1944-45


1944-45 (Lach-Richard-Blake; 5 sur l’équipe d’étoiles; Changements chez les dirigeants; Recette des joueurs dans les séries; La meilleure saison pour la ligue; 1ière partie annuelle d’étoiles; Fameuse transaction; Mauvaise saison; La perte de « Toe » Blake; Nommé instructeur; Elmer Lach).

Les Canadiens, en 1944-45, remportèrent encore facilement les honneurs des activités régulières pour un autre championnat. Ils terminèrent avec le haut total de 80 points avec 38 victoires et 4 verdicts nuls. Le Détroit suivait avec seulement 67 points. Le Toronto en avait 52 et le Boston, le dernier club à prendre part aux séries de la coupe Stanley en avait 36, seulement 3 de plus que le Chicago et 4 de plus que les Rangers, les deux clubs éliminés des classiques.

Le Canadien fut éliminé par le Toronto dans la 1ère série. Il perdit la 1re et la 2e partie, à Montréal, par 1 à 0 et par 3 à 2; il gagna la 3e par 4 à 1 à Toronto. Dans la 4e partie, à Toronto également, les Leafs l’emportèrent par 4 à 3 après 12 minutes et 36 secondes de temps additionnel. Dans la joute suivante, à Montréal, le Toronto fut déclassé par 10 à 3, mais il revenait chez lui pour gagner dans la 6e par 3 à 2, éliminant ainsi le Canadien, au grand désespoir de ses nombreux partisans, de plus en plus enthousiastes, par les succès des deux dernières saisons et par la conquête de la coupe Stanley, l’année précédente.

Le Toronto devait continuer ses succès et remporter les honneurs de la coupe Stanley, mais non sans avoir été conduit à la limite de sept parties par le Détroit par les comptes suivants: 1 à 0, 2 à 0, 1 à 0, 3 à 5, 0 à 2, 0 à 1 en supplémentaire, et par 2 à 1. Le Détroit avait éliminé le Boston comme suit: 3 à 4, 2 à 4, 3 à 2, 3 à 2, 3 à 2 en supplémentaire, 3 à 5 et 5 à 3.

LACH-RICHARD-BLAKE

A la fin des activités régulières de 1944-45, on lisait, en tête des pointeurs, trois noms de joueurs des Canadiens. Elmer Lach était en première place avec 80 points dont 54 assistances pour un nouveau record jusque-là, à ce point de vue. Maurice Richard suivait avec 73 points dont 50 buts pour un nouveau record, 6 de plus que Joe Malone, détenteur de l’ancien record depuis 1917-18. Tee Blake venait après Richard avec 67 points dont 29 buts. Les trois joueurs détenaient le record du plus grand nombre de points obtenus par un trio dans une saison, soit 220.

5 SUR L’ÉQUIPE D’ÉTOILES

C’est après cette brillante saison que le Canadien inscrivit cinq de ses joueurs sur la 1ère équipe d’étoiles avec, en plus, Dick lrvin comme instructeur. Ces joueurs étaient les trois premiers pointeurs de la Ligue ainsi qu’Émile Bouchard à la défense et, dans les buts, Bill Durnan qui avait remporté les honneurs du trophée Vézina accordé au gardien le moins souvent déjoué. D’autre part, enfin, Elmer Lach méritait le trophée, Hart accordé au joueur le plus utile.

* * *

Avant la saison dont nous allons parler, les autorités décidèrent en faveur d’un arbitre et de deux juges de lignes. On décréta aussi qu’au son du gong, à la fin de chaque période, une lumière verte s’allumerait en arrière des filets, et empêcherait l’allumage de la lumière rouge, signe indicateur d’un but.

En 1945-46, le calendrier comprenait encore 50 parties. A la fin de la saison régulière, le Canadien était en tête avec 61 points par 28 victoires et 5 parties nulles. Le meilleur pointeur du club était Toe Blake avec 50 points dont 29 buts, deux de plus que Maurice Richard. Elmer Lach, d’autre part, finissait en 5e place seulement mais il avait le plus d’assistances dans toute la Ligue, avec 34. Le premier pointeur du circuit était Max Bentley du Chicago, avec 61 points dont 31 buts.

