Des avantages pour tous


Des avantages pour tous

Le schéma que je viens de brosser est le fruit de quarante années d’observation, d’expérience et de réflexion sur le sujet; En résumé, je dirai que ce qui nous manque aujourd’hui pour réussir, ce ne sont pas les fonds, c’est la détermination de bien nous acquitter de nos engagements et la volonté de rentabiliser enfin nos énormes investissements publics.

Pour mener à bien cet important train de mesures, le directeur de la nouvelle troupe d’opéra permanente devrait être nommé par le ministre de la Culture et investi par lui de toute l’autorité requise.

La création d’une troupe permanente d’opéra, j’en suis intimement convaincu, ne comporterait que des avantages, autant pour les chanteurs que pour le public. Une troupe nationale est un port d’attache pour les chanteurs. C’est à partir d’elle que leur carrière rayonne. Elle leur assure un nombre convenu de représentations chaque année, autour desquelles ils peuvent ajuster leurs engagements internationaux. Cet arrangement leur permet d’ancrer leur talent et leur expérience dans leur milieu d’origine. Et aussi, ce qui est très important, de participer selon leur goût et leurs disponibilités aux activités de formation qui ont cours chez eux.

Le public, lui, retrouverait le plaisir de bien connaître ses artistes lyriques, comme il n’a cessé de le faire pour ses comédiens, ses humoristes, ses artistes populaires. Sans cesse depuis quelques années, les gens se plaignent de la piètre qualité des chanteurs sur notre plus grande scène. Nous payons à prix d’or des artistes étrangers qui sont souvent loin de savoir chanter ou jouer convenablement. Les abonnements piétinent, et ce n’est pas étonnant. Moi, je dis que le meilleur moyen de redresser pour de bon la courbe des abonnements à l’Opéra de Montréal, c’est d’offrir mieux à notre public et de lui offrir du « fabriqué au Québec».

Robert Savoie rêve en couleur, dira-t-on. Peut-être. Mais pour accomplir de grandes choses, il faut commencer par les rêver, en couleur ou autrement. Jean Drapeau, un grand rêveur, nous en a plusieurs fois donné l’exemple. Lors du fameux concert d’inauguration de l’aréna de l’Université de Montréal, il a bravement interpellé le public en signant dans le programme un appel à la solidarité intitulé «Veut-on tuer l’opéra?» Cette page est un vibrant plaidoyer en faveur de la création d’une troupe permanente à Montréal… Malheureusement, l’appel du maire n’a pas été entendu il y a trente ans et le pire est arrivé: l’art lyrique est aujourd’hui à l’agonie chez nous.

Mais il n’est pas trop tard. Nous sommes capables, ensemble, de remettre l’opéra sur les rails. Ne serait-ce pas un beau défi à relever à l’aube de l’an 2000?

Conclusion

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