17 septembre 2009


Cette conversation porte sur les idées sociales et démocratique du Canada et de l’Europe

Le 17 septembre 2007

Cher ami,

Mansour: Le titre meme de ton blog m’a admirablement etonne connaissant tes pensees economiques conservatrices du passe. Mais avec l’age j’ai l’imp;resssion que tu te rapproches de plus en plus des idees sociales democratiques de l’europe occidentale.

Claude: Je ne crois pas que ce soit l’Europe qui soit mon modèle mais le Canada. Nous avons dans notre pays des lois sociales qui protègent bien notre population. Mon parti se classe premier dans beaucoup d’indicateurs qui ont rapport avec la qualité de vie et la protection sociale de l’individu. J’ai toujours appuyé cela. J’étais un « red tory ». dans le Parti Progressiste-conservateur où j’ai œuvré pendant plus de 30 ans. Ce sont ceux qui étaient le plus loin des conservateurs purs et durs. Je suis devenu un conservateur progressiste mais malheureusement mon parti est actuellement dans les mains des rednecks de l’ouest canadien, ceux de l’ex Reform party. Ils sont à droite de la droite et je ne peux, avec mon profond regret, appuyer maintenant mon parti. Normalement, je me serais senti traître à mes convictions, mais comme je ne me sens aucune affinité avec la gang actuel qui le dirige, je me sens bien à l’aise de les dénoncer.

Mansour: Est ce que cette transformation culturelle est due a tes experiences des dernieres annees dans une des campagnes francaises les plus agreables ou est ce que c’est tout simplement les consequences de l’evolution avec l’age de l’humanite.

Claude: Il est sûr qu’avec le temps on change. Toi aussi tu as changé. Du p‘tit communiste (oups!) que j’ai rencontré au St-Georges, tu es devenu un homme qui fait maintenant la part des choses tout en gardant tes convictions.

Je suis d’accord avec toi que Sarkozy est un veritable animal politique. Et tous les grands hommes politiques francais ont toujours voulu trouver un projet pour relancer la gloire passee de la france. Mais je crois personnellement que Sarkozy cette fois ci s’est vraiment perdu dans les nuages des reves irrealisables surtout en france.Il ne faut pas oublier que la france parmis tous les pays riches du monde a une des plus mauvaises distribution des revenus. Ne parlons pas de la distribution des richesses nationales. Je me souviens de l’emergence inattendue du pujadisme en france durant les annees 60. Ce mouvement denoncait la mobilisation du pouvoir p;olitique par les grands industriels comme Dassault ou les grandes banques, et pretendait defendre le petit commercant francais de l’epoque. Mais en fait sa phylosophie politique etait tres etroite du fascisme avant la 2me guerre mondiale. Mieux que cela, avons nous deja oublie les slogans qui ont amene au pouvoir les mussolini et les Hitlers de ce monde.

Je suis surpris que tu dises que la France est une des plus mauvais distributeurs de revenus. Il n’y a pas seulement le salaire qui compte, il y a aussi toutes les lois qui protègent le citoyens français, les aident et les supportent. Certes il y a des critiques qui fusent de toutes parts car les français critiquent sur tout. Cela semble être leur mode de vie, leur sport national. Mais c’est un pays où la protection sociale est très haute, où le niveau de l’éducation est de grande qualité, où le transport est un des meilleurs, où l’aide financière et légale est omniprésente, où la diversité, la culture, les coutumes, les façons de faire, etc… sont uniques. Sans parler de la nourriture. La France a souffert beaucoup de deux guerres en perdant des centaines de milliers de ses jeunes qui sont morts inutilement car l’Allemagne est encore l’Allemagne, l’Italie est encore l’Italie et la France est encore la France. Ces peines et ces frustrations ont fait que ce peuple s’est tourné sur lui-même. Aujourd’hui, il ne fait que sortir, grâce au baby-boom et aux nouvelles générations nombreuses, du carcan qu’était le complexe qui les retenait. La France sera encore plus grande et influente dans les décennies qui viennent.

