Taïwan


Taïwan

Fer de lance de la révolution des dragons asiatiques, Taiwan est associée dans l’imaginaire collectif à ses puces électroniques, ses ordinateurs dernière génération, ses écrans plats ou encore son matériel informatique dernier cri. Il existe bel et bien une Taiwan high tech aujourd’hui en phase avec la révolution multimédia…

Pourtant cette île rebelle, en confrontation ouverte avec la Chine, offre un tout autre visage. Derrière l’image de Taipei, sa capitale moderne et cosmopolite symbolisée par l’inébranlable tour 101, la 2e plus haute du monde (après la Burj Khalifa de Dubaï), se cache une île sauvage où la nature est encore intacte.

Fréquentée majoritairement par des hommes d’affaires, Taiwan est une île contrastée qui s’ouvre progressivement au tourisme international et de la Chine continentale.

La géographie

Recouverte à 70 % de végétation, traversée par la plus haute chaîne de montagne d’Asie du nord-est, à l’exception du Tibet, Taiwan compte près de 1 500 km de littoral très contrastés, avec des falaises dans le Nord-Est et des plages de sable fin dans le Sud. Les marins portugais, qui découvrirent cette île de mer de Chine en 1590, l’ont surnommée « l’île de Formose » (« formosa » signifiant « belle »).

L’ouest de l’île, le long de la plaine côtière entre Taipei et Kaohsiung, est la partie la plus urbanisée et la plus peuplée de Taiwan. Avec son train à grande vitesse, le Taiwan High Speed Train (version taïwanaise du TGV) et ses villes ultra développées, la côte ouest reste la plus moderne.

Changement de décor sur la côte est, plus sauvage et plus traditionnelle. Avec ses falaises abruptes plongeant dans l’océan Pacifique, ses gorges en marbre blanc et noir de Taroko, ses petits villages de pêcheurs et ses montagnes culminant à plus de 3 000 mètres d’altitude, la côte est réserve encore de belles surprises.

Taïwan est située au sud-est de la Chine continentale, au sud du Japon et au nord des Philippines. Le nom de Taïwan est généralement utilisé pour désigner les territoires administrés par le gouvernement de la République de Chine qui comprend Taïwan et un groupe de petites îles et archipels voisins.

L’île est bordée à l’est par l’océan Pacifique, au sud par la mer de Chine du Sud, à l’ouest par le détroit de Taïwan et au nord par la mer de Chine de l’Est. Elle a 394 km de longueur sur une largeur de 144 km et est constituée de montagnes escarpées couvertes de végétation tropicale et sous-tropicale.

Un peu d’histoire

Des restes humains vieux 30 000 ans ont été retrouvés à Taïwan. On leur a donné le nom «Hommes de Zuozhen».

Au XVIIe siècle, les Hollandais y sont maîtres et, voulant coloniser l’île, encouragent la migration chinoise, notamment dans le but de cultiver les terres. Ce sera un changement irrémédiable pour la population aborigène car cette migration, surtout masculine, créera un métissage avec les femmes aborigènes que les Chinois prenaient comme épouses.

En 1662, Zheng Chenggong défait les Hollandais et la migration chinoise continua. Zheng, fidèle à la dynastie Ming qui fut chassée de la gouvernance de la Chine par les Mandchoues, considère alors Taïwan comme une base arrière en vue de reconquérir la Chine continentale. A cette époque, la population atteint 100 000 habitants chinois. Taïwan est reprise aux Zheng par les Mandchoues (dynastie Qing) en 1683.

Au début du XIXe siècle, Taïwan compte déjà plus de deux millions de Chinois. En 1885, comprenant l’importance stratégique de l’île, les Qing élèvent Taïwan au rang de Province. En 1895, suite à la défaite face au Japon, la Chine est forcée de signer le traité de Shimonoseki, par lequel elle cède Taïwan au Japon. Le 10 octobre 1911, une insurrection républicaine éclate au sud de la Chine, près de Canton. Elle renverse l’empereur de Chine, Puyi, âgé de 3 ans. Cette révolte sonne le glas de la domination, vieille de 250 ans, de la dynastie Mandchoue sur la Chine. Les Chinois réclament la création d’une assemblée constituante à l’instigation de Sun Yat-sen, le fondateur du Kuomintang. Sun Yat-sen revient en Chine et proclame la République le 1er Janvier 1912.

Taïwan fera, pendant 50 ans, ainsi partie de l’empire colonial japonais qui y pratique une politique d’assimilation. Le 25 octobre 1945, les troupes japonaises se rendent à l’armée américaine et sont contraintes de céder Taïwan à la République de Chine.

Les troupes chinoises de Tchang Kaï-chek, chef de la Chine, arrivent à Taïwan en 1945 et la République de Chine commence à gouverner l’île. Très vite, le malaise s’installe entre les nouveaux venus et la population taïwanaise. Le 28 février 1947 éclatent des émeutes, provoquant la mort d’environ 30 000 Taïwanais. La loi martiale est proclamée.

Après sa défaite face aux communistes, Tchang Kaï-chek se replie à Taïwan avec près de deux millions de continentaux qui fuient les communistes. Taïwan vivra alors pendant plusieurs décennies sous la dictature dirigée par le Kuomintang, qui visait encore à cette époque la reconquête de la Chine continentale.

En 1971, l’O.N.U. vote la Résolution 2758 par laquelle la République de Chine (Taïwan) perd son siège au profit de la République populaire de Chine de Mao Tsé-toung, qui devient le seul représentant de la Chine à l’O.N.U.

À la mort de Tchang Kaï-chek, son fils Chiang Ching-kuo commença l’ouverture démocratique de l’île ainsi que la « taïwanisation » du gouvernement. Il mourut avant la fin des réformes mais son successeur continua sa politique, ce qui aboutit en 1996 à la première élection présidentielle au suffrage universel direct.

