Dief, the chief


À Ottawa, le Premier Ministre Saint-Laurent dirige bien. Le Canada croît, mais les provinces ne participent pas toutes à la croissance à cause des iniquités locales et des disparités régionales. Les Canadiens savent que l’entraide mutuelle est nécessaire pour éviter l’éclatement du pays et ils acceptent le principe de partage des richesses. Ils sont généreux. Saint-Laurent réussit à faire voter la loi pour l’établissement d’un système de péréquation fiscale pour les provinces, malgré une opposition considérable. En somme, les plus riches comme l’Ontario paieront des impôts qui seront versés aux plus pauvres comme le Québec. Ce système tend à placer à long terme toutes les provinces dans une situation d’égalité. Cette législation donne un caractère national aux Canadiens. Le Québec est en accord avec ce système de partage des richesses car Duplessis reconnaît que sa province se transforme petit à petit, d’une société rurale et sectaire à une société urbaine et laïque. Il garde l’esprit ouvert et nonobstant ses luttes autonomistes, accepte de telles initiatives fédérales.

Les réformes sociales continuent et des améliorations importantes sont apportées aux pensions de vieillesse et à l’assurance santé. Le Canada joue un rôle prépondérant pour régler la crise de Suez en 1956 et fournit des soldats en Corée pour la force des Nations-Unies. Saint-Laurent paie les dettes de guerre et les Canadiens profitent d’une prospérité économique. Tout va très bien pour les libéraux, leur popularité se maintient et l’avenir est rose.

Puis survient le débat sur la construction d’un pipeline devant transporter le gaz naturel de l’Alberta au centre du pays. Trois ans auparavant, la compagnie Trans Canada Pipe Lines demande un permis pour construire un pipeline de 3,521 kilomètres. Le gouvernement accepte à condition que la compagnie démontre qu’elle dispose du financement nécessaire pour ce projet d’envergure. La compagnie réalise vite que le projet est trop onéreux pour ses capacités financières et demande l’aide du gouvernement qui refuse, en particulier parce que TCPL est détenue en partie par les Américains. Le ministre CD Howe, l’éminence grise du gouvernement, est un homme à la réputation d’efficacité et de bon réalisateur de projets. Il propose qu’une société d’État soit créée pour construire la partie non rentable du pipeline depuis le Manitoba jusqu’au nord de l’Ontario et ensuite qu’elle le loue à la TCPL. Pour les opposants au projet, il s’agit d’un moyen détourné pour aider financièrement la TCPL. Par ailleurs, celle-ci propose d’acheter le conduit pour construire le pipeline d’une entreprise américaine et, pour la payer, offre de céder des droits de propriété dans TCPL. Cette proposition doit être acceptée avant le 7 juin 1956. La part américaine montera ainsi à 75 % du projet.

Le projet démarre mal. Une partie du pipeline devait passer au Minnesota mais le gouvernement des USA tarde à approuver le projet. Le 8 mai, CD Howe propose un prêt de 90 % des coûts pour la construction du pipeline entre l’Alberta et le Manitoba. Il ne reste qu’un mois avant l’échéance du 7 juin pour l’adoption du projet de loi autorisant ces ententes.

L’opposition grandit et secoue la Chambre des communes. Le 14 mai, une nouvelle du journal Globe and Mail annonce que le gouvernement entend utiliser la motion de clôture pour forcer l’adoption immédiate de la loi. L’opposition proteste et la qualifie de trahison. Le 24 mai, avant même qu’elle soit adoptée, le gouvernement autorise TCPL à commencer les travaux. La lutte au parlement devient impitoyable. Le PC et le CCF s’unissent et engagent une obstruction systématique pour empêcher le dépôt du projet de loi et le vote des députés. Le 6 juin, elle est adoptée suite à la motion de clôture du débat. Elle est rapidement entérinée par le Sénat et reçoit la sanction royale le 7 juin, six heures avant l’expiration de l’offre.

George Drew, le chef de l’opposition, propose une motion de blâme envers le président de la Chambre des communes pour avoir «subordonné les droits de la Chambre aux volontés du gouvernement». La motion est battue mais le mal est fait. Les libéraux deviennent la cible des Canadiens pour le manque de démocratie au Parlement. Leur avenir est soudainement devenu moins rose.

