Perú


La quête du mythique Eldorado a attiré au Perú des conquistadors assoiffés de richesses et de pouvoir. Près de cinq siècles plus tard, les légendes de trésors incas courent encore les calles du Pérou, mais ce n’est plus l’or qui fascine aujourd’hui les aventuriers : c’est la pierre, dressée en montagnes altières, creusée en vallées sacrées, débitée en murs aux pavés parfaitement joints, témoins du savoir-faire des Incas.

C’est aussi l’incalculable richesse humaine, physique et culturelle du Pérou que l’on découvre. Bien évidemment, il y a le Machu Picchu et Cuzco, l’ancienne capitale de l’Empire inca. Mais en y regardant de plus près, on y découvre les vestiges d’autres civilisations qui peuplèrent la région avant l’empire du Soleil : les Nazcas, les Huaris, les Mochicas, les Chimú.. Sans oublier les fêtes et cérémonies en pagaille, mêlant croyances catholiques et anciens rites précolombiens.

Entre la côte sableuse et désertique du Pérou, baignée par le froid courant de Humboldt, où se sont épanouies les civilisations nazca et autres, les magnifiques sommets de la cordillera Blanca, avec toutes ses possibilités de randonnées, les steppes arides de l’altiplano peuplées de lamas et vigognes et l’« enfer vert » de la forêt amazonienne, on s’étonne à tout ce que l’on découvre dans ce pays exotique. C’est l’aventure !

Le Perú

Le Perú, Pérou en français, est situé à l’ouest de l’Amérique du sud. Entouré par l’Équateur, la Colombie, le Brésil, la Bolivie, le Chili et l’océan Pacifique, il est le troisième plus grand pays du sous-continent par sa superficie de 1 285 220 km² avec 2 414 km de côtes sur l’est du Pacifique. Il a plus de 30 millions d’habitants.

Sa capitale, Lima, est une vaste aire urbaine de 10 millions d’habitants. Nommée « la Ville des Rois » par le conquistador espagnol Francisco Pizzaro, il y a 400 ans, cette même ville qui autrefois surgit sur les terres du dirigeant indigène Taulichusco, est aujourd’hui une métropole qui respecte son ancienne et noble tradition.

Historiquement importante, la ville de Cusco, d’où partit l’empire Inca, est située dans la vallée du fleuve de Huataney au sud-est des Andes. Elle a 400000 habitants et a été construite à 3400 m d’altitude dans la forme d’un énorme puma.

La principale langue parlée est l’espagnol, suivie du quechua et de l’aymara.

Le nuevo sol (nouveau sol) est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991.

Le nom

Le nom Perú dérive de Birú, dénomination d’un cacique dont les territoires étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’Empire Inca en 1532, emploieront le nom Perú pour désigner les nouvelles terres conquises.

L’histoire

Les premiers vestiges de présence humaine au Perú sont découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère. Les populations, pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de

Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Caral, la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde, est fondée. Divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue et des quipus (cordelettes à nœuds). C’est grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, faisant partie de l’ensemble de sites archéologiques qui auraient abrité la première civilisation américaine.

Les cultures de la période dite « horizon de formation » (2700-200 avant notre ère) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (1800-300 avant notre ère), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Au plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures.

L’effondrement de la culture chavín ira de pair avec l’affirmation des pouvoirs régionaux. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent ses propres modèles de développement culturel, n’ouvrant ses frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (200 avant notre ère à 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (100-700) l’une de plus importantes organisations politiques de l’ancien Perú.

L’empire Inca

La période impériale, aussi appelée «règne des belligérants», succède au déclin de la civilisation Huari, la dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement leurs voisins apparaissent. Dans ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Ils étaient, probablement, une tribu guerrière quechua du sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras. L’empire naissant se distingua par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca. Il devint un des empires les plus remarquables dans l’histoire de l’humanité.

La véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire inca qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifeste avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat. Il réussit à réaliser l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserve l’unité géographique de l’empire en développant un gigantesque réseau de routes; puis il fait son unité linguistique en imposant le quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forme l’unité politique impériale. En même temps, il crée une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état de provinces, il établit un système de « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.

À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui (1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac (1527), les frontières de l’Empire Inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayn Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier parvient à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadores arrivent au Perú.

 

Machu Picchu

Le nom signifie «vieille montagne» en quechua. Machu Picchu est une ancienne cité inca (llacta) du XVe siècle perchée sur un promontoire rocheux qui unit les monts Machu Picchu et Huayna Picchu sur le versant oriental des Andes centrales.

Selon des documents du XVIe siècle, Machu Picchu aurait été construit comme une des résidences de l’empereur Pachacutec à partir de 1440. Cependant, quelques-unes des plus grandes constructions et le caractère cérémonial de la principale voie d’accès à la cité démontreraient que le lieu fut aussi utilisé comme sanctuaire religieux. La cité dut avoir une population variable, comme la majorité des cités incas, entre 300 et 1000 habitants appartenant vraisemblablement à une élite. Le travail agricole était effectué par des colons qui venaient de différents lieux de l’empire.

La ville ne peut justifier le mythe de la « cité perdue » ou du « refuge secret des empereurs incas ». Les vallées avoisinantes formaient une région densément peuplée qui avait augmenté de façon spectaculaire sa production agricole à partir de l’occupation inca. Les Incas construisirent à Machu Picchu de nombreux centres administratifs, les plus importants étant Patallacta et Quente[10], et des complexes agricoles avec des cultures en terrasses

Machu Picchu dut perdre en partie son importance à cause du désintérêt des empereurs successifs et aussi à cause de l’ouverture d’un chemin plus sûr et plus large entre Ollantaytambo et Vilcabamba, ce qu’on appelle aujourd’hui la vallée des Incas.

