Aurore


L’espace d’un matin, nous trouver confrontés
A une scène vide, aveuglés de silence.

Découvrir à nos pieds, tels qu’ils nous sont contés,
Ces paysages blancs que bientôt la violence
Boursouflera de grès et de schistes naissants.

Nous prendre par la main et marquer nos empreintes
Pas à pas, prudemment, en nous enhardissant
Quand au premier soleil, disparaîtrait l’étreinte
De l’ombre originelle.

Accueillir en nos mains
Une poussière vierge à l’odeur de dictame,
Et la laisser filtrer, lentement, grain par grain,
Au tamis de nos doigts.

Voguer à pleine rame
Sur des miroirs figés, où des reflets d’étain
Nous sembleraient graver goulûment nos images.

Apporter notre feu où le feu s’est éteint.

Révéler notre fièvre au désarroi des plages
Où micas et silex, après s’être affrontés
A l’hiver sidéral, demanderaient clémence.

L’espace d’un matin, nous trouver confrontés
A une scène vide, aveuglés de silence