L’Aréna Mont-Royal


L’ARÉNA MONT-ROYAL

A l’automne de 1919, on apprenait l’importante nouvelle qu’un syndicat, ayant à sa tête Hector Racine, Tom Duggan et quelques autres hommes d’affaires allait entreprendre la construction d’une patinoire nouvelle qui remplacerait celle du Jubilee, trop petite et démodée. Il s’agissait de l’Arena Mont-Royal, qui devait être le foyer du Canadien jusqu’en 1926.

LE RECORD DE 7 BUTS

Cet automne-là, on décida de porter de nouveau, soit comme en 1915-16, le nombre des parties à 24. Le Québec revint dans la Ligue, qui comprenait le Canadien, l’Ottawa et le Toronto. C’est dans cette saison, soit le 31 janvier 1920, que Joe Malone, des Bouledogues de Québec, compta 7 buts dans une victoire de 10 à 6 sur les St. Pats de Toronto. Le 28 février 1917, Malone avait compté 8 buts dans une victoire par 17 à 6 du Québec contre les Wanderers. Bien longtemps avant, soit alors qu’il débutait dans l’Association Nationale et qu’il jouait pour le Renfrew, « Newsy » Lalonde avait enregistré 9 fois! Mais on sait que la Ligue Nationale n’a jamais tenu compte des records établis dans l’Association Nationale. Même le record de Malone ne fut admis et proclamé qu’il y a quelques années. Auparavant, on reconnaissait comme record individuel de buts comptés dans une partie, celui de 5, obtenu par Pit Lépine dans une joute contre l’Ottawa, le 3 décembre 1929, au Forum. D’autres ont fait aussi bien, avant et après, dont MAURICE RICHARD, le 28 décembre 1944, dans une partie régulière contre le Détroit ainsi que le 23 mars 1944, dans une partie des séries de la coupe Stanley, contre le Toronto. Dans la partie du 28 décembre, RICHARD obtint 3 assistances pour un record de points avec 8. Ce total fut égalé, le 9 janvier 1954, dans une partie régulière contre le Chicago, alors que Bert Olmstead du Canadien compta 4 buts et obtint 4 assistances. A signaler aussi l’enregistrement de 6 buts dans une partie par Syd Howe du Détroit dans une victoire de 12 à 2 sur les Rangers, le 3 février 1944.

Quelques jours avant l’exploit individuel de Malone, soit le 10 Janvier 1920, le Canadien et le Toronto établirent un record qui existe encore, celui du plus grand nombre de buts dans une partie, 21, le Tricolore l’emportant par 14 à 7.

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Dans cette saison de 1919-20, l’Ottawa remporta les honneurs dans les deux moitiés des activités. Il n’y eut donc pas de détail.

Dans la série de la coupe Stanley, les Metropolitans de Seattle, champions de l’Ouest, étaient les adversaires. Après deux victoires de l’Ottawa, et une du Seattle, le dégel-força les finalistes à se rendre à Toronto pour y jouer sur la glace artificielle, qui existait dans cette ville depuis 1917. Là, le Seattle égalisa les chances par 5 à 2, mais la partie décisive fut gagnée par le club de la capitale par 6 à 1.

DÉPART DU QUÉBEC, ARRIVÉE DU HAMILTON

A l’automne 1920, le Québec disparut pour toujours du hockey professionnel majeur. La franchise fut achetée par Percy Thompson de Hamilton, ville qui était acceptée dans la Ligue. Le prix d’achat, comprenant les joueurs, étaient de $5,OOO seulement. Faisons remarquer sur le sujet que cinq ans plus tard, la franchise du Hamilton était vendue aux Americans de New York pour $75,000. Il s’agissait d’un joli profit,

Si nous mettons le fait en vedette: c’est pour souligner le développement du hockey et l’augmentation des valeurs dans ce sport. Mentionnons en plus qu’en 1935, Jos Cattarinich et Léo Dandurand vendaient pour $165,000 la franchise du Canadien achetée pour $11,500, en 1921. D’autre part, le major McLaughlin de Chicago payait $150,000 pour la franchise et les joueurs des Rosebuds de Portland, en 1926.

