Les vocations


Les vocations religieuses sont importantes pour le recrutement des communautés de frères et de soeurs. À cette fin, un religieux recruteur fait la tournée des classes une fois l’an pour parler de vocations aux enfants. C’est ainsi que se présente un jour, dans la classe de Jean-Claude, un frère du Sacré-Cœur venu du noviciat pour les entretenir de ce sujet. Jean-Claude écoute le frère expliquer comment on ressent une vocation religieuse. Aimer les Évangiles, sentir en soi le désir d’aimer les gens qui nous entourent d’un amour plus universel, penser que le message de l’Église apporte au monde actuel une bonne nouvelle, être fier de sa religion, être bon et généreux, se montrer prêt à faire des sacrifices pour aider les autres, vouloir enseigner, voilà autant de signes qui montrent qu’on pourrait être intéressé à voir de plus près en quoi consiste la vie d’un frère. Il n’insiste pas mais sait bien mettre en relief les avantages de la vie religieuse. Il ne s’agit pas d’une vente sous pression mais, plus il parle, plus les élèves se sentent attirés. Jean-Claude, chez qui mémère Dupras a encouragé le développement d’un fort sentiment religieux en le faisant assister aux offices et en l’amenant avec elle en pèlerinage au Congrès Marial du Cap-de-la-Madeleine, où il a d’ailleurs pu voir un cardinal et plusieurs évêques, s’interroge, d’autant plus qu’il a passé deux années chez les soeurs et assisté à d’innombrables cérémonies religieuses. De toute façon, il n’est pas question et il en est heureux, qu’il aille actuellement au juvénat des frères, car ses parents, à qui il a rapporté les propos du recruteur, ne veulent absolument pas en entendre parler. Il demeure quand même perplexe et cette question lui tourne dans la tête longtemps. Mémère Dupras ne lui dit-elle pas toujours qu’elle aimerait qu’il devienne prêtre, un jour ?

Après le départ du frère recruteur, le maître leur raconte comment il a trouvé sa vocation. Il fréquentait souvent l’église durant sa jeunesse et c’est au pied de l’autel que lui est venue l’idée de s’y consacrer. Il aurait voulu être prêtre. Mais il fallait faire le cours classique ou entrer au séminaire. Comme sa famille n’en avait pas les moyens, il était entré, sur les conseils de son père, dans la vie religieuse. Comme il avait connu dans sa jeunesse les Frères du Sacré-Coeur à son école, il s’était présenté au juvénat du Mont-Sacré-Cœur à Granby. C’était le jour de la plus grosse tempête de neige de l’année. On l’avait accueilli à bras ouverts et c’est dans cette ambiance chaleureuse et fraternelle qu’il avait poursuivi ses études pour devenir un bon frère du Sacré-Cœur. Les études terminées, il avait dû faire une année de « spiritualité » à l’issue de laquelle il devait prononcer des voeux pour un an. Puis, à chaque année, deux autres fois. Ensuite, de trois ans en trois ans. Mais, dans son for intérieur, il savait déjà que c’était pour toujours. Il avait d’ailleurs fini par prononcer des vœux perpétuels. Jean-Claude retient de ceci que l’occasion lui a souvent été donnée de sortir de la communauté s’il n’en pouvait plus ou ne voulait pas continuer. En conclusion, le frère déclare avoir toujours été très heureux de son choix. Il aime bien aider et aimer son prochain. Jean-Claude est très impressionné par cette histoire et se pose beaucoup de questions !