les Lamoureux


Chronique familiale de Louis Lamoureux

Cette généalogie a été préparée en collaboration avec le généalogiste Jean-Jacques LEBEAU

L’histoire de Louis et de ses descendants a été établie sur 13 générations

QUÉBEC

C’est à l’église Notre-Dame de Québec, devant Mgr de Laval, qu’apparaît officiellement pour la première fois en Nouvelle-France, le 3 juin 1664, Louis Lamoureux. Sur la liste des 69 confirmands, Louis, 25 ans, tient la 48e place. L’ancêtre vivait donc au pays depuis 1663 et complétait probablement ses trois années d’engagement au service de d’une famille non identifiée.

Surprise! le 2 janvier 1666, Lamoureux obtient une concession de terre, 2 arpents, 3 perches et 6 pieds de front, dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges, plus précisément dans l’arrière-fief Grand-Pré-de-la-Redoute, près de Québec. Un voisin du nouveau concessionnaire est Michel Boutet dit Lépine. La rente seigneuriale à payer: 25 sols tournois pour chaque arpent de front, 3 chapons vifs en plume et 2 deniers de cens. Paul Vallée, maître chirurgien, et René Chevalier, maçon de Beauport , témoignent de cet acte notarial devant Paul Vachon.

Au recensement de l’année 1667, Louis Lamoureux, 27 ans, vit sur sa concession où il possède deux arpents de terre en culture. Mais, dès l’année suivante, le 19 mars 1668, il décide de se départir de ses 40 arpents avec tous les travaux accomplis, en faveur de Jacques Leprou, un tapissier rouennais marié depuis le 4 octobre 1667 à Françoise Banse. Prix minime de ce transport: 42 livres à payer avant pâques suivant. Ainsi fut fait. Louis était-il un nomade ou un inconstant? Quitta-t-il la région de Québec célibataire ou marié? En raquettes ou en chaloupe?…

LONGUEUIL

Samedi, 14 septembre 1669, le curé de Ville-Marie, Gilles Perot, rédigeait l’acte de baptême de Jean-Baptiste Lamoureux, fils de Louis, « habitant de M. Le Moyne », et de Françoise Boivin. Le prêtre de Saint-Sulpice ne se doutait pas que son texte servirait à la fois d’acte de baptême et de mariage. Louis Lamoureux était marié à Françoise Boivin depuis 1668. Aucun registre paroissial, aucun minutier de notaire ne viennent attester ce fait. Nous apprendrons seulement à son décès que Françoise Boivin était normande de naissance.

Charles Lemoine, anobli par Louis XIV au mois de mars 1668, obtint alors le titre de sieur de Longueuil. Pourquoi Longueuil ? Un rappel d’un village de Normandie, Longueuil de Dieppe, petite patrie du seigneur très méritant. Jean Talon, le 3 novembre 1672 concède à Charles Lemoine l' »étendue de terre qui se trouve non concédée sur le fleuve St-Laurent, depuis les bornes du Sieur de Varennes, jusqu’au dit Sieur de Lemoyne et Pères Jésuites ». Parmi les familles pionnières de Longueuil, il faut inscrire en tête de liste celle de Louis Lamoureux. Le 12 mars 1675, neuf propriétaires, dont Lamoureux, reçurent officiellement leur titre de concession. Le défricheur Lamoureux préférait les terres neuves, les défis nouveaux. Après six ou sept ans, une ferme avait des rides, vieillissait! L’ancêtre décide de vendre à ses voisins, plus pantouflards, sa propriété de deux arpents de front par vingt de profondeur, où il y en a six ou sept de « désertés », une petite maison et un hangar. Le 19 mai 1675, les acquéreurs Jean Petit et Adrien Saint-Aubin s’engagent ensemble à livrer la valeur de 500 livres au vendeur partant, en l’espace de trois ans.

La barque Lamoureux quitte les berges de Longueuil. Où donc échouera-t-elle?

