Les trésors de la Chine
Les trésors de la Chine ont été maintes fois sauvés du désastre. Dans les années ’30 et ’40, ils ont été protégés des ravages de la guerre civile, de l’agression japonaise, sans compter les inondations, les bandits et les seigneurs de la guerre.
En 1949, la collection originale du palais-musée de Beijing fut divisée en deux. Le personnel du musée aussi. Une partie est aux musées de Shanghai et de Beijing, et l’autre à Taiwan.
Situé au sud de la Place du Peuple, le Musée de Shanghai est un grand musée de l’art antique chinois à l’échelle nationale; il est l’un des quatre plus grands et beaux musées Chinois. Le musée est réputé pour la richesse et la délicatesse de ses collections. C’est un musée d’histoire très moderne: salles spacieuses et éclairages dernier cri. La partie supérieure est de forme ronde tandis que la partie inférieure est de forme carrée, ce qui correspond à l’idée traditionnelle de la Chine antique : « le Ciel est rond et la Terre est carrée ».
La culture chinoise est le résultat de la fusion et de la collaboration de nombreuses nationalités. Au cours de sa longue histoire, les minorités nationales ont créé leurs propres cultures hautes en couleurs. Des vêtements aux textiles, produits de métal, sculptures, poteries, laques et produits en bambou, les styles exotiques de leurs œuvres nous donnent une idée générale de la créativité et de la passion de la vie de ces groupes ethniques.
Les différentes salles dévoilent l’histoire de la Chine au travers de bronzes antiques, de sculpture chinoise, de céramiques de Zande Lou ou de calligraphies. Des objets historiques sont aussi exposés: pièces de monnaie, vêtements, mobilier, sceaux, peinture… La collection d’anciennes céramiques est un trésor.
Couvrant une surface d’exposition de 12 000 m², le musée conserve 120,000 pièces précieuses antiques classées en 21 catégories.
Vu de loin, le bâtiment du musée s’apparente à un ustensile en bronze chinois. Haut de 29,5 mètres. le musée possède 6 niveaux dont 1,5 en sous-sol, se divisant en six parties : la zone ouverte, la zone d’entrepôt, la zone académique, la zone de recherche scientifique, la zone d’administration et la zone technique. On y trouve douze salles d’expositions thématiques dont:
La Galerie de l’ancienne Sculpture chinoise où se concentrent principalement les sculptures bouddhistes.
Le rez-de-chaussée est en forme de « T » renversé, destiné à exposer les sculptures, surtout bouddhistes, et les ustensiles en bronze antiques chinois;
Le 1er étage est destiné à exposer les poteries antiques chinoises. Parmi plus de 500 pièces, on retrouve des œuvres de différentes dynasties, comme la poterie peinte et grise à partir de l’âge néolithique, des céladons primitifs des états de Shang, Zhou et autres, des céladons de la dynastie Han d’Orient, de la célèbre poterie émaillée tricolore (bleu, blanc et noir satiné) de la dynastie Tang, de la porcelaine peinte de la chanson Jin et Liao et les œuvres brillantes de Jingdezhen et de Jiangxi des dynasties Yuan, Ming et Qing.
Au 2ème étage, au sein de la partie carrée du bâtiment, on expose les calligraphies, les peintures traditionnelles chinoises et les sceaux impériaux des empereurs de toutes les dynasties. Les peintures et les calligraphies chinoises ont des traditions profondes et des styles nationaux uniques. Des chefs-d’œuvre de différentes époques et genres sont présentés. Première en son genre, la galerie des sceaux Chinois reflète l’importance des sceaux dans l’histoire de la dynastie Zhou de l’Ouest à la fin de la dynastie Qing.
