La Sagrada Familia : les tours


Tours de la Sagrada Família.

Selon la typologie du maître, plusieurs symboles sont utilisés. Les éléments représentant les apôtres sont disposés sur les sommets. Ce sont des mosaïques de Venise polychromes, des blasons, ainsi que la croix et des sphères blanches qui symbolisent la mitre épiscopale. On peut également y voir l’anneau et le bâton épiscopaux suivis des inscriptions Hosanna, Excelsis et Sanctus, Sanctus, Sanctus, répétés trois fois pour la sainte Trinité : le jaune est associé au Père pour la lumière, le rouge est associé au Fils symbole du martyr, et la couleur de l’Esprit saint est l’orange, union des deux précédentes. Chaque tour porte le nom latin d’un apôtre suivi du mot Apostolus et d’une sculpture qui le représente. On peut également apprécier d’autres inscriptions telles que : Jesus, Maria, Joseph ; Sursum corda ; Gratia plena ; Ora pro nobis ; les séries aurum, thus, myrrham (en latin, or, encens et myrrhe) ainsi que les mots en catalan oració, sacrifici, almoina (prière, sacrifice, aumône en français).

Il a été proposé d’installer à l’intérieur de ces tours des cloches tubulaires, actionnées par la force du vent. Gaudí a réalisé des études acoustiques et lumineuses poussées pour obtenir une sonorité et un éclairage parfaits à l’intérieur du temple. Treize ascenseurs permettront de monter dans les tours de la Sagrada Família. Le plus haut permettra d’accéder à la tour de Jésus.

Gaudí a également conçu les luminaires, le mobilier et les objets liturgiques de la Sagrada Família : armoires de sacristie, bancs des officiants, trônes, confessionnaux, ténèbres, pupitres, cierges pascals, etc. Cet ensemble s’organise autour des trois façades dédiées à la Nativité, à la Passion et à la Mort, et à la Résurrection ou à la Gloire. Chacune a une importante iconographie. L’artiste Joan Vila i Grau a été chargé des vitraux. Certains peuvent d’ores et déjà être admirés dans des chapelles de l’abside.

À l’extérieur, derrière les murs du cloître, on peut observer d’autres murs appartenant aux collatéraux du temple. Ils sont formés d’une base de 4 mètres surmontés de fenêtres de 20 mètres de haut. Au-dessus de chacune d’elles est posée une série de vitraux de 10 mètres de haut. Chaque fenêtre est dédiée à un saint fondateur : Ignace de Loyola, Joseph Calasanz, Dominique de Guzmán, Pierre Nolasque, Raymond de Peñafort, saint François de Paule, Thérèse de Lisieux, sainte Joaquina Vedruna, Antoine Marie, Philippe Néri, Jean Bosco et Joseph Manyanet y Vives. Les frontons extérieurs sont couronnés par une grappe de fruits faite de céramique de couleurs.

Fenêtrestration

Les grandes fenêtres qui forment les murs du temple ont été conçues par Gaudí de formes différentes afin de réaliser une progression entre le style néo-gothique des premiers ensembles et ses derniers travaux reflétant pleinement sa conception de l’architecture et de son projet final.

On peut vérifier que le niveau inférieur au chœur est de style néo-gothique avec des moulures classiques déjà substituées par des formes arrondies. Cette partie a été dessinée par les architectes aidant Gaudí. Celles qui sont au-dessus des chœurs, jusqu’à 30 mètres dans les collatéraux, sont essentiellement constituées d’hyperboloïdes elliptiques, entourées de quatre cercles sur une frise de section rectangulaire. Ce second type de fenêtres est l’œuvre de l’architecte néo-zélandais Mark Burry qui avait été employé comme stagiaire sur le chantier de la cathédrale de Gaudí de 1979 à 1980, et qui en a fait une étude informatique. Ces fenêtres s’allongent avec un fronton terminal en mosaïque en forme de fruit. Le troisième type de fenêtre en correspondance avec la nef centrale ressemble à la précédente avec l’hyperboloïde elliptique, mais possède seulement deux hyperboloïdes sur les quatre ouvertures rectangulaires. Des éléments étirés et arrondis sur la partie supérieure complètent ces fenêtres. Elles portent en leur centre des lettres du mot Gloriam.

Dimensions intérieures

Les façades de la Passion et de la Nativité. Les nefs mesurent en tout 45 mètres. Cette largeur est la somme des 15 mètres de la nef centrale plus 7,5 mètres pour chaque collatéral.