Dans le classement général, le Boston suivait le Canadien avec 56 points, en avant du Chicago qui en avait 53, du Détroit 50, du Toronto 45 et des Rangers 35.

Dans les éliminatoires, le Canadien balayait d’abord le Chicago en quatre parties consécutives par les comptes suivants: 6 à 2, 5 à 1, 8 à 2 et 7 à 2. L’équipe remportait la coupe Stanley dans une ronde finale de 4 à 7, triomphant du Boston en cinq parties avec les résultats suivants: Boston 3, Canadien 4, en supplémentaire; Boston 2, Canadien 3, en supplémentaire; Canadien 4, Boston 2; Canadien 2, Boston 3, en supplémentaire; Boston 3, Canadien 6. Le Boston avait éliminé le Détroit par 3 à 1, 0 à 3, 5 à 2, 4 à 1 et 4 à 3 en supplémentaire,

Dans ces séries, Lach terminait en tête des compteurs avec 17 points en 9 parties, dont 12 assistances pour un nouveau record qui devait durer jusqu’au printemps 1955 alors qu’il fut égalé en 11 parties. Blake suivait son coéquipier avec 7 buts et 6 assistances, et Richard venait ensuite avec 7 buts et 4 assistances.

CHANGEMENTS CHEZ LES DIRIGEANTS

Avant les activités, T. P. Gorman, qui avait contribué aux succès des Canadiens comme gérant-général, était remplacé par le sympathique Frank J. Selke, qui dirige encore les destinées du Canadien avec Toe Blake, de même que celles du Forum, avec comme directeur de publicité Camil DesRoches. Irvin a en effet quitté le Canadien au printemps de 1955, pour s’en aller à Çhicago, D’autre part, il y a un autre publiciste, adjoint à DesRoches, dans la personne de Frank Selke junior. Disons enfin qu’à l’automne 1955, Frank Selke fut élu au poste de vice-président de l’exécutif, tout en continuant d’être directeur général. L’honorable sénateur Donat Raymond, tout en restant président du Canadien, a quitté la présidence de la Canadian Arena Company pour être remplacé par le vénérable Bill Northey, un véritable pilier du hockey, amateur comme professionnel, cela depuis plus de 50 ans. Enfin, Kenny Reardon, l’ancien excellent joueur de défense du Canadien, a été nommé assistant de M. Selke.

Dans cette saison de 1946-47, on avait porté le nombre des parties à 60. Comme résultat tous les joueurs avaient reçu une augmentation de salaire. D’autre part, les joueurs étaient assurés d’un montant fixe, selon le classement de leur équipe à la fin de la saison régulière et selon les victoires dans les séries de la coupe Stanley. L’année précédente, en terminant en première place et en gagnant la coupe Stanley, chaque joueur des Canadiens retirait environ $3,000 en supplément de son salaire régulier évidemment. En plus, chacun des joueurs choisis dans la première équipe d’étoiles ou dans la deuxième, ainsi que chaque vainqueur de trophée recevait de la Ligue une somme de mille ou cinq cents dollars, somme ordinairement doublée par le club.

RECETTES DES JOUEURS DANS LES SÉRIES

Comme on était loin du temps des séries de la coupe Stanley où chacun ne retirait que de $200 à $300 comme perdant et de $300 à $600 comme gagnant ! Pour s’en rendre bien compte, consultons le tableau officiel des statistiques des séries de 1914 à 1922:

Part de chacun des joueurs Part de chacun de joueurs

du club vainqueur: du club perdant:

 

1914 Toronto $325 Victoria $225

1915 Vancouver $300 Ottawa $180

1916 Canadien $270 Portland $180

1917 Seattle $230 Canadien $160

1918 Toronto $295 Vancouver $265

1919 Pas de vainqueur $264

1920 Ottawa $390 Seattle$319

1921 Ottawa $630 Vancouver $430

1922 St. Patrick $535 Vancouver $356

Dans la suite, surtout à compter de 1926, alors que la Ligue comptait plus de clubs ainsi que des estrades plus grandes, les parts des joueurs augmentèrent. Ainsi, en 1930, alors que le Canadien gagnait la coupe Stanley, chacun des joueurs de Léo Dandurand et Cecil Hart recevait la jolie somme de $1,800.