L’île de Taïwan fait partie de la barrière de feu et est dans le prolongement direct du Japon ; elle est soumise à des tremblements de terre. Des typhons frappent Taïwan du printemps jusqu’à l’automne. Les pluies sont fréquentes mais concentrées surtout en été.

La population taïwanaise est aujourd’hui de 25000000 d’individus et est constituée de 98 % de Chinois Han et de 2 % d’Austronésiens, encore appelés « aborigènes ».

La langue

Le statut revendiqué de « République de Chine » a imposé le mandarin comme langue officielle, aux dépens de la langue d’usage traditionnelle, le « taïwanais ». Par contre, il y a un certain nombre de spécificités par rapport à celui pratiqué sur le continent.

Les trésors de la Chine

Les trésors de la Chine ont été maintes fois sauvés du désastre. Dans les années ’30 et ’40, ils ont été protégés des ravages de la guerre civile, de l’agression japonaise, sans compter les inondations, les bandits et les seigneurs de la guerre.

En 1949, la collection originale du palais-musée de Beijing fut divisée en deux. Le personnel du musée aussi.

Après avoir été déménagées sur 10000 km par route et eau, ce fut un vrai miracle que le million de pièces antiques de ce trésor n’aient pas été perdues. Les membres du personnel du musée qui ont protégé ces antiquités durant l’odyssée de 16 ans, à travers les montagnes chinoises, sont morts au travail. Quelques uns de leurs enfants qui y participèrent survivent et continuent leur besogne dans les musées de Beijing, de Shanghai et de Taipei.

Les collections de ce trésor ont été originalement réunies durant les siècles qui couvrent la Dynastie Song (960-1276) et la dynastie Qing (1644-1911). En 1924, l’État chinois expulsa la famille impériale de la cité interdite et déclara que les collections devenaient «propriété nationale».

Suite à l’invasion du Japon en 1931, le gouvernement craignit que les pièces antiques soient détruites ou apportées au Japon. Il les emballa dans 19,000 boites de bois et les transféra à Nanjing, la nouvelle capitale. En 1937, alors que les japonais prirent Nanjing, la collection fut divisée en trois (le personnel aussi), envoyée sur des routes différentes et cachée dans des entrepôts, des bibliothèques, des vieux coffre-forts de banque, près des temples boudhistes…

Après la reddition du Japon en 1945, tous les trésors revinrent à Nanjing protégés par Tchang Kaï-chek. Mais en 1948, la victoire communiste devenant probable, ce dernier ordonna que les pièces antiques de plus grande valeur soient envoyées à Taïwan. Il y transféra aussi les réserves d’or de la nation chinoise avant d’y trouver personnellement refuge avec 2 millions de ses hommes. La majorité des tableaux de la collection impériale se retrouvèrent à Taipei ainsi que 20% de la collection. Les trésors furent stockés dans des caves pour de longues années de crainte de bombardements par la Chine communiste de Mao Tsé-toung. Ce n’est qu’en 1965, après l’ouverture du palais-musée national de Taipei, que les pièces furent déballées et exposées. Les experts sont d’accord pour confirmer que ce sont les meilleures pièces qui sont présentées dans ce palais-musée de la capitale de Taiwan.

Les dirigeants chinois ont toujours pensé que la collection des pièces antiques de leur pays était le meilleur outil pour valider leur pouvoir. Aujourd’hui, il n’est plus question de réunir les deux parties de la collection. Les autorités des musées de Beijing (incluant celui de Shanghai) et de Taipei, aimeraient bien présenter une exposition commune en rapport avec le cheminement des trésors impériaux durant la période décrite ci-haut. Mais, il n’est pas question, pour l’instant, d’envoyer quelqu’objet que ce soit dans l’autre musée, de crainte qu’il ne revienne pas.

Par contre, le gouvernements de Chine permet depuis récemment aux Chinois de visiter Taïwan. C’est par milliers, chaque jour, qu’ils entrent à Taïwan et leur intérêt premier est de voir les trésors antiques des dynasties passées au palais-musée de la Taipei.

La situation politique aujourd’hui

Dans les faits, Taïwan se comporte comme un État indépendant, sans que l’indépendance n’ait jamais été officiellement proclamée.

La République populaire de Chine – qui administre la totalité de la Chine continentale depuis 1949 – considère Taïwan comme un État autonome mais étant lié dans le cadre de la politique d’une seule Chine. De nombreux pays reconnaissent cette politique de réunification, car ils sont influencés par le poids économique de la Chine et par ses pressions incessantes pour isoler la démocratie taïwanaise.

Le 23 juillet 2007, Taïwan a demandé à adhérer à l’ONU en tant qu’État indépendant sous le nom de Taïwan. L’adhésion a été refusée au nom du principe d’une seule Chine, appliqué depuis 1971. Par ailleurs, un référendum national taïwanais, concernant l’adhésion à l’ONU, a été organisé en mars 2008; environ 95 % des votants se déclarèrent favorables à une adhésion à l’ONU. Mais, ce référendum fut un échec du fait d’une participation de seulement 35,8 % de votants.

Taïwan entretient des relations diplomatiques avec seulement 23 États. Cependant, en pratique, la plupart des pays ont des relations diplomatiques officieuses avec Taïwan par le biais de bureaux de représentation faisant office de consulats.

Photos de haut en bas: Fleurs de lotus au jardin botanique du musée historique, corniches du temple Baoan, tableau du musée national de Taïwan, reproduction de l’entrée à cheval de Tchiang-kaï-check, monument funèbre de Tchaing-kaï-check, ensemble du musée national chinois de Taipei, buddha du temple Baoan, vue aérienne de la tour 101 du centre-ville de Taipei.