les méchants fédéralistes


Hier, nous avons vu le côté mesquin des séparatistes. La nouvelle affaire «Option Canada», qui date du référendum de 1995, a motivé les chefs séparatistes à montrer une face que je ne leur connaissais pas. Boisclair, en conférence de presse, et Duceppe, au débat télévisé français, ont lancé sur la place publique des noms d’individus associés avec la campagne du «non» d’alors en insinuant qu’ils sont coupables d’avoir enfreint la loi référendaire du Québec. Ce sont des allégations non prouvées. Le but est de salir ces individus pour montrer que les fédéralistes sont des tricheurs et aider par ce fait le Bloc Québécois dans la présente campagne électorale.

J’ai connu plusieurs de ceux qui ont été nommés dont Pierre-Claude Nolin, Jean Bazin, Peter White, lorsque j’étais actif dans le parti progressiste-conservateur du Canada. Ce sont de braves hommes qui aiment la politique et la servent bien. Je les crois honnêtes et intégres. Duceppe n’a pas hésité à mentionner leurs noms sur un ton accusateur, simplement parce qu’ils faisaient partie du Conseil de l’unité canadienne lors de ce référendum. C’est honteux. Il ne pense pas au tort qu’il crée en salissant par association la réputation de ces individus. Pour lui, la fin justifie les moyens. On est loin des principes de René Lévesque.

Boisclair, quant à lui, accuse le PM Jean Charest d’être complice puisqu’il était vice-président du comité du «non» et affirme qu’il connaissait sûrement la société secrète «Option Canada». Charest a bien expliqué qu’il était alors chef du PC, un parti de 2 députés, et qu’il ne pesait pas fort dans la balance au niveau du comité de la campagne référendaire. Je le crois car j’ai vécu la même expérience.

En effet, j’ai été vice président du comité du «non» pour le référendum de 1980, présidé par le chef libéral Claude Ryan. Je représentais le parti PC et Jean Chrétien, aussi vice-président, représentait le parti libéral fédéral. Les discussions au niveau de l’exécutif étaient de nature générale seulement. La stratégie était établie en catimini par Ryan, Chrétien et compagnie car les libéraux fédéraux ne voulaient pas partager avec leurs adversaires «bleus» les détails de la campagne afin qu’ils n’en retirent pas des avantages politiques futurs. J’ai même eu de la difficulté à me faire accepter comme orateur PC lors des grands meetings du comité. À Chicoutimi, lors de l’ouverture de la campagne, on m’avait omis de la liste des orateurs. Au retour, dans l’avion, Ryan, qui ressentait mon dépit, me promit que je serais des autres assemblées. Je ne le fus pas. Les libéraux fédéraux s’objectaient. La grande assemblée au Centre Paul Sauvé approchait et je faisais des pieds et des mains pour qu’un membre de mon parti soit sur la liste des orateurs. C’est grâce à l’intervention de Madame Chaput-Rolland, avec laquelle je faisais des discours dans les universités et ailleurs, que je fus finalement invité à parler à cette grande assemblée du «non». Depuis, je sais que dans de tels cas c’est le plus fort qui mène et qu’il ne veut d’aucune façon aider ses adversaires politiques. Charest dit vrai en expliquant sa situation d’alors.

Il faut savoir faire la part des choses en politique. Boisclair et Duceppe savent comment «ça marche» et sont malhonnêtes de peindre leurs adversaires en méchants fédéralistes sans avoir de preuves et dans le seul but de gagner la faveur des électeurs dans la présente campagne électorale. Comment bâtir la confiance des citoyens dans leur système politique quand on est si irresponsable.

Claude Dupras