Le Jeune Commerce


En 1953, le mouvement par excellence pour les jeunes hommes de la métropole est la Chambre de Commerce des Jeunes du district de Montréal. Elle vise à aider un jeune homme sur le marché du travail à devenir un chef, un leader. C’est son but unique. Le mouvement est international et est connu sous le nom de Junior Chamber International, le JCI. En Amérique, on les appelle les Jaycees. C’est un mouvement populaire qui attire beaucoup de jeunes hommes. Au Québec, il y a des jeunes chambres dans une soixante de villes et villages importants réunis dans la Fédération des JCC du Québec. A Montréal, elle est très importante et compte parmi les trois associations qui attirent le plus l’attention du public Canadien français. Derrière la Société Saint-Jean-Baptiste et la Chambre de Commerce de Montréal se trouve la Jeune Chambre qui est au milieu de toutes les activités politiques et sociales de la métropole. Fondée en 1931, elle a rendu de bons services à un grand nombre de jeunes Montréalais, quelque soit leur milieu.

Ses anciens présidents sont des hommes connus qui ont acquis ou développé leur qualité de leadership au Jeune Commerce et qui n’hésitent pas à en témoigner. Parmi eux: Paul Dozois, un homme d’affaires, siège au conseil exécutif de la Ville de Montréal et aime raconter qu’à sa première réunion à la Jeune Chambre, au moment de se lever pour se nommer, il n’avait pu donner son prénom tellement il était gêné de parler en public; Maurice Custeau, qui est directeur de l’Office National du film à Montréal et le directeur gérant général adjoint du nouveau Palais du Commerce à Montréal, est un organisateur hors pair et aime créditer la Jeune Chambre de lui avoir permis de développer ses qualités d’organisateur en lui confiant des tâches importantes à un jeune âge; Raymond Daoust est l’avocat criminaliste le plus connu au Québec et aime dire et redire que la Jeune Chambre lui a donné l’assurance nécessaire lorsqu’il se lève en cour pour défendre un client. Ce sont trois des 17 présidents qui ont dirigé la Jeune Chambre jusqu’en 1953, au moment où Régent Desjardins devient le nouveau président.

Ce dernier entreprend une grande campagne de recrutement qu’il place sous la gouverne de l’ingénieur Laurent Gendron. Il forme son comité et Claude Rouleau en fait partie. Celui-ci recrute ses amis dans son milieu. Un soir, à la sortie du gymnase de Poly, alors que Claude se change rapidement afin prendre le lift que lui offre à toutes les semaines Lévis Sauvé, son professeur d’éducation physique qui vit à Verdun, Rouleau l’approche et l’invite à joindre la Jeune Chambre. Claude ressent une étincelle lorsque Rouleau lui explique que c’est une école pour les futurs chefs. Il s’enregistre sur-le-champ. Quelques jours plus tard, il participe à une rencontre de la campagne de recrutement au Cercle Universitaire de la rue Sherbrooke Est. Il écoute attentivement Desjardins, les orateurs et les anciens présidents parler du passé et de l’avenir du mouvement à Montréal. Très occupé par ses études et ses activités à Poly, il ne participe qu’à quelques activités en cette fin d’année.

Il assiste, entre autres, à un banquet où Duplessis est l’invité d’honneur de la Jeune Chambre. Il apprend alors que Desjardins est un partisan de l’Union Nationale. Ce dernier ne démontre aucune «partisannerie» au niveau de la Jeune Chambre, qui est politiquement neutre, car ses membres se retrouvent dans tous les partis et celui qui s’aventurerait à être partisan, se verrait vitement rabroué sinon rejeté.