De nos jours, avec les recettes actuelles, un joueur peut facilement toucher jusqu’à $15,000, et même plus dans certains cas, pour une seule saison, surtout si son club finit en tête du classement. Chacun des joueurs reçoit alors une somme d’environ $1,000. Les joueurs des trois clubs suivants sont récompensés en proportion. Dans les séries, chaque membre du club vainqueur reçoit environ $1,000 et chaque membre de l’équipe perdante, environ $500. Ce n’est pas tout. Des équipes d’étoiles sont choisies, après chaque saison. Les membres de la première obtiennent $1,000, ceux de la seconde $500. Ce n’est pas encore tout. La somme de mille dollars est accordée à chacun des vainqueurs des différents trophées, Vézina, Byng, Hart, Calder et Norris. Il y a mille dollars pour le détenteur du trophée Ross, accordé au premier pointeur de la saison et $500 pour le second meilleur pointeur. Il arrive aussi souvent que ces sommes soient doublées par le club. Oui, quelle différence avec les quelque $800 de 1910. les quelque $2.000 de 1926 et les quelque $6.000 de 1940.

* * *

Au printemps 1947, les joueurs du Canadien ne devaient pas se partager les mêmes argents parce que le club était éliminé dans la finale par le Toronto qui remportait ainsi la coupe Stanley pour la 2e fois en 3 ans.

Dans la première série, le Canadien disposa du Boston en gagnant quatre fois par 3 à 1, 2 à 1, 5 à 1 et 4 à 3. Toutefois, il fallait du temps supplémentaire, soit de 5 minutes et 38 secondes et de 36 minutes, et 40 secondes dans les victoires de 2 à 1 et de 4 à 3. Le Boston, lui, gagnait la 3e partie par 4 à 2.

Pendant ce temps, le Toronto éliminait son adversaire, le Détroit, de la même façon que le Canadien en 5 parties. La seule victoire du Détroit, toutefois, fut un déclassement en règle des Leafs, les Red Wings l’emportant par 9 à 1, à Toronto même. Dans les autres joutes, le Toronto avait gagné par 3 à 2 en supplémentaire, 4 à 1, 4 à 1 et 6 à 1.

Les partisans des Leafs devaient oublier facilement ce triomphe sur le Détroit par trois victoires de suite tandis qu’en plus ils l’emportaient sur les Canadiens dans la finale de la coupe Stanley.

Dans la 1ère partie, le Tricolore gagna facilement par 6 à 0, à Montréal et tout semblait indiquer une conquête facile. Dans la deuxième partie, cependant les Leafs renversèrent les rôles en gagnant par 4 à 0. Dans cette deuxième partie, le Canadien joua vingt minutes avec un joueur en moins, Maurice Richard étant victime d’une punition dite de match à la suite d’attaques contre Bill Ezinicki et Vic Lynn des Leafs. En plus, le président Campbell annonça le lendemain que Richard était suspendu pour la partie suivante et qu’il était condamné à $250 d’amende. Le fameux joueur ne prit donc pas sa place sur l’alignement, dans la 3e joute, à Toronto et le Canadien perdit par 4 à 2. Dans la partie suivante, également à Toronto, Richard se ressentait encore d’une blessure au genou et son club perdit par 2 à l, après 16 minutes et 36 secondes de temps additionnel. À Montréal, dans la 5e joute, le Canadien gagna bien par 3 à 1 mais il perdait dans la 6e partie à Toronto, par 2 à l, et les Leafs étaient les détenteurs de la coupe Stanley. Dans cette série, Richard établit une sorte de record en étant puni pour 44 minutes. Il avait dû payer en plus l’amende de $250.

* * *

Malgré ces nombreuses punitions, Richard terminait en tête des pointeurs des séries avec 11 points, dont 6 buts. Dans la saison, Richard avait compté le plus de buts, soit 45, et il avait terminé en 2e place des pointeurs, juste un point en arrière de Max Bentley du Chicago qui en avait 72, mais qui n’avait compté que 29 buts. De plus, au cours de la saison, Richard avait obtenu quatre tours du chapeau, soit quatre fois l’enregistrement de trois buts dans une même partie et il avait ainsi établi un record du genre. Enfin, Richard avait été le meneur de la Ligue pour les points, à la fin de 13 semaines sur les 23 de la saison et il avait été le meneur pour les buts, à la fin de 17 semaines. Pour une troisième saison de suite, Richard était choisi sur l’équipe d’étoiles qui comprenait aussi ses coéquipiers, Bill Durnan, Ken Reardon et Emile Bouchard. Richard gagnait aussi le trophée Hart accordé au joueur le plus utile à son club dans les parties régulières.