Drew a des problèmes de santé et se voit contraint de démissionner. Le parti progressiste-conservateur du Canada fixe un congrès pour le choix du nouveau chef au 14 décembre 1956.

John George Diefenbaker, dit Dief, est un tribun extraordinaire. Né en Ontario, il y grandit jusqu’à l’adolescence et part avec ses parents qui s’établissent en Saskatchewan. Soldat de la 1ière guerre mondiale, il revient du front pour pratiquer le droit et montre un grand intérêt pour la politique. Il est candidat plusieurs fois au fédéral, au provincial et à la commission scolaire, mais sans succès. Après sept défaites consécutives, il entre finalement à la Chambre des Communes comme député progressiste-conservateur en 1940. Son style populiste lui attire les faveurs de son électorat et il est remarqué par ses confrères députés. C’est un batailleur qui non seulement défend bien les causes des agriculteurs de l’Ouest, mais démontre aussi beaucoup de compassion pour les pauvres de la société.

Suite à sa défaite au congrès de leadership qui élisait Drew, Diefenbaker attend patiemment son tour. Dès l’annonce du nouveau congrès, il saute dans le ring et offre son leadership aux délégués du parti. Il gagne au premier tour de scrutin et remporte 774 délégués sur les 1,284 présents. Claude regarde avec intérêt le congrès à la télévision et espère bien un jour pouvoir participer à de telles manifestations de son parti.

Saint-Laurent déclenche une élection générale au Canada pour le 10 juin 1957.

Claude a suivi de près tout le débat sur le pipeline de l’Ouest et voit, tout comme ses concitoyens, la possibilité d’une victoire du PC pour la première fois depuis 22 ans. Il œuvre ardemment durant la campagne au comité central de l’organisation du parti pour le Québec, dirigé par Charles Paré. Malheureusement, il estime que tout est organisé à la bonne franquette. Malgré ce désappointement, il remplit toutes les tâches que l’on veut bien lui confier. Il est, entre autres, orateur dans plusieurs comtés dont celui de Saint-Hyacinthe – Bagot où Théogène Ricard, ami de Daniel Johnson, est le candidat. Une des premières sorties politiques de Manon est d’accompagner Claude qui parle pour ce dernier. De plus, il assiste le comité organisateur de la tournée du chef au Québec et collabore à la mise en place de sa grande assemblée à Montréal.

Le soir des élections, à la surprise générale, le parti progressiste-conservateur remporte le plus de sièges à la Chambre des communes. Avec seulement 38,9% des voix, le PC a gagné 112 comtés. Les libéraux en remportent 105, le CCF 25 et le Crédit Social (de l’Ouest) 19. Le Québec a donné neuf députés à Diefenbaker et c’est suffisant pour lui permettre d’avoir sa pluralité de sièges.

Les comtés de Bonaventure, Gaspé, Jacques-Cartier–Lasalle, Label-le, Lotbinière, Nicolet–Yamaska, Notre-Dame-de-Grâce, Saint-Hyacinthe–Bagot et Trois-Rivières avec Léon Balcer ont voté «bleu». «Du bon bord» comme Claude aime à dire. Dans Verdun, le libéral Yves Leduc a défait aisément le PC Harold Monteith, ami de la famille Dupras. Dans Villeneuve, Réal Caouette est deuxième en arrière du libéral. Dans Chapleau en Abitibi, l’ami de Claude, le PC Jean-Jacques Martel, est venu à 360 votes de la victoire. Le Premier Ministre Saint-Laurent est réélu dans son comté ainsi que Jean Lesage.

Au lendemain de l’élection, Louis Saint-Laurent constate les sentiments de la nation et décide de laisser la place à John George Diefenbaker. Celui-ci est appelé par le gouverneur général à former son gouvernement et est assermenté Premier Ministre du Canada le 22 juin.

Claude est très heureux et fier. Il ne croyait jamais voir le jour où son parti serait au pouvoir à Ottawa tellement les libéraux étaient puissants, bien organisés et forts au Québec suite à l’affaire Riel et aux politiques favorables à la conscription défendues si ardemment par les chefs conservateurs passés. Claude ne pouvait s’imaginer que les Canadiens français changeraient de cap. Ils ont montré dans cette élection un mouvement en faveur de son parti et pour lui c’est de bon augure. Il vient de comprendre que le pouvoir est éphémère.