Du TREMBLAY

Le 20 juillet 1675, Louis Lamoureux semble vivre encore dans sa maison de Longueuil. Il fait venir le notaire Frérot et Antoine Dubois, un colon qui a mis en vente sa concession de 60 arpents carrés. Louis, intéressé, s’en porte acquéreur pour la
somme de 100 livres dont 60 en argent. Le nouveau propriétaire n’a que quelques pas à faire pour déménager ses pénates dans la seigneurie Du Tremblay, celle octroyée à René Gauthier de Varennes en 1672. Dans l’acte notarial, on ne parle pas des bâtiments mais seulement d’un ou deux arpents défrichés. Qu’importe! Louis veut relever un nouveau défi. C’est là sur cette nouvelle terre que le recensement de 1681 le situe. Louis avait autour de sa table six bouches à nourrir. Cette petite seigneurie Du Tremblay ne groupait qu’une population totale de 30 habitants, 67 arpents cultivés et 3 bêtes à cornes. Lamoureux possède à lui seul 13 arpents en culture et 1 vache. Les recenseurs avaient-ils tout vu?…

Le 2 mai 1681, Louis vend à François Lanctôt, célibataire âgé de 28 ans, une propriété de 6 arpents de front et de 32 de profondeur, où il y en a environ 20 de bons pour le soc de la charrue. De plus, l’acquéreur Lanctôt achète les 2 bœufs présents à la ferme. Prix déboursé par l’acheteur: 600 livres. Louis, sa famille et ses enfants quittent leurs voisins Jean-Baptiste Ménard dit Lafontaine et Nicolas Dubray dit Laplume. Où donc iront-ils vivre?

CHAMBLY

L’agenda des migrations Lamoureux comporte une page blanche entre 1681 et 1683. Heureusement, un écrit signé le 7 mars 1683 par Claude Maugue comble ce vide: « Louis Lamoureux demeurant en la seigneurie de Longueuil ».

Avant l’ouverture des portes du printemps de l’année 1683, le chef de famille Lamoureux achète une terre de 2 arpents de front sur une longueur indéterminée, en face du fort St-Louis, à Chambly. Vendeur: Jean Inard dit Provençal, au nom des quatre enfants mineurs de défunt Mathurin Besnard dit Lajeunesse. Voisins: Jean Poirier et Charles Paquet. Jean Lacombe, le 23 mai 1675, avait été le premier propriétaire de ce lot, avec l’île et le marais d’une étendue de 5 ou 6 arpents. Prix de cet achat: 90 écus ou 270 livres. Jean Robin, juge de la seigneurie de Longueuil, signe comme témoin principal.

Les Lamoureux vivront à Chambly, pendant environ trois années, puis ils se trouveront un autre chez-soi…

ÎLE SAINTE-MARGUERITE

Dans les eaux du Saint-Laurent, vis-à-vis Boucherville, il y avait une île vierge nommée Sainte-Marguerite. Elle appartenait au seigneur de Varennes. Sa superficie dépassait les 400 arpents carrés. Louis Lamoureux voulait toute cette île pour lui seul. Il pourrait la faire fructifier et la diviser un jour entre ses enfants. Pierre Boucher, seigneur de Boucherville, procureur du sieur de Varennes, la lui concéda, le 8 octobre 1686. Recevoir veut aussi dire donner. Le concessionnaire promet remettre à chaque année 30 minots de blé froment comme rente seigneuriale, 20 chapons vivants et bâtir une maison habitable et des bâtiments de ferme avant un an.

Tout le clan Lamoureux quitta Chambly pour se transporter à l’île Sainte-Marguerite. Le père et les enfants se mirent a l’oeuvre comme des abeilles ouvrières. Dès 1692, un fils recevait une sixième partie de l’île. En l’année 1700, l’héritage était divisé, cultivé, productif. L’ancêtre possédait la plus belle fraction du gâteau insulaire, environ 100 arpents. Le 9 juillet, Louis se présente avec Bertrand Arnaud, maître bourgeois, devant le notaire Adhémar, à Ville-Marie. Les dés sont jetés. La propriété de Louis Lamoureux passe entre les mains de l’acheteur audacieux, moyennant la somme de 4000 livres, argent du pays, a percevoir d’ici trois ans.

Marché conclu, le défricheur incorrigible et sa vieille quittèrent l’île, celle qu’ils aimaient, pour une autre situé plus à l’ouest, une plus grande…

NOUVELLES VAGUES

Selon les navigateurs, la première vague est la plus forte. En généalogie, c’est le contraire. La première est la plus faible. Celles qui suivent se gonflent et s’amplifient à l’infini. Louis et Françoise se multiplièrent par dix: Jean-Baptiste, Adrien, Louis, Françoise, Anne, Marie-Madeleine, François, Marie, Catherine et Marguerite, quatre fils et six filles. A la troisième génération, les petits-enfants atteignent le nombre impressionnant de 81 connus.