Au 3ème étage, au sein de la partie ronde du bâtiment, on retrouve les pièces de monnaies de toutes les dynasties, les objets en jade antiques, les meubles des dynasties des Ming et des Qing et les produits artistiques artisanaux des ethnies minoritaires chinoises. Les dynasties Ming et Qing furent l’âge d’or du mobilier chinois. La galerie présente une résidence-jardin de l’époque. Même une simple chaise démontre la culture et l’étiquette chinoises. La Chine est l’un des premiers pays à utiliser la monnaie, et les quelques 7,000 pièces dans la galerie des pièces de monnaie chinoises révèlent le développement de la monnaie chinoise et la croissance des échanges économiques entre la Chine et les pays étrangers. Quant au jade de la Chine ancienne, il était à la fois décoration, symbole de richesse et de pouvoir. Il incarnait aussi la moralité parfaite. L’élégance des pièces en Jade brille par ses couleurs de cristal vives et les modèles vivaces choisis.
Toutes les salles d’exposition sont équipées de matériels informatiques de présentation qui offrent aux visiteurs divers images et textes professionnels au sujet des antiquités.
Comme dit un proverbe chinois, il est préférable de voir par soi-même que de l’entendre à plusieurs reprises. Le musée de Shanghai incite les visiteurs à voir et à apprécier la culture chinoise. A défaut d’y être, je présente ici des photos des œuvres exposées dans le musée. J’espère qu’elles sauront vous donner un aperçu de l’importance de ce musée pour la Chine et le monde.
Les trésors de la Chine à Taipei
Après avoir été déménagées sur 10000 km par route et eau, ce fut un vrai miracle que le million de pièces antiques de ce trésor n’aient pas été perdues. Les membres du personnel du musée qui ont protégé ces antiquités durant l’odyssée de 16 ans, à travers les montagnes chinoises, sont morts au travail. Quelques uns de leurs enfants qui y participèrent survivent et continuent leur besogne dans les musées de Beijing et de Taipei.
Les collections de ce trésor ont été originalement réunies durant les siècles qui couvrent la Dynastie Song (960-1276) et la dynastie Qing (1644-1911). En 1924, l’État chinois expulsa la famille impériale de la cité interdite et déclara que les collections devenaient «propriété nationale».
Suite à l’invasion du Japon en 1931, le gouvernement craignit que les pièces antiques soient détruites ou apportées au Japon. Il les emballa dans 19,000 boites de bois et les transféra à Nanjing, la nouvelle capitale. En 1937, alors que les japonais prirent Nanjing, la collection fut divisée en trois (le personnel aussi), envoyée sur des routes différentes et cachée dans des entrepôts, des bibliothèques, des vieux coffre-forts de banque, près des temples bouddhistes…
Après la reddition du Japon en 1945, tous les trésors revinrent à Nanjing protégés par Tchang Kaï-chek. Mais en 1948, la victoire communiste devenant probable, ce dernier ordonna que les pièces antiques de plus grande valeur soient envoyées à Taïwan. Il y transféra aussi les réserves d’or de la nation chinoise avant d’y trouver personnellement refuge avec 2 millions de ses hommes. La majorité des tableaux de la collection impériale se retrouvèrent à Taipei ainsi que 20% de la collection. Les trésors furent stockés dans des caves pour de longues années de crainte de bombardements par la Chine communiste de Mao Tsé-toung. Ce n’est qu’en 1965, après l’ouverture du palais-musée national de Taipei, que les pièces furent déballées et exposées. Les experts sont d’accord pour confirmer que ce sont les meilleures pièces qui sont présentées dans ce palais-musée de la capitale de Taiwan.
Les dirigeants chinois ont toujours pensé que la collection des pièces antiques de leur pays était le meilleur outil pour valider leur pouvoir. Aujourd’hui, il n’est plus question de réunir les deux parties de la collection. Les autorités des musées de Beijing (incluant celui de Shanghai) et de Taipei, aimeraient bien présenter une exposition commune en rapport avec le cheminement des trésors impériaux durant la période décrite ci-haut. Mais, il n’est pas question, pour l’instant, d’envoyer quelqu’objet que ce soit dans l’autre musée, de crainte qu’il ne revienne pas.
Par contre, le gouvernements de Chine permet depuis récemment aux Chinois de visiter Taïwan. C’est par milliers, chaque jour, qu’ils entrent à Taïwan et leur intérêt premier est de voir les trésors antiques des dynasties passées au palais-musée de la Taipei.
Plusieurs photos des pièces exposées à Taipei, font partie de mon photoreportage « Taiwan ».
Claude Dupras
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