les Boissonneault


Chronique familiale de l’ancêtre Vincent-Nicolas Boissonneau dit Saint-Onge

La généalogie des BOISSONNEAULT a été préparée avec la collaboration du généalogiste Jean-Jacques LEBEAU.

L’histoire de l’ancêtre Vincent-Nicolas Boissonneau

L’ancêtre Vincent-Nicolas BOISSONNEAU a été littéralement écrasé sous le poids de ses qualités de coeur et d’esprit. Le 3 août 1678, ses trois plus jeunes enfants, Philippe, Anne et René, perdent la vie dans un incendie. Quatre de ses neuf autres rejetons mourront en bas âge et Jean-Pierre, l’avant-dernier fils, mènera une existence bien pénible pour la famille puisqu’il était « idiot et tombait du haut mal » .

Vincent-Nicolas a sans doute appris de bonne heure à faire face courageusement à l’adversité, car il arrive en Nouvelle-France à trente ans ou presque, après avoir vraisemblablement guerroyé plusieurs années sur le sol français ou en Allemagne.

Les 19 et 30 juin 1665, les premières unités du Régiment de Carignan arrivent au Canada, suivies d’un certain nombre d’autres le 16 juillet. Les 18 et 19 août, deux navires jettent l’ancre à Québec chargés chacun de quatre compagnies commandées par le colonel de Salières lui-même; cinq jour plus tard le capitaine Guyon en emmène quatre autres. Enfin, le 12 septembre, le Saint-Sébastien et le Jardin de Hollande et, deux jours plus tard le Justice, transbordent sur le sol québécois plusieurs autres compagnies qu’accompagnent le gouverneur général de Courcelles et l’intendant Jean Talon.

Vincent-Nicolas BOISSONNEAU fait partie de la compagnie du capitaine Maximy qui arrive en septembre en même temps que celles des capitaines Latour, Lanoraye, Loubias, Saint-Ours, Petit, Duprat, et Dugué.

Le 30 septembre 1665, Marie de l’Incarnation écrit ce qui suit à son fils:

« Tous les vaisseaux sont arrivés et nous ont amenés le reste de l’armée avec les personnes les plus considérables que le roi envoie pour secourir le pays. Ils ont pensé périr tous à cause des tempêtes qui les ont arrêtés quatre mois durant le trajet. Aux approches des terres, impatients d’une si longue navigation, ils ont trop tôt ouverts les sabords de leur navire, ce qui a fait que l’air y étant trop entré, la maladie s’y est mise, qui a causé bien de la désolation. D’abord il en est mort vingt, et il a fallu en mettre cent trente à l’hôpital, entre lesquels il y avait plusieurs gentilshommes volontaires, que le désir de donner leur vie pour Dieu avait fait embarquer. La salle de l’hôpital était pleine; il en a fallu mettre dans l’église, laquelle était remplie jusqu’aux balustres; il a fallu avoir recours aux maisons voisines, ce qui a extraordinairement fatigué toutes les religieuses, mais ce qui a aussi excellement augmenté leur mérite. »

À la guerre comme à la guerre, Vincent-Nicolas n’est pas encore au bout de ses peines! Le 24 janvier 1666, les capitaines de Lafouille, Maximy et Loubias se retrouvent aux Trois-Rivières avec leurs hommes. Le lendemain, journée extrêmement froide, les trois compagnies se mettent en marche à travers le Lac Saint-Pierre afin de se rendre au Fort Richelieu. Quelques soldats, dont les jambes sont tailladées par les glaces ou dont les mains et les bras commencent à geler, doivent rebrousser chemin. Le 30 janvier, toute l’armée part du fort Sainte-Thérèse pour aller attaquer les bourgades des Agniers, mais la guerre fera moins de victimes que la faim et le froid.