L’aîné Jean-Baptiste Lamoureux épousa le 2 décembre 1690, à Boucherville, Marie Gareau, fille de Jean Gareau dit Saintonge et de Anne Talbot. Six de ses douze enfants naquirent dans les Îles de Varennes. Une fille, Françoise, devint religieuse à l’Hôtel-Dieu de Montréal où elle décédera le 27 octobre 1723. Adrien Lamoureux, né à Longueuil, baptisé à Ville-Marie, unit sa vie à celle de Denise Véronneau, fille de Denis et de Marguerite Bertault, le 6 avril 1693, à Boucherville. Adrien et son frère Louis avaient obtenu la concession d’une île, Île Charron, et des îlets situés vis-à-vis la seigneurie Du Tremblay, le 20 mai 1690. Les frères associés devaient payer comme rente seigneuriale 40 minots de blé et 30 chapons . Le 12 mai 1692, Adrien devint le seul propriétaire de ces îles. Adrien et Denise possèdent la famille la plus nombreuse dans la vague Lamoureux, dix-sept sujets, presque tous mis au monde à l’île Ste-Marguerite. Quant à Louis Lamoureux, né le 21 février 1673 à Longueuil, il disparut sans nous dire les causes de sa mort, le 30 novembre 1694. Le 21 février de la même année, il était devenu acquéreur de la terre familiale de Chambly. Le notaire en avait alors précisé la superficie, 80 arpents.

Françoise, Anne et Marie-Madeleine Lamoureux furent baptisées à Boucherville. Françoise épousa Noël Chapleau, charpentier, le 21 mai 1692, à Boucherville, de qui elle eut une fille et deux garçons. Après le décès de Noël survenu le 29 décembre 1699, elle devint la compagne de François Viger, fils de Désiré et de Catherine Moitié, le 8 janvier 1702. Ce second mariage apporta à l’Île Ste-Marguerite treize tiges de vie dont sept fauchées très jeunes. Anne Lamoureux, née le 3 septembre 1678, donna son coeur à Nicolas Bachand dit Vertefeuille, originaire de Paris. La cérémonie religieuse eut lieu à Boucherville, le 4 décembre 1692. Leurs six rejetons virent le jour à l’Île Ste-Marguerite. Jean Sicot, fils de Jean et de Marguerite Maclin, s’engagea pour l’Ouest en 1690 et en 1692. Le 20 mars 1697 à Boucherville, il promettait fidélité à Marie-Madeleine Lamoureux. Dix enfants furent donnés à ce couple bouchervillois dont trois répétèrent l’exploit de leur père en s’engageant à travailler dans l’Ouest pour faire la traite. Zacharie Sicot devint même marchand de fourrures.

François Lamoureux, né à Chambly le 16 août 1683, filleul de François Bourassa le 29 septembre, fut inhumé à Boucherville à la fin de novembre 1692. Quant à Marie Lamoureux, elle aussi née à Chambly le 27 août 1685, hérita du prénom de sa marraine Marie Leber, le 29 septembre suivant. L’acte est à Contrecoeur. Vers 1702, à Rivières-des-Prairies, elle prenait pour époux Jean Millet, fils de Jacques et de Catherine Lorion. Ils eurent une fille, morte le 10 mars 1703. Après le décès de son mari le 17 juin 1714, Marie convola en second mariage avec Jean Roy, veuf de Madeleine Courtemanche, père de quatre enfants, le 18 février 1715. Le second époux, après lui avoir donné deux garçons, partit à son tour le 27 novembre 1718. La veuve donna sa main à Pierre Ranger dit Paquet le 8 septembre 1721, à Rivière-des-Prairies. Sans postérité nouvelle.

Catherine Lamoureux, baptisée à Boucherville le 5 avril 1688, unit sa vie, dès l’âge de seize ans, à celle de Jean-Baptiste Cotineau dit Laurier ou Deslauriers, le 19 janvier 1704, à Saint-François, Île Jésus. Onze poupons utilisèrent le berceau familial. Catherine fut inhumée à Lachenaie le 12 mai 1757. La cadette Marguerite Lamoureux, native de l’Île Ste-Marguerite le 17 janvier 1690, trouva elle aussi son amant chez les Cotineau. Joseph, fils de François et de Marie Milot, célébra ses épousailles avec Marguerite le 22 août 1707, à St-François. Hélas! après un peu plus d’un an de bonheur, le mari mourait. Le 25 novembre 1709, la jeune veuve convolait avec Joseph Labelle, fils de Guillaume et de Anne Charbonneau . Neuf nouveau-nés vinrent peupler ce foyer reconstitué.

