Les veuves


Le sort des veuves a toujours fortement préoccupé le Mahatma Gandhi et il a sans cesse combattu cette tradition cruelle et inhumaine.

Commentant la coutume ancienne qui voulait que les veuves s’immolent sur le bûcher de l’époux décédé Gandhi disait que cette coutume était barbare et n’avait de fondement que dans la superstition, l’ignorance et l’égoïsme aveugle de l’homme.

Il disait aussi que la femme est la meilleure moitié de l’humanité. Dans le mariage, elle était l’égal de l’homme, sa compagne, son amie, sa collègue. Comme on n’aurait jamais pu imaginer voir un homme s’immoler aux funérailles de sa femme, il ne saurait y avoir deux poids deux mesures.

Puisqu’ils sont égaux en tout, les obligations de l’épouse sont réciproques à celles de l’époux.

Cette coutume a complètement disparu des mœurs de l’Inde.

L’interdiction faite aux veuves de se remarier s’est malheureusement maintenue beaucoup plus longtemps. La veuve devenait à toute fin pratique la servante de sa belle-famille et elle était sans ressources aucune. Sa vie finissait pour ainsi dire avec celle de son mari.

Découragées, certaines ne trouvaient d’autre issue que la prostitution.

L’amour et le respect du Mahatma Gandhi envers les femmes ne connaissaient pas de limites.

Un jour, il a reçu en entrevue une centaine de prostituées de la ville de Balisar. À la sortie à la fin de la rencontre, elles étaient radieuses. On voyait à leur air qu’elles étaient dominées par un sentiment de révérence.

Le Mahatma pour sa part, baissa humblement la tête de honte devant cette centaine sœurs qui considéraient leur sort comme irréparable. Ce sentiment d’impuissance lui faisait l’effet d’un coup de poignard au cœur.

Gandhi dira suite à cette rencontre : « Elles parlaient avec dignité et franchise. Leurs réponses étaient saines. Certaines s’engagèrent à commencer à filer et à tisser si on les y aidait et les autres pour ne pas le tromper lui dirent qu’elle y réfléchiraient. »

Le ton de la rencontre et le respect mutuel de Gandhi et les prostituées n’est pas sans rappeler la conversation de Jésus avec Marie-Madeleine.