La ville sacrée Machu Picchu, oubliée pendant des siècles, est considérée comme une œuvre maîtresse de l’architecture inca. Elle fut dévoilée au monde le 24 juillet 1911 par l’archéologue américain Hiram Bingham de l’Université Yale.

Ses caractéristiques architecturales et le voile de mystère qui la couvre en ont fait une des destinations touristiques les plus prisées de la planète. Depuis 1983, le site est sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Machu Picchu se trouve menacé de dégradations du fait de la fréquentation touristique. Un quota de visiteurs journaliers a été fixé à 2 500 personnes par jour. La réservation est désormais impérative en été

La conquête espagnole

Lorsque les troupes espagnoles de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’empire Inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l’empereur Atahualpa et le fit exécuter. Ce n’est que quarante ans plus tard que furent brisées les dernières tentatives de résistance: le dernier Inca de Vilcabamba, Tupac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.

Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Ils devaient également être christianisé. En tant que gouverneur du Perú, Pizarro abusa de l’encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées de travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro. En 1543, le roi espagnol Charles Quint, pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores, envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca parvint à restaurer l’ordre et exécuta Gonzalo Pizarro. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.

Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l’État colonial et fonda les «cités d’Indiens» où ils furent regroupés. Au niveau local, les curacas devinrent l’autorité. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc indiquait qu’il y avait 12 millions d’habitants dans l’Empire Inca. le recensement du vice-roi Toledo, 45 années plus tard, montrait qu’il en restait 1,1 millions. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d’un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d’origine inca. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.

Après l’établissement de la vice-royauté, le Perú devint l’une des premières sources de richesse pour l’Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535, devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l’Amérique du Sud à l’exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l’Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l’isthme de Panama avant d’arriver à Séville, en Espagne.

Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l’administration d’un territoire si immense, la structure politique coloniale fut réformée. En 1717, la «Vice-royauté de Grenade» fut formée et regroupa: la Colombie, l’Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, la «Vice-royauté du Río de la Plata» vit le jour, elle regroupait: l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l’Uruguay.

L’indépendance

Entre 1780 et 1781, la «Vice-royauté du Perú» connut la plus violente insurrection de son histoire. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, Amaru fut écartelé et décapité à Cuzco, mais devint, pendant le XXe siècle, une figure importante de la lutte pour l’indépendance et la liberté.

Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement de propriétaires terriens d’origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s’empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l’indépendance du Perú par rapport à l’Espagne. L’émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d’Ayacucho. Après la victoire, une scission sépara le pays en Haut-Perú resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Perú (le Perú actuel).

Les conflits frontaliers entre le Perú et l’Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995.

Malgré la domination d’une oligarchie de propriétaires terriens, l’esclavage des noirs et le tribut des indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le fertilisant guano du Perú, récolté sur les côtes par des compagnies privées ou publiques, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial. La vie politique était alors une succession de périodes démocratiques, de coups d’État et de dictatures.

L’Espagne n’abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sudaméricaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du Perú en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Perú la consolidation de son indépendance.

La politique

Le Perú est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine». La constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral.

Le pouvoir exécutif est assuré par le président et le vice-président. Ils sont élus ensemble pour cinq ans, au suffrage universel direct. Depuis novembre 2000, ils ne peuvent pas être réélus consécutivement. Le président est à la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement. Il est également le commandant en chef des forces armées, mais ne peut déclarer la guerre sans l’autorisation du Congrès. Il nomme les membres des cabinets ministériels. Le président du conseil des Ministres est désigné par le président de la République. Il réside à la Maison de Pizarro, le Palais du Gouvernement.

Le pouvoir législatif est exercé par le Congrès de la Nation, composé de 120 membres élus pour cinq ans, en un tour, le même jour que l’élection présidentielle. La Cour suprême est la plus haute instance du système judiciaire péruvien.

Le 7 septembre 1955, le Congrès promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.

Les partis politiques sont les suivants: Partido Aprista Perúano (APRA) : social démocrate appartenant à l’Internationale socialiste; Parti nationaliste péruvien (PNP), la plus importante force gauchiste du Perú; Parti Nationaliste Péruvien; Unión por el Perú (UPP), est un parti politique de centre-gauche; Unidad Nacional (UN), coalition chrétienne-socialiste de centre; Alianza por el Futuro (AF), coalition de partis politiques néolibéraux.

Au Perú, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.

Le 19 novembre 2002, le Perú adopta la «loi organique de gouvernements régionaux». Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé. Depuis, le pays est divisé en 25 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte de la région de Lima. Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d’une présidence régionale, d’un conseil et d’un conseil de coordination.

Photos de haut en bas: Tableau de conquistadores Cusco, Cathédrale de Cusco, le sommet des Andes, Machu Picchu, cimetière Paracas, statue de l’inca Pachacutec à Aguas Calientes, site Moray, Machu Picchu, , Couvent de la Merced, ancienne rue de Cusco avec maçonnerie inca, un jeune lama, le palais présidentiel à Lima, la place traditionnel des Incas dite Sacsayhuaman à Cusco.

Sources pour texte: Wikipedia, tourisme Pérou, le Routard, notes personnelles. Photos: Claude Dupras, François Dufresne