LA MEILLEURE SAISON POUR LA LIGUE

La saison, au point de vue de la Ligue, était la meilleure dans l’histoire, avec des records d’assistances dans toutes les villes. Chicago finissait en tête avec 500,681 spectateurs, New York suivait avec 429,822, Toronto 410,107, Boston 392,798, Détroit 337,669, Canadien 332,033. On sait que si le Canadien terminait en dernière place à ce point de vue, c’était que les estrades étaient les plus petites du circuit. Ces estrades ont été agrandies pour la saison 1949-50 et le Forum peut maintenant contenir 13,531 personnes assises, soit près de 3,000 de plus.

Le total d’assistance dans la Ligue, pour la saison 1946-47, a été de 2,403,110 personnes, comparativement à 1,446,827, seulement cinq ans auparavant, en 1942-43.

* * *

A l’automne 1947, les gouverneurs de la Ligue Nationale se réunirent et décidèrent de s’engager à faire partie du circuit et à se lier non pas pour une période déterminée mais à perpétuité. C’est dire que tout allait bien dans cette puissante organisation.

1re PARTIE ANNUELLE D’ÉTOILES ,.

Avant l’ouverture des activités, en 1947, soit le 13 octobre, on joua, à Toronto, la première partie annuelle des étoiles de la Ligue contre le club détenteur de la coupe Stanley. Le Canadien qui avait inscrit quatre joueurs dans l’équipe d’étoiles, le printemps précédent, se trouva bien représenté dans l’alignement qui comprenait 16 joueurs. Les étoiles l’emportèrent par 4 à 3. Les revenus de cette joute, à laquelle assistaient 14,169 personnes, moins une somme versée à une organisation de charité et moins le loyer, allaient tous au fonds de pension des joueurs, créé un an auparavant. Grâce à ce fonds de pension, tout ancien joueur de la Ligue Nationale pourra, à compter de son 45e anniversaire de naissance, recevoir une somme de $80 par année, pour chaque saison passée dans la Ligue, s’il a joué pendant 10 ans. En plus, le fonds de pension pourra servir pour des joueurs blessés ou accidentés ou encore dans le besoin. Comme autres sources de revenus au fonds de pension, mentionnons la somme de 25 cents payée par le public pour chaque billet dans les parties des séries de la coupe Stanley ainsi qu’une contribution personnelle des joueurs et une contribution des clubs.

A l’automne 1948, on avait choisi Chicago comme ville de la 2e partie d’étoiles avec l’idée de continuer en changeant d’endroit, chaque année. Cependant, cette classique jouée à Chicago le 3 novembre, trois semaines après le début des activités, ne fut pas un succès. La foule n’était pas aussi nombreuse qu’on s’y attendait, les spectateurs ne semblaient s’intéresser que lorsqu’un joueur des Hawks, choisi dans une des équipes d’étoiles, se mettait en vedette. C’est pour cette raison qu’on décida par la suite de présenter ces parties sur la patinoire du club détenant la coupe Stanley depuis le printemps. précédent. A Chicago, les étoiles l’emportèrent par 3 à 1 sur les Maple Leafs de Toronto, devant 12,794 spectateurs qui payaient, cependant, $23,018.

En 1949, pour une troisième année consécutive, les Leafs remportaient la coupe Stanley et ils recevaient les étoiles, le 10 octobre. Le compte fut encore de 3 à 1 pour ces dernières, devant 13,541 personnes pour des recettes de $25,920.75.

En 1950, à Détroit, les Red Wings vainquirent les étoiles par le compte élevé de 7 à 1. On décida d’autres changements, en 1951 et 1952, alors que le premier club d’étoiles fut opposé au second. Les membres choisis de la première équipe furent aidés par les meilleurs joueurs des clubs américains, Détroit. Chicago, Boston et New York, tandis que ceux de la seconde étaient renforcés par les meilleurs des clubs canadiens, Toronto et Canadien.