Ceci etant dit il ne faut pas oublier que tout ce le groupe de Stiglitz a propose etait rien de nouveau. Depuis la periode des annees 70-80 la banque mondiale avait deja abandonne le Pib comme l’etalon d’or de l’evaluation de la situation economique et sociale des pays sous developpes. Ces memes principes adoptes par la banque mondiale depuis plus de 40 ans etaient en fait issus de toute l’ecole Kennesyenne dans les universites americaines de l’epoque. Et je reconnais que Stiglitz avait joue un role fondamental dans cette revolution de l’enseignement de l’economie aux usa. J’ai ete moi meme le produit de cette revolution.

J’ai été vraiment surpris de ce que j’ai lu depuis quelques jours sur l’approche de Stiglitz et sur le fait que la France veut aller dans la direction qu’il expose si bien. À mon avis, ses propositions n’ont rien à voir avec la gauche ou la droite, elles ne font que donner des outils additionnels de travail aux dirigeants politiques. Si on a les mauvaises mesures comment peut-on prendre les mauvaises décisions politiques sans risque ? De bons indicateurs ne diront pas aux politiciens ce qu’il faut faire mais ils leur indiqueront l’état de leur économie et de leur société. Ce qui n’existe pas aujourd’hui. Ces dirigeants comprendront sûrement mieux alors ce qui se passe. À eux d’agir ensuite.

Durant toute ma formation en temps qu’economiste aux usa on m’a toujours rappele que la finalite de toute activite economique ne pouvait etre jugee qu’a travers ses effets sur les masses populaires et non sur les resultats de la performence du stock market. Et pourtant nous avons vu ce que toute cette education a produit aux usa d’abord durant les 20 dernieres annees et le reste de l’europe ensuite pour s’etendre au reste du monde.

Cette formation éducationnelle était la bonne, mais pouvait-on vraiment mesurer les effets sur les masses populaires ? Les hommes politiques ont-ils en mains suffisamment de données pour la compréhension de l’envergure des problèmes qui sont issus de tant de domaines différents. Pouvaient-ils agir intelligemment pour modérer les glissements dans la qualité de vie ou simplement le bonheur de leurs commettants ? Je crois que l’on peut répondre, NON !

En conclusion et apres toute une vie de reflexion sur les theories economiques que nous absorbons sur les bancs de l’universite, je suis arrive aujourd’hui a croire non plus a la science economique mais a revenir a l’ancien concepte de la science economique et politique d’avant les annees 50.Il n’y a pas de science economique independante de la science politique. Il faut retourner a une education de la science economique tres liee a la science politique.

Les économistes du passé ont été trop souvent misérables. Par exemple, ils ont donné des arguments à ceux qui voulaient déréguler comme les Reagan et les Thatcher de ce monde. Tu reconnaîtras avec moi, qu’ils sont, en fait, les grands responsables de ces situations. Les Stiglitz et de nombreux autres chercheurs et professeurs n’ont pas accepté de contribuer à cette folie ou encore à celle de la finance. Ces derniers ont menés des batailles intellectuelles en dénonçant de telles dérives. Malgré que leurs thèses soient enseignées dans les universités du monde, elles semblent s’évaporées lorsqu’elles rentrent en contact avec le monde réel de la politique économique. Ce qui fait dire à Stiglitz que « l’économie est autant une science qu’une idéologie ».

Ce qui se passe depuis la crise est un autre exemple. Les banques que l’on disait, à cause de leur grosseur, « unmanageable », sont devenues plus grandes qu’avant et continuent à spéculer au lieu d’assurer que la gestion du crédit et des prêts soit bien faites. On joue encore aux dés !

La FED qui a alimenté la bulle a obtenu plus de pouvoirs. Pourtant elle avait tous les pouvoirs qui empêcher ce qui est arrivé. Son président Greenspan, la vedette économique des présidents passés, n’a-t-il pas reconnu publiquement s’être trompé ? Faut le faire ! Il faudrait changer le « board » de la Fed et y enlever les présidents de banque afin d’éliminer les confits d’intérêts. Les décisions prises à ce niveau sont trop importantes pour continuer comme avant…

Enfin, pourquoi est-ce les USA qui dirigent tout et entraînent avec eux tous les pays monde dans leurs chutes ? Lorsque leurs dirigeants économiques américains trichent ou prennent des décisions sur la base de leurs intérêts personnels, est-ce correct? Les autres pays vont-ils continuer à endurer cette main mise sur leur sort politique. Pourquoi pas une FED internationale où aucun pays n’aura la main haute sur l’orientation des décisions ? J’ai l’impression que le règne du US$ achève.

À bientôt

Claude