Le nouveau gouvernement ne durera pas longtemps. La popularité de Dief the chief, comme aiment à l’appeler les PC anglophones du parti, atteint rapidement de nouveaux sommets et cela influence les PC à préparer une nouvelle élection générale afin d’obtenir une majorité. Diefenbaker fait des discours importants aux Nations-Unies, devant le Commonwealth, traite des relations Canada–USA au collège Dartmouth du New Hampshire. Le parlement est inauguré par la reine Elizabeth II mais n’adoptera rien de majeur. Diefenbaker maintient de bonnes relations avec Duplessis et se montre compréhensif en rapport avec le transfert de points d’impôt du fédéral à la province.

Les libéraux de leur côté lèchent leurs blessures. Suite à la démission de Louis Saint-Laurent, qui prendra une retraite bien méritée parmi les siens, ils élisent, à leur congrès de leadership de janvier 1958, Lester B. Pearson, le prix Nobel de la paix. C’est un grand homme qui a fait sa marque dans le monde comme ministre des affaires extérieures du Canada sous Saint-Laurent. Il a un péché mignon, il est un amateur invétéré de baseball. Claude a beaucoup de respect pour cet homme et lui aussi aime ce sport.

Le 1er février 1958, Diefenbaker appointe au Sénat James Gladstone un indien des Premières Nations et le même jour, dissout le parlement. Il choisit le 31 mars 1958 comme date de la prochaine élection générale au pays.

La bataille pour le pouvoir majoritaire est engagée et, pour l’obtenir, Diefenbaker doit augmenter appréciablement son nombre de sièges au Québec car rares sont les gouvernements qui ont pu obtenir la majorité avec seulement les comtés hors-Québec. Duplessis met discrètement la machine de l’Union Nationale au service de Diefenbaker.

Charles Paré se remet à l’œuvre et cette fois son organisation est mieux structurée. Dès les premiers jours, il appelle Claude pour le convoquer à son bureau. Celui-ci s’attend à avoir une tâche spécifique et importante durant la campagne. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il entend Paré l’inviter à être candidat du PC dans Verdun ! Claude est étonné, flatté et se montre intéressé d’autant plus que quelques-uns de ses amis seront candidats dans cette élection pour le parti dont l’avocat Maurice Johnson dans Chambly. Il demande à Paré une semaine pour réfléchir. Paré fixe la convention pour le choix du candidat dans dix jours. A première vue une carrière politique intéresse Claude. Il a appris à aimer ce milieu et aime les émotions qu’il ressent lorsqu’il y est impliqué. Rien pour lui ne semble plus difficile que faire de la politique, se faire élire et pouvoir garder la confiance de ses commettants. Par contre, il a maintenant une famille et sait que la politique n’est pas très rémunératrice. Il a aussi sa nouvelle profession d’ingénieur qui le tente. Entrer en politique veut dire la mettre de côté et laisser passer des années avant d’y revenir. Cela peut être difficile. Il n’a presque pas de sous et le salaire qu’il gagne est actuellement tout dépensé pour installer et faire vivre sa famille. Il y a aussi le temps à passer à l’extérieur de la maison loin de la famille puisque le parlement est à Ottawa. Il va y réfléchir mais il a le goût.