Dans les deux joutes en question, le compte était égal à 2 à 2 et à 1 à 1, à la fin du temps régulier. On ne joua pas de temps supplémentaire.

En 1953, comme le Canadien avait gagné la coupe Stanley, la classique eut lieu à Montréal, le club local étant opposé aux membres des deux équipes d’étoiles. Ce fut la meilleure partie au point de vue intérêt. Les étoiles l’emportèrent par 3 à 1, avec Terry Sawchuck en vedette dans les filets, tandis que Wally Hergesheimer comptait deux des trois buts de son club. 14,153 personnes étaient présentes et les recettes furent de $26,794.90.

En 1954, la classique eut lieu à Détroit, de même qu’en 1955. En 1954, les étoiles et les Red Wings annulèrent par 2 à 2.

En 1955, les Red Wings l’emportèrent par 3 à 1 dans la 9e classique. Earl Reibel compta 2 fois, Gordie Howe une fois tandis que Doug Harvey évitait le blanchissage pour les étoiles.

* * *

FAMEUSE TRANSACTION

La transaction la plus importante dans l’histoire du hockey moderne est survenue peu après le début de la saison 1947-48, alors que le Toronto obtint du Chicago Max Bentley et un nommé Thomas en échange de cinq joueurs : Gaye Stewart, Gus Bodnar, Bud Poile, Ernie Dickens et Bob Goldham. Inutile de dire que cette transaction fit couler beaucoup d’encre, non seulement dans les villes de Chicago et de Toronto, mais dans toutes celles du circuit. Cette transaction, appréciée à distance, a été à l’avantage des deux clubs. Max Bentley a contribué grandement à la conquête du championnat par les Leafs tandis que les joueurs cédés par le Toronto ont rendu de grands services au Chicago. A la place d’une grande étoile, les Hawks avaient cinq très bons joueurs. D’autre part, les puissants Leafs pouvaient se passer de ces joueurs pour obtenir Bentley, une étoile de première grandeur. A souligner, toutefois, qu’à Chicago, c’est à compter du départ de Max Bentley, suivi de celui de son frère Doug qui passait aux Rangers, que les assistances commencèrent à diminuer pour être encore très basses, en 1954-55.

MAUVAISE SAISON

La campagne 1947-48 devait être désastreuse pour le Canadien. Le club comprenait pourtant à peu près les mêmes joueurs. Cependant, il semblait que ces joueurs se croyaient vraiment trop extraordinaires. On aurait dit qu’ils étaient convaincus qu’ils n’avaient qu’à sauter sur la glace pour gagner leurs parties. En tout cas, ils commencèrent mal la saison et les échecs devinrent assez nombreux tandis que les succès étaient espacés. A la fin des activités, le Canadien, pour l’une des rares fois de son histoire, était en dehors des séries de la coupe Stanley. D’autre part, en 19 saisons comme gérant, c’était la première fois que Dick Irvin ne réussissait pas à conduire son équipe jusqu’aux séries éliminatoires. Malgré cette mauvaise saison du club, Maurice Richard et Elmer Lach furent choisis dans la 1ère équipe d’étoiles et Ken Reardon était dans la 2e.

Le Canadien avait donc terminé en 5e place avec 51 points, 5 de plus que le Chicago au bas de l’échelle. Il n’avait remporté que 20 victoires, soit le plus petit nombre de tous les clubs, à l’exception du Chicago qui en avait également 20,

Le Toronto avait terminé la saison en tête du classement avec 77 points, 5 de plus que le Détroit, 18 de plus que le Boston et 22 de plus que les Rangers. Ces derniers prenaient part aux séries de la coupe Stanley pour la 1ère fois depuis 1942, Ils furent éliminés par le Détroit par 1 à 2, 2 à 5, 3 à 2, 3 à 1, 1 à 3, 2 à 4, en six parties tandis que le Toronto disposait du Boston en 5 joutes, par 5 à 4, en supplémentaire, 5 à 3, 5 à 1, 2 à 3, 3 à 2. Dans la finale, les Leafs l’emportaient facilement contre les Red Wings avec quatre victoires contre aucune défaite et s’assuraient ainsi d’une deuxième conquête consécutive de la coupe Stanley. Les comptes furent comme suit: 5 à 3. 4 à 2, 2 à 0 et 7 à 2.

