Deux générations plus tard
À l’été 1996, lors d’une répétition d’orchestre à Lachine, une des musiciennes de l’Orchestre philharmonique de l’Isle, deuxième chaise chez les premiers violons, s’approche de moi:
«Monsieur Savoie, vous connaissez ma mère, Je crois. Vous avez chanté avec elle dans I Pagliacci avec Raoul Jobin.
– Belva? dis-je aussitôt. Belva Boroditsky?
– Oui.
– Où est-elle, votre mère? Qu’est-elle devenue? »
Je n’avais pas revu Belva depuis le I Pagliacci qui avait failli me tuer, mais mon ancienne collègue avait appris par The Gazette que la Société Radio-Canada avait publié un CD de l’opéra et elle se l’était procuré. De mon côté, par le plus heureux des hasards, je venais de le recevoir en cadeau-surprise de mon frère André Sébastien.
– «Venez chez moi toutes les deux, j’ai quelque chose à vous montrer! »
Quinze jours plus tard, Michèle et moi recevions à la maison Belva Boroditsky et Véronica, sa fille de 28 ans. Nos retrouvailles furent bruyantes et très touchantes. Pensez donc, il y avait 38 ans que nous nous étions vus et encore, c’était sur un plateau de télévision!
Le «quelque chose »que je voulais leur montrer, c’était le film vidéo de l’émission, que Michèle avait réussi à obtenir de Radio-Canada.
Belva est bouleversée. Elle ne s’était jamais vue en Nedda. De son côté, Véronica, qui n’a jamais de sa vie entendu Belva chanter professionnellement, est en état de choc. Elle pleure comme une madeleine en découvrant l’artiste qu’est sa mère. Il est vrai que Belva Boroditsky, en 1958, était saisissante, autant de visage que de voix. Ceux qui ont entendu le disque ont pu admirer son exceptionnel talent.
Pas de commentaire