Aujourd’hui, en parlant de prix, on peut dire que chacune des franchises de la Ligue vaut au moins $700,000. En plus, on peut dire qu’il n’y a pas assez d’argent pour en acheter une.

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Un seul changement fut apporté aux règlements. On permit aux gardiens de buts de faire la passe en avant dans la zone défensive de leur club. Jusque-là, la chose était défendue,

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Comme d’habitude, on divisa le calendrier des parties en deux. L’Ottawa remporta les honneurs de la première moitié avec le Canadien en troisième place avec 4 victoires et 6 défaites pour 8 pointes. Le St. Patrick était en deuxième place avec 5 victoires pour 10 points. Enfin, le Hamilton était en dernière place avec 6 points. Dans la 2e moitié, le St. Patrick termina en tête avec 10 victoires, suivi du Canadien avec 9 gains, de l’Ottawa en 3e place avec 6 et du Hamilton avec 3.

L’Ottawa gagna le championnat de la Ligue contre le St, Patrick en 2 victoires par 5 à 0 et 2 à 0 et le club de la capitale conserva la coupe Stanley contre les Millionnaires de Vancouver, gagnant 3 fois par 4 à 3, 3 à 2 et 2 à 1, et en perdant par 1 à 3 et par 2 à 3.

Dans la saison, « Newsy » Lalonde, qui avait fini deuxième pointeur l’année précédente, derrière Malone du Québec, termina en tête avec 41 points dont 33 buts.

NOUVELLE ÈRE POUR LE CANADIEN

En 1921, commença une nouvelle ère pour le Canadien, ère qui devait se continuer jusqu’en 1935. D’abord, le 19 octobre, George Kennedy mourait des suites de la grippe espagnole contractée au printemps 1919, à Seattle, Kennedy n’était âgé que de 41 ans, Il était connu par toute l’Amérique. Il avait été promoteur de toutes sortes de sports, après avoir été lutteur lui-même. C’est lui qui avait acheté le Canadien, en 1910, et qui avait fondé le Club Athlétique Canadien. Sa mort causait un grand vide.

Évidemment, il fut immédiatement question de la franchise. Tom Duggan, alors dirigeant et un des propriétaires de l’Arena Mont-Royal, fut le premier à offrir un prix. On crut, un moment, que l’affaire allait se bâcler pour une somme de $20,000, mais comme le contrat allait se signer, le 2 novembre, il y eut un empêchement quelconque. En tout cas, madame Kennedy confia au sportsman bien connu Cecil Hart que la franchise avait déjà été offerte à Léo Dandurand par son époux et qu’il n’était que convenable que Léo eût l’occasion de faire une offre. Hart téléphona immédiatement à Cleveland où se trouvaient Jos. Cattarinich et Léo Dandurand. Ce dernier prit immédiatement le train pour Montréal et, quelques heures après son arrivée, on annonçait l’achat de la franchise du Canadien par le syndicat Cattarinich-Léo Dandurand-H.-A. (Louis) Letourneau. Le prix fut de $11,500 !

Peu après, on nomma un bureau de direction avec les sportsmen suivants: l’honorable Athanase David, président, .Joseph Cattarinich, vice-président, Léa Dandurand, secrétaire-trésorier, H.-A. (Louis) Letourneau, Nap. Dorval, Georges Richer, E.-C. Saint-Père, Alphonse Raymond, Sir Henry Gray, Fernand Rinfret, Amédée Monet, Papineau Mathieu, c.r., et Henry Elliott, c.r., directeurs.

A l’assemblée de la Ligue, à Toronto, Léo Dandurand fut nommé gouverneur à la place de feu George Kennedy (Geo Kendall). Puis Léo se mit immédiatement à organiser son club. Il assuma lui-même la gérance et « Newsy » Lalonde, instructeur depuis de nombreuses années, fut nommé capitaine. Dans le but de renforcir son club, Léo échangea au Hamilton Harry Mummery et Amos Arbour pour Sprague Cleghorn.

