Nous rentrons au Canada demain, au moment où la France connaît une révolte des jeunes de banlieue qui la surprend. Depuis 10 jours, le feu envahit les nuits. Au début, il brûlait dans les banlieues de Paris, mais les émeutiers ont gagné la province et des villes importantes comme Toulouse, Nice, Rouen, Lille et plusieurs autres sont touchées. En Provence, Aix, Salon et Cavaillon ont été incendiées. Et hier soir, ce que la police craignait s’est concrétisé puisque le centre de Paris a été attaqué. Le bilan quotidien croît de jour en jour. Et comble de ridicule, la violence affecte, dans la majorité des cas, directement les gens qui vivent dans ces banlieues défavorisées.
Face à cette tempête qui risque de devenir un ouragan, les blâmes viennent de tous côtés. Ils atteignent Sarkosy, le ministre de l’intérieur, le gouvernement de Villepin et aussi les gouvernements socialistes passés. Tout le monde y goûte. Les politiciens et la police ne savent que faire et, après dix jours d’émeutes, cherchent toujours une solution.
On se rappellera qu’en Amérique, on a vécu les révoltes des ghettos noirs américains qui ont brûlé des villes entières comme Watts en Californie. C’est grâce aux dirigeants noirs qui sont intervenus auprès de leur communauté, et une action musclée de la police, particulièrement à New York avec le programme «tolérance zéro» du maire Guliani, que le problème s’est résorbé et réglé pour le long terme. Alors qu’il n’y a qu’une quinzaine d’années, il était dangereux de se promener le soir dans métropole américaine, aujourd’hui on peut le faire en toute sécurité. En France, on dit que de telles actions sont plus difficiles à faire à cause de l’histoire du pays etde l’origine disparate de ces jeunes, nés en France, dont les parents viennent des pays du Maghreb et de l’Afrique noire. Le grand nombre de races, de dirigeants, d’opinions et de conflits entre eux crée un manque d’homogénéité qui rend la tâche plus difficile, sinon impossible. Même les Imans de leurs mosquées ne tiennent pas le même langage. Il faudra aussi, pour le long terme,que les Français changent d’attitude vis-à-vis les «immigrés» et les traitent comme de véritables Français. Ce n’est pas demain la veille
Il sera intéressant de suivre le déroulement de ce conflit majeur, de voir comment la France se sortira de ce bourbier et quel sera le sort réservé à ses principaux joueurs. Qu’adviendra-t-il de Sarkosy que l’on accuse d’avoir mis le feu aux poudres, de de Villepin qui rencontre son premier grand problème comme chef du gouvernement et des politiciens socialistes du passé aux grandes ambitions présidentielles qui ont semé les problèmes qui ressortent aujourd’hui ? Non seulement plusieurs carrières politiques sont en jeu, le pouvoir en 2007 l’est aussi.
Claude Dupras
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