ÎLE JÉSUS

Louis Lamoureux quitta les Îles Percées à l’automne 1700, parce qu’il avait acquis 80 arpents de terre à l’Île Jésus, paroisse Saint-François. Ses titres lui furent donnés le 20 juin 1700 et le 24 juillet 1702. Il en brassait des affaires ! Le 21 août 1695, Daniel Poirier, époux de Catherine Viger, avait acheté la partie de l’île Ste-Marguerite qui appartenait à Anne Lamoureux, épouse de Nicolas Bachand. Daniel versa 260 livres. Jean Brunet dit LaSablonnière créait des problèmes à l’ancêtre au sujet de la livraison de 200 livres de tabac. Brunet, le 3 novembre 1699, règle la question à l’amiable. Louis efface les frais encourus. Le 2 août 1700, Guillaume Goyau dit Lagarde, époux d’Hélène Benoit, emprunte 170 livres de Louis Lamoureux.

Le monsieur Bertrand Arnaud, comme on pouvait s’y attendre, n’avait pas pu honorer ses obligations concernant le paiement de la terre Louis Lamoureux à Ste-Marguerite des Îles Percées. En 1706, Louis employa la force pour recouvrer ses biens. Il remit sa cause entre les mains du notaire Michel Lepailleur, le 27 novembre. La profession d’avocat, telle qu’elle se présente aujourd’hui, n’existait pas alors. Puis, le 15 juillet 1707, Louis passait un bail à ferme pour une durée de cinq ans avec son gendre Nicolas Bachand. Celui-ci ferait fructifier le bien de l’Île Ste-Marguerite moyennant la somme de 200 livres annuelles. A remarquer que le bailleur se réservait un demi-arpent de terre « pour faire du tabac a son profit ». Louis ne tolérait pas de mauvais tabac dans sa tabatière.

Un jour, le ciel s’assombrit. François Viger, époux de Françoise Lamoureux, affirmait devant notaire le 8 juillet 1707 qu’il manquait environ 15 arpents à son lot de terre. Chaque sixième partie devait avoir 73 arpents carrés et quelques perches. Solution proposée: après le décès de l’ancêtre seulement, la différence serait comblée au moyen d’une partie du lot appartenant au beau-père.

Le dos de Louis se voûte par l’âge et le travail. De concert avec Françoise Boivin, le vieillard décide de liquider ses 120 arpents de terre à l’Île Jésus. Le fils Adrien est prêt à verser 2000 livres « en monnaye de carte ». Marché conclu, le 23 septembre 1714.

CALUMET DE PAIX

Fiers descendants d’un ancêtre si actif, n’allez pas croire que les lignes précédentes ont épuisé la liste des faits et gestes de votre ancêtre. Que de choses il resterait à faire valoir! Louis avait bien travaillé et lutté pour la vie et le mieux-être de sa maisonnée. Il était temps pour lui de fumer le calumet d’une paix bien méritée. Le 25 février 1715, funérailles de Louis Lamoureux dans l’église de Saint-François de l’Île Jésus. L’abbé Plante présida la cérémonie funèbre.

L’aïeule Françoise Boivin passa les derniers jours de sa vie chez son fils Jean-Baptiste, à Boucherville. Le 12 avril 1717, gisant présentement au lit malade, elle fait rédiger son testament. Après avoir invoqué la Sainte Trinité, la glorieuse Vierge Marie et Sainte Françoise, sa patronne, elle légua 20 livres aux pauvres de Boucherville, 500 livres à la Fabrique pour le parachèvement de l’église, 500 livres pour ses funérailles et des honoraires de messes. Le reste de ses biens sera partagé également entre tous ses enfants. Françoise expira le lendemain 13 avril, à l’âge d’environ 75 ans. Le 15 avril, un vendredi, on enterrait solennellement la silencieuse bretonne dans l’église paroissiale de Ste-Famille, à Boucherville. Et les Lamoureux se multiplièrent aux alentours de Montréal, puis franchirent les frontières du Québec vers les états américains et vers l’Ouest canadien. Au nord d’ Edmonton et de Fort Saskatchewan, en Alberta, vous trouverez la ville Lamoureux. Ses fondateurs en 1873 se nommaient Joseph et François Lamoureux, fils de François et de Marguerite Therrien, de St-Georges d’Henryville, Qc. Leur vie tient du roman d’aventure.

Baptiste Lamoureux fut tué par les Tchinouks, le 8 août 1814, comme il aidait ses compagnons à faire un portage le long d’un rapide du fleuve Colombie, en terre canadienne. Le premier député Lamoureux à l’Assemblée Nationale du Québec , ce fut Lucien ( 1864 – 1942 ), natif de Saint-Valentin, fils de François et de Pélagie Gagnon. Romuald Lamoureux, frère du député, réclame également l’honneur d’avoir été le premier prêtre de sa descendance.

Source: Michel Lamoureux

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