La saison se terminait avec l’Ottawa en tête avec 30 points, suivi du St. Patrick avec 27, du Canadien avec 25 et du Hamilton avec 14.

Dans la série éliminatoire, cette fois entre le premier et le deuxième club, le Toronto gagna par une faible marge, soit par 5 à 4, dans la 1re partie, tandis qu’aucun but n’était enregistré dans la seconde. L’Ottawa était donc éliminé.

Dans la série de la coupe, le Toronto obtenait les honneurs aux dépens du Vancouver, par trois victoires en cinq parties. Faisons ici remarquer, que les règlements étaient moins sévères qu’aujourd’hui puisque Eddie Gerard, un excellent joueur de l’Ottawa, obtint de la Ligue et de Lester Patrick du Vancouver, la permission de jouer avec le Toronto. Lester remplaçait son frère Frank qui n’avait pu venir dans l’Est. La deuxième partie nécessita 4 minutes et 45 secondes de temps supplémentaire pour permettre au St. Patricks de l’emporter par 2 à 1. Le St. Patricks gagna par 6 à 0 et 5 à 1, perdant par 3 à 4 et 0 à 3.

LE FAMEUX ÉCHANGE LALONDE-JOLIAT

A l’automne 1922 devait se produire l’un des événements les plus importants dans toute l’histoire du Canadien. Il s’agissait de l’échange de « Newsy » Lalonde pour un jeune joueur absolument inconnu à Montréal, Aurèle Joliat d’Ottawa.

On sait que Lalonde avait évolué pour le Canadien avec le plus grand brio pendant quelque 11 saisons. Pendant plusieurs campagnes, il avait été le gérant ou le capitaine. Trois fois; il avait conduit son équipe au championnat de la Ligue et une fois il avait gagné la coupe Stanley. « Newsy » était donc, depuis des années, une idole, une grande idole. Même si on reconnaissait qu’il avait ralenti, on le jugeait encore capable de rendre de multiples services à son club, plus en tout cas que ce Joliat, qui avait bien évolué une saison dans l’Ouest mais qu’on ne connaissait pas du tout par ici. En outre, il n’était pas si facile que cela de disposer de Lalonde par un échange au club Saskatoon. Les autres clubs de la Ligue, tous pour ainsi dire, voulaient obtenir les services de Lalonde. Léo Dandurand savait bien que « Newsy » pouvait encore bien jouer et qu’il pouvait faire du mal au Canadien, s’il passait à un autre club. Il craignait, en outre, avec raison, les reproches des supporteurs du Canadien. D’autre part, il voulait disposer de Lalonde tandis que celui-ci avait encore de la valeur et en l’envoyant dans un autre circuit. Il était certain de faire un bon coup, surtout en obtenant un jeune joueur en échange.

Mais, répétons-le. qui était ce Joliat? Surle sujet et sur la transaction, Billy Hewitt, déjà un grand expert, écrivait dans un journal de Toronto: « Tout le monde sait que cette transaction avec le Saskatoon pour Aurèle loliat n’est que de la bouillie pour les chats. Aucun gérant de hockey, avec un peu d’intelligence dans sa tête va échanger un joueur comme Lalonde, même vieux et tout, contre, un joueur du calibre de Joliat. Dandurand ne peut réussir à nous faire avaler cette affaire. »

On sait ce qui s’est passé. Lalonde fut bel et bien échangé au Saskatoon tandis qu’Aurèle Joliat venait au Canadien. Mais, ce n’était pas tout. Les autres clubs, qui s’opposaient fortement à ce que Lalonde quittât la Ligue, multiplièrent les obstacles à l’entrée de Joliat. Le club Ottawa, par exemple, fit valoir que Joliat avait déjà été sur sa liste mais qu’on avait fini par le retirer, étant donné qu’il était suspendu par la Northern Ontario Association avec qui il avait eu des difficultés. Léa Dandurand, habile comme toujours, passa à travers cette tempête comme il avait traversé la précédente. Il se rendit à North Bay, plaida la cause de Joliat avec l’Ontario (Northern) Hockey Association et obtint sa réinstallation.