Habitant de l’Île d’Orléans

Une fois le conflit terminé, le soldat BOISSONNEAU sera du nombre de ceux qui accepteront de demeurer dans la colonie. Il reçoit donc les cent francs que le Roy lui offre pour l’aider à s’installer et attend patiemment que le souverain lui délègue l’une de ses « filles ». Entretemps, il décide de s’établir dans l’Île d’Orléans qu’il connaît bien car il y a déjà été cantonné avec sa compagnie.

Le 18 octobre 1669, Vincent-Nicolas a découvert celle dont il veut faire la reine de son foyer. En l’église Sainte-Famille, il épouse Anne COLIN en présence de deux co-paroissiens: Pierre Roche et Pierre Garant. Une semaine plus tard, le notaire Romain Becquet rédige son contrat de mariage. Le tabellion note que l’époux, habitant de l’Île d’Orléans  de la paroisse Saint-Seurin au bourg de Mortagne, évêché de Saines. L’épouse est née à Sainte-Croix de Sens, en Orléanais. Anne apporte des biens estimés à 200 livres plus un don de 50 livres du Roy.

Parmi les invités à la signature du contrat, on remarque Marie-Barbe de Boullogne, veuve de l’ancien gouverneur général Louis d’Ailleboust; Anne Gasnier, la grande protectrice des « filles du roi », veuve de Jean Bourdon, ancien procureur du roi au Conseil souverain; Étienne Blanchon dit Larose, Philippe de Poitiers, Nicolas Droysy, Gilles Dutarte, Jean-Baptiste Gosset, etc. Durant les années qui suivent son mariage, on n’entend guère parler de Vincent-Nicolas. L’ancêtre consolide son emprise sur le lot qu’il n’a probablement pas encore acquis en bonne et due forme.

Le 7 avril 1674, il prend à bail une terre appartenant à Simon Rocheron. Vers la même époque, il acquiert de Guy Boidin, dit St-Martin, un autre membre de la compagnie de Maximy, une terre de trois arpents de front sis à Saint-Jean de l’Île d’Orléans, entre celle de Méry Blouin et de Jean Brochu. C’est là que l’ancêtre installera sa famille de façon définitive. C’est la terre ancestrale.

Le recensement de 1681 révèle que BOISSONNEAU, alors âgé de 44 ans et sa femme de dix ans sa cadette, possède dans le comté de Saint-Laurent (trois bêtes à cornes et cinq arpents en valeur). La famille a déjà été décimée par le tragique incendie de 1678, mais seulement trois enfants sont mentionnés alors qu’en réalité il en a quatre: Élizabeth 11 ans, Jeanne 9 ans, Jean 2 ans, Jacques 2 mois. Les arpenteurs Villeneuve et de Catalogne indiqueront son emplacement sur leurs cartes publiées respectivement en 1689 et en 1709.

Tantôt Vincent, tantôt Nicolas

Fait curieux, BOISSONNEAU se fait tour à tour appeler par l’un ou l’autre de ses prénoms, quoique celui de Vincent prédomine dans les actes notariés. Le 1er août 1707 (11), il rappelle son fils Jean déjà établi à Yamachiche afin de lui faire donation de deux des trois arpents acquis de Boidin, 33 ans plus tôt. Il est clair qu’en cédant à son aîné les deux tiers de son bien, y compris une maison et du bétail, il veut que Jean soit le soutien de sa vieillesse. La terre de Saint-Jean demeurera propriété de la famille BOISSONNEAU jusqu’au début du XIXe siècle.

Une bonne douzaine d’enfants

Vincent BOISSONNEAU et Anne COLIN vivront jusqu’à un âge passablement avancé. Ils seront inhumés à Saint-Jean, lui le 14 septembre 1715, à environ 80 ans; elle le 29 juillet 1719, à quelques 75 ans. Ils avaient été les parents d’une bonne douzaine d’enfants.

* D’après « Nos Ancêtres Tome 7 » de Jacques Saintonge, Sainte-Anne de Beaupré, 1983

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