LA PERTE DE TOE BLAKE

C’est au cours de cette saison que les Canadiens perdirent les précieux services du vétéran Toe Blake. Ce dernier avait grandement brillé dans sa carrière pour es Canadiens et il avait été un des trois membres de la fameuse ligne Elmer Lach-Maurice Richard-Toe Blake.

On sait que ce trio a été un des meilleurs dans toute l’histoire du hockey et qu’il se compare à ceux de Morenz-Joliat-Boucher, Cook-Boucher-Cook, Primeau-Conacher-Jackson, Weiland-Clapper-Gainor, Barry-Lewis-Aurie, Abel-Howe-Lindsay. Ce trio a établi toutes sortes de records, comme on peut le constater en prenant connaissance des faits saillants du Canadien.

En se brisant une jambe, dans une partie au Forum, le 10 janvier, Blake se voyait frustré dans son ambition de dépasser le record de points dans une carrière, record détenu jusque-là par Bill Cowley du Boston, avec 548 dans les parties régulières et 594 en comptant aussi les séries de la coupe.

Blake n’était qu’à quelques points de ces totaux comme on va le constater dans le tableau de rendement de toute sa belle et brillante carrière avec le Canadien.

Saisons régulières Séries de la coupe

Pun. Pun.

Années P.J. B. A. Pts en P.J. B. A. Pts en

min. min.

1935-36 – 1 2 3 28

1936-37 – 10 12 22 12 5 1 0 1 0

1937-38 – 17 16 33 33 5 3 1 4 2

1938-39(a) – 24 23 47 10 3 1 1 2 2

1939-40 – 17 19 36 48

1940-41 – 12 20 32 49 3 0 3 3 5

1941-42 48 17 28 45 19 3 0 3 3 2

1942-43 48 23 36 59 16 5 4 3 7 0

1943-44 41 26 33 59 10 9 7 11(d)18(b) 2

1944-45 49 29 38 67 35 6 0 2 2 5

1945-46(c) 50 29 21 50 2 9 7 6 13 5

1946-47 60 21 29 50 6 11 2 7 9 0

1947-48 32 9 15 24 4

Totaux328 235 292 527 272 59 25 37 62 23

Grand total des buts et assistances: 589.

Légendes: (a) Meilleur pointeur et vainqueur du trophée Hart accordé au joueur le plus utile à son club. – (b) Record de points dans une série de la coupe Stanley. – (c) Vainqueur du trophée Lady Byng accordé au joueur très effectif tout en étant peu puni. (d) Le premier pour les assistances, égal avec Elmer Lach. Toe Blake a aussi fait partie de la 1re équipe d’étoiles, en 1938-39, 1939-40 et 1944-45; et de la seconde, en 1937-38 et 1945-46.

NOMMÉ INSTRUCTEUR

On sait que c’est ce même Toe Blake qui fut choisi instructeur du Canadien, à l’automne 1955. Le célèbre joueur avait pris de l’expérience avec les clubs Houston, Buffalo et Valleyfield. Il était tout heureux d’avoir parmi ses joueurs Maurice Richard, son ancien fameux coéquipier, de même que « Butch » Bouchard et quelques autres.

ELMER LACH

Si les Canadiens ne revinrent pas à leurs plus belles années, en 1948-49, ils donnèrent tout de même plus de satisfaction et plus de joie à leurs supporteurs que l’année précédente. Pourtant, ils avaient à peu près les mêmes joueurs. Seulement, ces joueurs avaient, pour ainsi dire, une autre mentalité. Ils avaient repris leur esprit combatif et ils le faisaient voir.

