrement de ses inquiétudes quant à la pollution de l’environnement. Lorsque l’état a autorisé la Chine à exploiter la bauxite sur les hauts plateaux, il s’est demandé comment une décision tellement nocive a pu être prise. Lorsqu’il a pris connaissance de la pétition pour l’arrêt du projet d’exploitation de la bauxite lancé par les professeurs Nguyen Hue Chi, Pham Toan et Nguyen The Hung, il n’a pas hésité à signer et a demandé à ses amis d’en faire autant. La question des îles Paracels et Spratleys ainsi que les exactions des gardes-côtes chinois contre les pêcheurs vietnamiens sont également pour lui une source de révolte. C’est pourquoi il a participé à la conférence sur « la mer orientale et les archipels vietnamiens » organisée à Saigon le 24 juillet 2009 pour mieux comprendre le sujet.

Mesdames et messieurs,

En tant qu’enseignant et aimant son pays, se préoccupant de l’éducation, de l’environnement et de la souveraineté de la nation, mon époux est quelqu’un de sincère et d’intègre. Les autorités ont arrêté mon époux et l’accusent de tentative de renversement du gouvernement mais ne fournissent pas de preuves, ils ne font qu’enquêter sur les fréquentations de mon époux lorsqu’il résidait en France et sur l’organisation de séminaires de formation de « sciences du comportement » (soft skills) pour les étudiants.

Les « sciences du comportement » regroupent des techniques d’enseignements psychologiques pour améliorer la confiance en soi, avoir le sens de l’organisation, avoir une vision objective devant une situation donnée, etc. Ces techniques sont largement enseignées en Occident, notamment aux Etats-Unis où les jeunes l’apprennent dès le lycée. Actuellement, il existe beaucoup de formations semblables au Vietnam et elles sont appréciées parmi les jeunes.

Aussi, est-ce qu’organiser ce genre de formation gratuite est un crime ?

Est-ce que les autorités considèrent également comme un crime le fait d’avoir des connaissances et des amis en France ?

Est-ce que le fait d’exprimer ses préoccupations sur les problèmes du pays, sur les maux de la population relève aussi du crime ? Si un professeur n’a pas d’émotions, ne partage pas les peines et difficultés de la société, de la nation, alors comment peut-il transmettre l’amour de son pays à ses élèves, ceux qui prendront un jour en main la destinée du pays ?

Devant le coup de massue qui frappe notre famille, j’ai décidé de vous adresser cette lettre d’appel au secours, pour que mon époux ne soit pas emprisonné injustement sans que personne ne soit au courant. Je vous écris cette lettre avec le cœur rempli d’inquiétudes et de larmes. Je m’inquiète sur le fait que ceux qui ont arrêté mon époux pourraient lui faire du mal en pleine nuit à l’insu de tous. Je m’inquiète des méthodes d’interrogatoires qui poussent mon époux à avouer des choses non commises et salissent ses nobles actions. Je m’inquiète pour Tram Anh, notre chère petite fille qui vient tout juste d’avoir 6 ans. Comment va-t-elle supporter l’absence prolongée de son père chéri…

Je vous demande respectueusement de prendre la parole et de protéger M. Pham Minh Hoang ainsi que tous les patriotes – ceux qui consacrent leur vie pour le rêve de la construction d’un avenir aux jeunes générations et à la protection de la patrie.

Je vous remercie sincèrement pour votre attention.

Le thi Kieu Oanh
423 đường Nguyễn Tri Phương, Phường 8, Quận 10, TP Hồ Chí Minh
Téléphone: +84 838 532 010 ; +84 93 83 45 343

Vous pouvez également contacter notre famille en France :

  1. PHAM Duy Khanh, email :dkhanh.pham@gmail.com

Parce que je n’ai pas la possibilité de diffuser cette lettre, j’ai demandé à mon beau-frère de le faire.

Ci-dessous sont deux photos de M. Hoang :

–        Photo 1 : M. PHAM Minh Hoang et quelques étudiants de l’Ecole Polytechnique dans une fête de l’école le 28 janvier 2010.

–        Photo 2 : M. PHAM Minh Hoang et notre fille Tram Anh.

  1. PHAM Minh Hoang et quelques étudiants de l’Ecole Polytechnique dans une fête de l’école le 28 janvier 2010.
  2. PHAM Minh Hoang et notre fille Tram Anh.