Estérel (Québec)


Durant l’été de 1958, Fridolin Simard, le maire d’Amos, que Claude Dupras a connu durant son été ’53 en Abitibi, est en vol dans son hydravion et se dirige vers Montréal. Il rencontre de nombreux orages sur les basses Laurentides et Montréal et se voit dans l’obligation de rebrousser chemin. Il reçoit les instructions venant de la tour de contrôle de Dorval de se poser sur un lac et comme il est près de Sainte-Adèle, il décide d’amerrir sur le lac Masson, près de la paroisse de Sainte-Marguerite-du-lac-Masson. Simard passe la nuit dans les anciennes écuries du baron Louis Empain.

Ce baron de Belgique a découvert la beauté des Laurentides dans les années ’20 et épris de ce territoire imagine y installer un vaste centre de villégiature près du lac Masson. Il pense y inviter les Européens adeptes des grands espaces, de l’aspect sauvage des forêts canadiennes et de la beauté de leur feuillage à l’automne. Il baptise le lieu Domaine Estérel, du même nom des montagnes qui lui sont chères du sud de la France. Le baron est un homme d’avant-garde avec une vision hors de l’ordinaire. Il construit un complexe comprenant un bâtiment de style art-déco incorporant un hôtel, un cinéma, un centre commercial (le 1ier au Canada) et des écuries. Dans une des baies du lac, aujourd’hui le lac Dupuis, il réalise un club nautique. Le projet est complété et va bien. Le centre commercial est couru par l’élite de Montréal car il est de haute gamme. Il y a même une boutique Birk’s, le plus important joaillier au Canada. Malheureusement, la deuxième guerre mondiale force le baron à délaisser son projet pour rentrer dans son pays. Pendant 20 ans, le projet est abandonné.

Simard est très impressionné par le site et fait le tour des lacs en canot pour l’apprécier davantage. Une carte de la région attire son attention et il apprend que l’ensemble des terres couvrant près de 5,000 acres autour des lacs avoisinant le Domaine Estérel, est à vendre. Il en parle à son frère Thomas-Louis qui descend de l’Abitibi pour examiner le projet. Ils imaginent créer un nouveau domaine respectant l’environnement avec une subdivision des terres en grands lots donnant sur le lac. Ils font l’acquisition de toutes les terres et retiennent les services de l’urbaniste renommé Jean-Claude Lahaye. Son plan d’urbanisme est accepté et les frères se lancent dans le développement du projet.

La première étape est de doter le site de routes, de services électriques et téléphoniques. L’ensemble est réalisé durant le premier hiver et l’ingénieur Vincent Corriveau, l’ami de Claude, mène de main de maître le projet pour la compagnie Simard et Frères. Son expérience de construction dans les froids du grand nord le sert bien. De plus, les frères Simard entreprennent la construction d’un hôtel sur le site du club nautique et de résidences dont deux, pour leurs besoins personnels, sont « designées » par Roger Dastous, un des meilleurs architectes du Québec,. La vente des terrains va bien et le projet se développe rapidement avec des résidences de qualité. Les Simard font incorporer leurs terres en ville et choisissent le nom « ville Estérel ».

Fridolin Simard devient le maire et les frères quittent l’Abitibi définitivement et installent leur compagnie de construction à Montréal.

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