Ils auraient même pu terminer en meilleure position dans le classement si les blessures et les accidents n’étaient survenus aussi nombreux. Les Canadiens, en effet, furent privés des précieux services d’Emile Bouchard et d’Elmer Lach, pendant quelque trois mois. Les deux revinrent bien pour la fin de la saison et pour les séries, mais ils n’étaient pas à leur meilleur. D’autre part, Elmer Lach, atteint de nouveau à sa mâchoire déjà endommagée, dans la première partie de la série contre le Détroit, dut se retirer définitivement. On annonça même que le grand malchanceux ne reviendrait plus aux guerres du hockey. Ce n’est pas ce qui arriva, cependant. Le courageux Lach s’aligna jusqu’au printemps 1954. Un an auparavant, sur une belle passe de Maurice Richard, il avait compté l’unique but de la partie finale contre le Boston, après une minute et 22 secondes de temps supplémentaire. C’est dire qu’il avait donné la coupe Stanley aux Canadiens. Cet exploit lui valut un contrat d’une autre année, au cours de laquelle il continua de se distinguer. Il atteignit alors des records d’assistances et de points dans une carrière, pour dépasser ceux de Bill Cowley. Dans la suite, comme on le verra, Maurice Richard a abaissé le record de points de son fameux coéquipier nommé, en 1955, gérant du Royal de la Ligue professionnelle du Québec. 56

Trois fois, Lach fut choisi dans la première équipe d’étoiles, soit en 1944-45, en 1947-48 et en 1951-52. Deux fois, en 1943-44 et en 1945-46, Lach fut désigné dans la deuxième équipe.

On pourrait ajouter que Lach a probablement été le joueur le plus malchanceux dans l’histoire. Il se fit fracturer un bras. Il fut trois fois victime d’une fracture de la mâchoire. Il a eu un os de la joue brisé. Il fut même victime d’une fracture du crâne. Enfin, il se fit fendre la figure, alors même qu’il était sur le banc des joueurs. Bref, il fut le joueur qui s’absenta le plus souvent du jeu pour cause d’accidents. Malgré cela, il connut avec les Canadiens une carrière sensationnelle, comme le prouvent d’ailleurs les chiffres impressionnants que voici:

Parties régulières Parties de la coupe

Pun. Pun

Année P.J. B. A. Pt. En P.J. B. A. Pts en

min. min.

1940-41 7 14 21 16 3 1 0 1 0

1941-42 1 0 1 1 0

1942-43 45 18 40 58 14 5 2 4 6 6

1943-44 48 24 48 72 23 9(c) 2 11(i)13 4

1944-45(bh) 50 26 54(d) 8O(a) 37 6 4 4 8 2

1945-46 50 13 34(e) 47 34 9 5 12(!) 17

1946-47 31 14 16 30 22

1947-48 60 30 31 61(g) 72

1948-49 36 11 18 29 59 1 -0 0 0 4

1949-50 64 15 33 48 33 5 1 2 3

1950-51 65 21 24 45 48 11 2 2 4 2

1951-52 70 15 50(h) 65 36 11 1 2 3 4

1952-53 53 16 25 41 56 12 1 6 7 6

1953-54 48 5 20 25 28 4 0 2 2 0

Totaux 621 215 408 623 478 76 19 45 64 36

Légendes: (a) Premier pointeur et plus grand nombre de points par un joueur de centre en une saison.-(b) membre de la ligne d’attaque ayant établi un record de points en une saison, 220. – (c) membre de la ligne d’attaque avec le plus de points dans une série de la coupe Stanley jusqu’à 1954-55, 48. – (d) le plus d’assistances en une saison jusqu’à 1949-50. – (e) le plus d’assistances en 1945-46. – (f) le plus d’assistances dans un groupe de parties de la coupe jusqu’à 1954-55, alors que Ted Lindsay l’égalisa mais en 2 parties de plus, soit 11. – (g) premier pointeur dans les parties régulières. – (h) trophée Hart accordé au joueur le plus utile à son club. – (i) premier pour les assistances, égal avec Toe Blake.

Terminons sur Elmer Lach en rappelant les records qu’il a établis. En voici une liste en ajoutant toutefois que certains ont été abaissés depuis: le plus d’assistances dans les parties régulières, 408; le plus d’assistances dans les parties régulières et dans les séries de la coupe Stanley, 453; le plus de points dans les parties régulières, 623 avec 215 buts et 408 assistances; le plus de points en une saison par un joueur de centre, 80, en 50 parties en 1944-45; le plus d’assistances dans une saison par un joueur de centre, 54 en 1944-45; le plus d’assistances dans les séries de la coupe Stanley, 45; le plus d’assistances dans une saison de 50 parties, 54.