Khajuraho et ses sculptures érotiques


Khajuraho et ses sculptures érotiques

Khajuraho est un village de l’Inde, de 3 000 résidents, situé au centre d’une forêt dense. Il se trouve à l’emplacement d’une ancienne capitale du royaume Jijhoti dont parle le pèlerin chinois Xuanzang dans son carnet de voyage.

Abandonné puis envahi par la jungle, on ne redécouvre les temples de Khajuraho qu’en 1840. Des travaux d’une quinzaine d’années, au début du XXe siècle, permettront de les dégager. Ce sont les temples perdus d’Indiana Jones.

Le complexe de Khajuraho est une création artistique unique, tant pour son architecture hautement originale que pour son décor sculpté d’une étonnante qualité.

Khajuraho, la capitale

Khajuraho est l’une des capitales des souverains chandella, une dynastie originaire du Rajputana qui accéda au pouvoir au début du Xe siècle et atteignit son apogée entre 950 et 1050. Des 85 temples qui furent construits à Khajuraho (et qui étaient encore splendides lorsque le grand voyageur Ibn Battuta s’y rendit en 1335), 22 existent encore. Ils sont disséminés sur une aire de 6 km2 environ.

Bien qu’ils aient été élevés par deux religions différentes, le bouddhisme et le jaïnisme, les temples de Khajuraho présentent une typologie commune : ils comportent un soubassement élevé sur lequel se trouve un édifice richement décoré, le jangha, recouvert par plusieurs registres de panneaux sculptés sur lesquels ouvrent des galeries périphériques.

L’édifice est couronné par une série de tours fasciculées à arêtes curvilignes, les shikhara.

Les plus élevés d’entre elles surmontent le sanctuaire de la divinité. Elles symbolisent la montagne cosmique, c’est-à-dire le mont Kailasha. Leur plan typique comporte une entrée, une vaste salle hypostyle (le mandapa), un sanctuaire obscur et, enfin, différentes annexes.

Le plus important groupe de monuments se concentre dans la partie ouest du site, non loin du Musée archéologique, et comporte les temples de Varaha, Lakshamana, Matangeshwara, Kandariya, Mahadeva Chitragupta, Chopra Tank, Parvati, Vishwanatha et Nandi. Mais les groupes est et sud renferment aussi d’importants édifices, comme les temples de Ghantai, Parshvanath, Adinath, Shantinath, Dulhadeo ou Chaturbhuja.

Yasovarman construisit en 954 le temple de Vishnou, qui est aujourd’hui célèbre sous le nom de temple de Lakshmana ; c’est un exemple évolué, très décoré de l’époque des Chandella, destiné à montrer leur puissance. Les temples de Visvanatha, Parsvanatha et Vaidyanatha sont de l’époque du roi Dhanga, le successeur de Yasovarman. Le plus grand et le plus somptueux des temples de Khajuraho est le magnifique Kandariya Mahadeva, qui est attribué au roi Ganda (1017-1029).

Profondément influencés par l’école de pensée tantrique, les rois chandella diffusèrent différentes doctrines tantriques au travers de leurs monuments royaux, y compris les temples.

La philosophie de la sculpture

Les sculpteurs de Khajuraho illustrent tous les aspects de la vie, dont on tenait alors à aborder avec franchise, et ouvertement, toutes les facettes, y compris le sexe. Ces dernières présentaient une importance particulière dans la mesure où le cosmos tantrique est divisé en principe masculin et principe féminin : le principe masculin possède la forme et le potentiel, le féminin l’énergie.

Selon la philosophie hindoue et tantrique, l’un ne peut réussir sans l’autre, puisqu’ils se manifestent dans tous les aspects de l’univers. Rien ne saurait exister sans la coopération et la coexistence. Conformément aux anciens traités d’architecture, les scènes érotiques étaient cantonnées à certaines parties du temple, le reste étant tapissé de représentations évoquant d’autres aspects de l’existence, profanes ou sacrés.

En réalité, les sculptures érotiques ne constituent que 5 % de l’ensemble de la surface sculptée.

 

Un ensemble unique

Les temples de Khajuraho ont été édifiés entre les IXe et XIIe siècles. Cet ensemble est absolument unique par sa cohérence et sa pureté, par la finesse de ses représentations. Son excellent état de conservation en fait l’un des sites les plus visités en Inde.

On trouve des scènes de bataille, de la vie courante et surtout des scènes érotiques où les couples se livrent à des ébats acrobatiques

L’architecture des temples influencera le modèle développé à Bhubaneshvar, mais ici aucune enceinte n’enferme les bâtiments. Ils sont partagés en trois groupes dits groupe ouest, groupe est et groupe sud. Le premier est quasiment intégré au village.

Le Kâmasûtra

Les moeurs de l’époque étaient étonnamment plus libérales qu’aujourd’hui. En effet, par exemple, au VI et VIIe siècle, les pratiques sexuelles considérées comme déviantes (homosexualité notamment) étaient tolérées.

Mais le Kâmasûtra, principalement connu aujourd’hui dans le monde pour ces 64 positions sexuelles, traite également d’un art de vivre qu’une personne cultivée se devait de connaître. Il aborde par exemple l’usage de la musique, la nourriture, les parfums…

Le Kâmasûtra apporte des informations sur la vie privée dans l’Inde ancienne. Il évoque successivement « les trois buts de la vie », « les conseils de bon sens », « le comportement du citadin » « le choix d’une épouse » « les devoirs et privilèges de l’épouse », « les courtisanes » et « les méthodes occultes » en plus de toutes les pratiques plus directement liées à la sexualité.

Souvent richement illustré de miniatures, il prodigue des conseils de séduction pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles destinées, à l’origine, à l’aristocratie indienne.

À l’origine, le Kâmasûtra était essentiellement destiné aux hommes et aux courtisanes. Cependant, le livre donne aussi des conseils à toutes les femmes et aux couples et indique que les hommes n’étaient pas tenus à la seule pénétration dans le rapport sexuel, mais devaient aussi maîtriser les baisers, les caresses, les morsures et les griffures. Il décrit un certain nombre de positions, mais également le comportement à tenir par les partenaires pour laisser ensuite place à leur imagination.

Photos de haut en bas: Temple Kandariya, figures exotiques Kandariya, sculptures temple Laskhamana, parties du temple Laskhamana, sculpture exotique inspirée du Kamasutra.