Ici, on peut dire que quand on offrit un grand banquet à Dandurand, à Montréal, avant la saison 1922-23, on ne le savait pas mais on lui rendait à l’avance un grand tribut d’hommages pour sa sagacité dans la transaction Lalonde-Joliat.

D’abord, Lalonde avait l’occasion de se rendre dans une région qu’il connaissait bien et où on se souvenait de lui comme d’un fameux joueur de crosse et de hockey. En plus, Lalonde, avec l’aide de Dandurand, avait le privilège d’obtenir encore l’excellent contrat de trois ans à $4,500 par année, en plus d’un boni de $1,000. Lalonde passait donc au Saskatoon, amenant avec lui George Hainsworth, que Dandurand lui cédait pour remplacer Hébert dans les buts.

D’autre part, Dandurand obtenait ce Joliat, un as qui devait briller au plus haut point pour le Canadien, pendant seize ans, comme on pourra s’en rendre compte un peu plus loin, en prenant connaissance des notes biographiques et des statistiques que nous publions à son sujet.

LA BRILLANTE CARRIÈRE DE « NEWSY » LALONDE

Disons, en commençant, qu’aucun nom n’a probablement été aussi connu dans le monde du sport, de 1910 à 1925, que celui de Lalonde, un athlète dont la réputation s’étendait d’un bout à l’autre du pays. Ce n’était pas une petite affaire dans le temps.

Disons ensuite, que Lalonde n’a pas brillé qu’au hockey. Il a excellé également, sinon plus à la crosse, le sport national canadien d’autrefois. Le fait est, en tout cas, qu’il a obtenu des salaires beaucoup plus élevés comme joueur de crosse que comme joueur de hockey. L’Ouest et l’Est se disputèrent ses services à la crosse, plus souvent qu’au hockey, et c’est nécessairement Lalonde qui en profita le plus. Il eut autant que $5,000 pour une simple saison de crosse, vers 1910, tandis qu’il n’obtenait que $2,000 ou à peu près au hockey, jusqu’en 1920.

Disons toutefois que Lalonde, pour la saison 1910-11, obtint la somme impressionnante de $1,300 pour jouer pour le Canadien, soit un montant beaucoup plus élevé que celui de tout autre joueur du temps, à une couple d’exceptions près.

Passons maintenant aux détails et rappelons les faits saillants de la vie de Lalonde comme joueur de hockey et un peu comme joueur de crosse. Au hockey, il commença abec les Rovers de Cornwall, alors qu’il n’avait que 16 ans. En 1906, il devenait membre du club senior Woodstock. En 1908, il allait jouer à Toronto pour un club indépendant.

En mars 1909, il venait à Montréal pour prendre part à une joute d’exhibition organisée entre joueurs de langue française et joueurs de langue anglaise. Les joueurs de langue française étaient sous l’égide du National qui avait, dans le temps, un club de crosse et un club de hockey. Avec lui, jouaient, dans la partie en question, Coutu, Laviolette, Pitre, Robitaille, Dostaler, Jetté. L’équipe anglaise était composée de Hern, Ross. Smaill, Glass, Vair, Johnston et Gardiner. Le club de Canadiens français compta 9 buts. Lalonde en enregistra 5 et Didier Pitre 4.

Ce ne fut d’ailleurs pas la seule fois où Lalonde enregistra de nombreux buts dans une partie. C’est lui, en fait, qui détint le record de tous les temps chez les professionnels, au moins de 1910 à 1954. C’est ce grand total de 441 buts que Richard a abaissé.

Alors qu’il jouait pour le Renfrew, en 1910, il compta neuf buts dans une partie contre le Cobalt. La victoire fut de 15 à 4. Il lui arriva plusieurs fois de compter quatre ou cinq buts dans une même joute, dont deux fois au moins au cours de sa carrière avec le Canadien. Nous avons déjà mentionné que Lalonde fut avec le Canadien de 1910 à 1922, à l’exception de parties de la saison 1909-1910 et d’une saison complète qu’il alla passer dans l’Ouest. Il fut pilote du club de 1915 à 1921, poste qu’il devait occuper de nouveau pour une saison et demie, en 1932 et 1933.