Les dimensions principales du temple sont des multiples de la largeur entre les colonnes, c’est-à-dire multiples de 7,5 mètres :

Crypte

On accède à la crypte par un escalier à gauche de l’abside. Elle est circulaire, de style néo-gothique de 40 × 30 mètres, avec les bords nervurés. La clef de voûte représente principalement l’Annonciation. C’est l’œuvre du sculpteur Joan Flotats i Llucià. Les sept chapelles sont dédiées à l’Immaculée Conception, au Sacré Cœur et à la famille de Jésus. La chapelle de Joseph est au centre. L’image de saint Joseph est faite dans du bois sculpté par Maximi Sala Sanchez et a été polychromée par le peintre Guixà.

En face se trouvent cinq autres chapelles. Celle du centre contient l’autel principal avec une sculpture de la Sainte Famille. À ses côtés se trouvent la chapelle de la mère de Dieu de Montserrat puis une autre avec un bas relief représentant le Christ en croix, œuvre de Charles Mani Roig. Cette dernière chapelle contient la sépulture de Josep Maria Bocabella. La chapelle de Notre Dame des Carmes contient la dépouille d’Antonio Gaudí. La crypte est entourée par une mosaïque de style roman réalisée par Mario Maragliano, où sont représentés la vigne et le blé, symboles de l’Eucharistie.

À la suite d’un incendie durant la guerre d’Espagne en 1936, la crypte a dû être restaurée en 1940 par l’architecte Francesc de Paula Quintana. La chapelle baptiste a été le dernier élément de la crypte à être construit en 1958. La crypte sert d’église paroissiale.

Abside et sacristies

L’abside donne sur la rue Provença. Elle occupe la partie antérieure du temple entre les façades de la Nativité et de la Passion. Au milieu se trouve la chapelle de l’Assomption. Elle sera flanquée de deux sacristies de part et d’autre. Celles-ci seront reliées par un cloître qui reliera la façade de la Nativité à celle de la Passion. Gaudí a dédié l’ensemble de l’abside à la vierge Marie de qui il était un grand dévot.

L’abside est la partie la plus néo-gothique de la Sagrada Família puisque, avec la crypte sur laquelle elle est construite, elle fut réalisée lors des premières phases de construction entre 1890 et 1893. On peut en voir les vitraux depuis l’extérieur. Il y a trois vitraux pour chacune des sept chapelles qui forment l’abside.

On trouve aux pinacles des piliers, à mi-hauteur, des gargouilles avec des têtes d’animaux, principalement des reptiles. Au bout des lanternes des chapelles seront symbolisées les invocations au Messie. Une tribune de gradins est construite dans la partie intérieure, à côté du presbytère, le long et autour de l’abside. Elle servira à accueillir les chœurs d’enfants et sera couverte par la tour dédiée à la vierge Marie d’une hauteur de 120 mètres.

L’abside aura un grand nombre de sculptures. On y trouvera des statues dédiées aux saints fondateurs de différents ordres religieux (saint Antoine, Benoît de Nursie, sainte Scolastique, saint Bruno le Chartreux, saint François d’Assise, sainte Claire et saint Éloi), ainsi que les monogrammes de Jésus, Marie et Joseph. Les initiales de Jésus seront entourées d’une couronne d’épines, celles de la Vierge d’une couronne de la Reine du ciel et de la terre et celles de saint Joseph de narcisses, fleur qui évoque la pureté et la chasteté. On trouvera de nombreux éléments représentatifs de la nature, notamment des herbes (principalement du blé, symbole de l’Eucharistie) et des animaux (serpents, caméléons, escargots, lézards, grenouilles, salamandres, etc.).

Monogramme de Jésus.

Les rambardes hautes des chapelles porteront des décorations florales décrites dans l’antienne du Petit office de la bienheureuse vierge Marie : cèdres, palmiers, cyprès, lauriers, rosiers, oliviers et impatientes. Les lanternes des chapelles porteront les symboles des antiennes de la dernière semaine de l’Avent, connues comme antiennes de l’O.

De part et d’autre de l’abside seront construites les deux sacristies. D’une hauteur de 46 mètres, avec une coupole à douze faces, elles auront toutes les deux douze rosaces triangulaires par où entrera la lumière extérieure.