Il en parle à Manon qui lui dit qu’il est libre de prendre sa propre décision. Cependant, elle craint que l’éloignement de la famille ne soit dans l’intérêt de personne. Il en parle à Charles-Émile et Antoinette. Son père est d’accord et heureux qu’il ait cette opportunité. Antoinette ne veut pas trop se prononcer mais Claude ressent qu’elle aimerait mieux qu’il développe sa vie d’ingénieur et s’occupe de sa famille. Claude aborde avec eux, le problème qu’il aura avec Harold Monteith, un ami de la famille. Ce dernier a été le candidat du parti dans Verdun aux deux dernières élections fédérales et a vu sa position s’améliorer considérablement. Il aurait peut-être une chance de gagner cette fois et voudra sûrement être candidat à la convention car il a des appuis. Charles-Émile promet de lui en parler mais si Monteith insiste pour se présenter, il ne pourra rien faire. Paré de son côté ne semble pas avoir de problèmes pour régler le cas de Monteith. Claude continue son investigation et la majorité de ses amis est favorable. Ils disent presque tous la même chose «c’est le temps», ce qui indique à Claude que les PC semblent grands favoris. La semaine est vite passée et Claude rencontre Paré pour lui dire qu’il a de la difficulté à prendre une décision. Celui-ci lui résume la situation, montre à Claude les récents sondages internes du parti, lui décrit la campagne qui se fera au Québec (l’accent sera sur Diefenbaker sans mentionner le nom du parti avec le slogan «c’est le temps pour un gouvernement Diefenbaker!» etc. etc. Finalement, sur un coup de cœur, Claude dit: «OK, j’embarque». Paré se montre satisfait et lui conseille de se préparer pour la convention.

Claude annonce à Manon sa décision et elle l’accepte. Il appelle son ami le jeune avocat Gilles Legault qu’il a connu à l’AGEUM et en est devenu le président. Gilles est de Verdun et Claude lui demande de bien vouloir le présenter à la convention. Gilles accepte. Le jour arrive. Claude est soucieux. A-t-il pris la bonne décision? Il tourne tous les arguments dans sa tête et plus il réfléchit, plus il doute. Son discours est prêt. Son organisation est en place. Mais il est inquiet. Que faire ? Comment être sûr de prendre la meilleure décision à 26 ans au début de sa vie de famille et de sa carrière d’ingénieur ? Tout à coup, il pense à deux personnes qu’il respecte et qui sûrement sauront lui donner le bon conseil, le directeur Gaudefroy et le président Brouillet, de Polytechnique.

Il appelle à l’École et prend rendez-vous avec chacun. A 14:00 il se trouve dans le bureau du directeur et lui explique son dilemme. Gaudefroy, fier serviteur de Polytechnique, l’écoute attentivement. Il est heureux que Claude l’ait appelé pour une décision aussi importante et comprend pourquoi il est si indécis. Il affirme qu’une telle décision à son âge n’est pas facile à prendre. Il ajoute que servir son pays et ses concitoyens est une tâche noble qui apporte beaucoup de satisfaction. Il dit qu’il n’y a pas suffisamment de bonnes personnes en politique et que si un ingénieur veut en faire une carrière, il ne peut s’y opposer. Il est en faveur. Claude est rassuré, le remercie, puis passe au bureau du président de la corporation de Polytechnique.

Claude fait le même résumé de sa situation à Brouillet. Celui-ci, commence par deux questions: la première, «Êtes-vous indépendant de fortune ?» et la deuxième, «Avez-vous des regrets d’avoir choisi une carrière d’ingénieur ?». Claude lui répond non pour chacune. M. Brouillet dit ne pas comprendre alors pourquoi il hésite car pour lui la réponse est simple. C’est non ! Il ne devrait pas accepter d’être candidat. Il explique à Claude qu’il est jeune, qu’il a tout le temps devant lui pour faire de la politique. À son âge ce qui compte c’est d’avoir une belle carrière d’ingénieur, de gagner des sous pour bien vivre, de s’occuper de sa famille et de réussir. Pour atteindre ses objectifs, il faut mettre tout le temps nécessaire. Il n’est pas en faveur. Claude le remercie et part vers Verdun et la convention qui l’attend dans la soirée.

Il appelle Paré pour lui dire son état d’âme et l’avise que «tout peut arriver ce soir». Paré dit comprendre et lui souhaite bonne chance.