Soulignons aussi que dans sa longue et brillante carrière chez les professionnels avec le Renfrew, le Vancouver, le Canadien et le Saskatoon, il compta 441 fois en 314 parties. Ce total de 441 buts dépasse évidemment celui de 324 de Nels Stewart, reconnu comme le record moderne de la Ligue Nationale de hockey, évidemment jusqu’à celui de Maurice Richard. Mais les statistiques d’autrefois n’étaient pas tenues comme aujourd’hui. A quelques exceptions près, par exemple, dans le cas de très grands joueurs comme Lalonde qui ont eu la sagesse de se faire un « scrapbook », il était impossible d’en arriver à des faits exacts, même après de longues recherches.

Toujours quant aux buts, mettons en grande vedette le fait qu’en 1909-10, dans un court calendrier de 11 parties, il a compté 38 fois, pour une moyenne formidable de plus de 3 buts par partie. En 1915-16, il a aussi terminé en tête des compteurs de buts avec un total de 31 buts en 24 parties, précédant Didier Pitre, dont le nom, cette année-là, apparaît avec 24 buts et – on ne sait trop pourquoi – 15 assistances, pour un total de 39 points. En 1918-19, il finissait aussi en tête avec son coéquipier, Odie Cleghorn, avec 23 buts.

DIDIER PITRE

Il vient d’être question de Pitre. Faisons remarquer que Didier Pitre a été un des plus fameux Canadiens français et un des plus fameux joueurs à porter les couleurs du Canadien. Pitre a joué pendant quelque 12 ans pour le club tricolore, après avoir brillé avec Lalonde et Laviolette dans la Ligue Internationale. Pitre était reconnu pour son, lancer terrible. Combien de fois la rondelle, lancée par lui, n’a-t-elle pas traversé les filets? Il était aussi un fameux joueur de crosse et il brilla pour le National pendant des années. Là aussi, il se fit reconnaitre pour son lancer dur et il envoya souvent la balle à travers les filets. D’autre part, Pitre a toujours été reconnu pour son jeu sans rudesse. Malgré sa forte taille, il n’a jamais joué rudement. Il était un patineur des plus rapides, vertigineux même et encore dans sa dernière saison avec le Canadien, en 1922-23, il provoquait l’admiration par sa vitesse et aussi par sa facilité à arrêter dans un très court espace.

DÉBUTS DE LALONDE

Lalonde passa la saison de hockey de 1909-10, d’abord avec le Canadien, puis avec le Renfrew. Au printemps de 1910, il signa pour le National, à la crosse. Avec lui, le National a remporté le championnat de l’Est pour aller disputer la coupe Minto, l’équivalent de la coupe Stanley, dans l’Ouest contre le New Westminster.

C’est alors qu’entre Con Jones dans l’Ouest et le National du président Adolphe Lecours dans l’Est, commença la guerre pour ses services à la crosse, tandis qu’au hockey, les hostilités de salaire se faisaient entre les Patrick dans l’Ouest et George Kennedy dans l’Est.

Une saison, Frank Patrick réussissait à faire signer Lalonde pour la jolie somme, dans le temps, de $1,800. Oui, dans le temps où un dollar était un dollar et alors qu’il n’y avait pas d’impôt sur le revenu. Cette saison-là, Lalonde compta 27 fois dans le court calendrier des parties pour terminer en tête du circuit de l’Ouest.

Son habileté à discuter des conditions de contrat et à obtenir des sommes vraiment fabuleuses, comme celle de $5,000 pour jouer 6 parties à la crosse, en 1911, lui mérita le surnom de « Vieux Renard ». D’autre part, George Lawrence, caricaturiste du « Herald » de Montréal, en le montrant dans un dessin, sautant de Vancouver à Montréal avec des valises remplies d’argent, disait en bas de vignette:

« John D., Rothschild, Pierrepont, Carnegie Lalande. »

Déjà, en 1914, Lalande et Dandurand se connaissaient intimement. C’est Dandurand qui avait servi de témoin à Lalonde, à son mariage, et c’est lui qui, au nom du National, avait tenté d’obtenir ses services, en 1914. C’est dire que Dandurand connaissait bien Lalonde, lorsqu’il devint un des propriétaires du Canadien, en 1921, et lorsqu’il l’échangea pour Joliat, en 1922.