Le soir, Claude est à la salle de l’école Notre-Dame Auxiliatrice pour 19:00. Il a mis son plus beau complet, a son discours dans sa poche, est calme et rencontre plein de gens qui viennent lui souhaiter bonne chance. Son ami Gilles vient à sa rencontre et ils échangent leurs idées et coordonnent leurs discours. Son organisation est présente et tout semble bien se dérouler. Des pancartes avec sa photo sont coude à coude avec celles de Monteith. La réunion commence par des discours des représentants de l’Association. Claude repense aux rencontres dans l’après-midi avec les deux grands hommes de Poly. Il les respecte tous les deux même s’ils ont une position totalement opposée sur sa situation. Il se pose une seule question: lequel a raison? Il voit dans Ignace Brouillet un homme qui a bien réussi dans les affaires, dans sa firme d’ingénieurs-conseils et qui inspire beaucoup de respect. C’est un homme pratique. C’est son conseil qu’il va suivre. Son esprit revient à l’assemblée au moment même où le président de la convention appelle Gilles a venir présenter son candidat. Claude le saisit par la manche et lui dit à l’oreille: «je ne me présente pas». Gilles le regarde stupéfait. Claude se lève et se rend directement au micro. Il improvise un discours et annonce qu’il ne sera pas candidat et appuie la candidature de Harold Monteith. Ses partisans semblent désappointés, mais Claude a vite fait de leur rappeler les services passés de Monteith et la possibilité qu’il a de remporter le comté. Finalement, il s’en tire avec des applaudissements et revient s’asseoir près de Gilles qui lui glisse à l’oreille: «tu as pris une bonne décision». Claude en est satisfait (Manon aussi). Monteith devient le candidat officiel du PC pour le comté de Verdun.

Le lendemain, Claude rencontre Paré, évidemment au courant de ce qui est arrivé la veille à Verdun, qui mine de rien lui annonce, avec un sourire, que cela lui donnera plus de temps pour l’aider dans l’organisation.

La campagne de Diefenbaker va bien et le vent souffle fort au Québec pour les «bleus». Le soir des élections révèle un score inédit pour le PC au Québec. Il remporte 50 des 78 comtés. C’est extraordinaire. Diefenbaker a son gouvernement majoritaire avec un total de 208 députés. La plus forte majorité depuis le début de la confédération. Les libéraux vivent un enfer avec seulement 48 députés. Neuf autres députés sont élus sous une autre étiquette.

Monteith a une majorité de 1,700 votes alors qu’il avait perdu par 9,600 votes neuf mois plutôt et devient député PC de Verdun. Jean-Jacques Martel devient le député PC de Chapleau. Maurice Johnson est député PC de Chambly. Jean Lesage garde Montmagny–l’Islet par seulement 700 votes pour les libéraux.

C’est aussi une grande victoire pour la machine de Duplessis qui a fait la différence dans beaucoup de comtés.

Diefenbaker a beaucoup de députés qui sont du «matériel de ministre» parmi la nouvelle députation du Québec, tels que: Léon Balcer, Egan Chambers, Charles-Édouard Campeau, Jean-Noël Tremblay, Jacques Flynn, Yvon Tassé, Bill Hamilton, Alan Macnaughton, Pierre Sévigny, Noël Dorion et plusieurs autres. Le Québec envoie une équipe très forte à Ottawa.

Un des premiers gestes de Diefenbaker est de faire voter la première loi sur les droits et les libertés des Canadiens.

Après la réélection de Duplessis en 1956, la défaite de Drapeau à cause de l’intervention de Duplessis en 1957 et la victoire des progressistes-conservateurs à Ottawa avec l’aide de Duplessis en 1958, rien ne va plus pour les antiduplessistes. Il ne leur reste plus qu’à se tourner du côté des libéraux.

Par ailleurs, Camilien Houde décède le 11 septembre 1958. Charles-Émile est triste. Il n’oublie pas qu’il a été chef du parti conservateur du Québec et qu’il a toujours bien défendu les droits des Canadiens français. Il se rappelle combien il était flamboyant comme maire de Montréal et combien remarquables ont été ses décisions comme celle de créer le Jardin Botanique de Montréal suite à la suggestion du frère Marie-Victorin, f.é.c. du Mont-Saint-Louis. Il le revoit à la fin de la guerre suite à son incarcération pour avoir dénoncer une loi fédérale demandant l’inscription des jeunes qu’il qualifia de conscription camouflée. Pour Charles-Émile, Camilien fait partie de sa famille. Ses faits, ses gestes, ses malheurs, ses réussites ont été vécus quotidiennement à la maison. Sa mort crée un vide qui fait mal. Claude accompagne son père aux funérailles et monte jusqu’au cimetière de la Côte-des-Neiges où son corps est enseveli sous un monument d’une forme comparable à celui de l’empereur Napoléon aux Invalides à Paris.