Comme joueur de crosse, Lalonde fut si brillant qu’au moins une fois une grande pancarte de Toronto publia sa photo, avec les mots suivants: «Venez voir le plus grand joueur de tous les temps, « Newsy » Lalonde avec le National, à 3 heures et 30». D’autre part, en 1911, dans un album du Temple de la Renommée dans les sports, on voit le portrait de Lalande avec les grands athlètes suivants: Henry Atwood, aviation, Willie Happe, billard, Jim Jeffries, boxe, Ty Cobb, baseball. Le fait est qu’il a été souvent comparé à ce dernier. Mais de l’avis de plusieurs, il a été plus fameux que Cobb. non seulement à cause de sa durée à peu près égale de 22 ans comme grand athlète, mais surtout à cause du fait qu’à l’encontre de Cobb, qui se reposait en hiver, Lalande jouait l’année durant, et cela dans des sports, le hockey surtout, où il n’y avait pas de remplacement pendant les 60 minutes ou plus que duraient les parties.

Citons maintenant un extrait d’un journal de Toronto à son sujet et sous sa photo:

« Edouard « Newsy » Lalonde, le plus grand athlète de hockey et de crosse que le Canada ait jamais produit. Dans les deux grands sports d’hiver et d’été au Canada, les records de Lalonde seront bien difficilement égalés. Depuis qu’il a quitté Cornwall, il y a environ 10 ans, et qu’il a joué à la crosse avec le National de Montréal et le Vancouver de la Ligue de la Côte du Pacifique et au hockey pour le Canadien et le Vancouver, il a probablement obtenu plus d’argent pour ses services que tout autre joueur dans un de ces sports, Au cours des années de guerre, Lalonde a été le seul parmi les joueurs de hockey, tant dans l’Est que dans l’Ouest, à faire débourser aux magnats les plus fortes sommes d’argent, Et bien qu’il ne soit peut-être plus à son meilleur, l’an dernier, il a été le premier compteur de buts dans l’Association Nationale de crosse. »

Terminons en disant qu’en 1948, Lalonde a été fêté comme il le méritait par l’Association des sportsmen, qu’il a été élu au Temple de la Renommée du hockey, qu’il a été choisi comme l’athlète de crosse du demi-siècle et qu’enfin il vient d’être désigné pour faire partie du Temple de la Renommée des sports au Canada. C’est lui qui eut l’honneur d’allumer le flambeau, lors de l’ouverture du Temple de la Renommée des sports à Toronto en août 1955.

Comme dernier paragraphe sur Lalonde, donnons au complet le détail des buts qu’il compta dans sa carrière:

ANNÉE CLUB SAISON DÉTAILS

RÉGULIÈRE

  1. J. B. P. J. B.

1905 Cornwall 2 1

1908 Toronto 9 29* 1 2

1909 Toronto 11 24

1910 Can.-Ren. 11 38*

1911 Canadien 16 19

1912 Vancouver 15 27

1913 Canadien 18 25

1914 Canadien 14 22 2

1915 Canadien 6 4

1916 Canadien 24 31* 4 3

1917 Canadien 18 27 6 2

1918 Canadien 14 23 2 4

1919 Canadien 17 23 10 16

1920 Canadien 23 36

1921 Canadien 24 33

1922 Canadien 20 9

1923 Saskatoon 26 29*

1924 Saskatoon 20 10

1925 Saskatoon 22 4 2 0

1926 Saskatoon 3 0 2 0

1927 Americans 1 0

TOTAUX: 314 414 29 27

GRAND TOTAL: 343 parties, 441 buts.

*Premier compteur du circuit.