 Cloître

La construction du cloître commence en 1895 et n’est pas achevée. Il est conçu pour faire le tour du temple comme une sorte de déambulatoire. Gaudí étant un fervent dévot du rosaire, il en a disposé dans le cloître pour pouvoir prier sur ce chemin. Le cloître est voûté sur croisées d’ogives. Entre chacune d’elles se trouve une rosace de trois ogives.

Les maquettes et schémas de Gaudí indiquent qu’une porte dédiée à la Vierge doit être construite à chaque intersection du cloître avec les façades. La Vierge de Montserrat et celle du Rosaire seront sur la façade de la Nativité, et les Vierges de la Merced et de la Douleur seront contre la façade de la Passion. La Vierge du Rosaire a été conçue par Gaudí et a été réalisée par le sculpteur Llorenç Matamala i Piñol. La scène centrale est une Vierge à l’enfant au côté desquels se trouvent saint Dominique et sainte Catherine. Sur le côté gauche de la porte sont représentés les rois David et Salomon alors que le côté droit porte Isaac et Jacob. Le portail fut terminé en 1899.

Les plans du maître mentionnent également des groupes de trois obélisques de part et d’autre du cloître, à l’extérieur. Le plus grand des obélisques des groupes serait au centre. Chaque groupe est prévu pour être orienté vers un point cardinal et pour porter ses propres représentations et symboles.

La façade de la Nativité et une partie de la façade de la Gloire sont construites avec une grande profusion de décorations et de sculptures provenant de la façade de la Passion.

Chapelle de l’Assomption

D’après les maquettes, la chapelle de l’Assomption est orientée vers le nord-ouest. Elle est située au pied de l’abside au milieu du cloître reliant la façade de la Nativité et la façade de la Passion. De plan carré, elle possède deux entrées directes depuis la rue ainsi que deux ouvertures latérales sur le cloître dont elle assure la continuité. Comme pour la section du cloître dont elle fait partie, les travaux de la chapelle de l’Assomption n’ont pas encore commencé.

Les plans prévoient qu’elle soit couverte avec une voûte hyperboloïde et un ciborium de 30 mètres de haut. La coupole représentera la Miséricorde et aura la forme d’un manteau soutenu par quatre anges fixés au pinacle. Elle portera l’inscription Salve, Regina, Mater misericordiæ. La chapelle aura la forme d’un linceul de pierre, évoquant le linceul avec lequel est faite la procession de la Vierge d’août de la cathédrale Sainte-Marie de Gérone. Gaudí s’est inspiré de l’œuvre de Luis Bonifaç du siège épiscopal de cette ville. Il en a reproduit des détails comme des rideaux, la couronne, les piliers et les anges.

À l’intérieur, la coupole de la chapelle sera ornée de la sainte Trinité. Sur la galerie figureront douze anges correspondant aux douze étoiles de la couronne de la Vierge ainsi que les fruits de l’Esprit saint. Au bas de la galerie seront représentées la mort de la Vierge, celle de saint Joseph, la présentation de Marie au Temple par saint Joachim, sainte Anne et les noces de Cana. Les portails recevront les saints barcelonais saint Roch et saint Joseph Oriol.

Façade de la Nativité

La façade de la Nativité, également dite « du Levant », est la seule à avoir été construite pendant la vie de Gaudí. Les travaux du temple ont continué à partir de cette porte, puisque, comme Gaudí le dit : « […] si au lieu de faire cette façade décorée, ornée, ampoulée, j’avais commencé par celle de la Passion, dure, aride, comme faite d’os, les gens se seraient plaints. » La façade donne sur la rue Marina, et possède trois grands portails. Ils représentent, de gauche à droite, l’Espérance, la Charité, et la Foi. En plein centre, sur la porte principale et entre les quatre tours, se trouve un cyprès symbolisant l’arbre de la vie. Il est surmonté d’une croix en forme de T : tau. C’est le symbole de Dieu le Père. Deux diagonales le recouvrent en forme de X, chi, symbole du Christ. Enfin, une colonne avec deux ailes ouvertes est une allusion à l’Esprit saint.

Porte de l’Espérance

Un ensemble de sculptures dans la partie centrale figure sur la porte de l’Espérance, représentant les noces de Joseph et de Marie à l’intérieur d’une grotte. Divers symboles sont également sculptés : le monogramme de saint Joseph, celui de Jésus à l’œuvre de Nazareth, le massacre des Innocents, la fuite en Égypte, la flore de la Palestine et la représentation de la montagne de Montserrat.

On peut aussi observer sur cette porte de nombreux animaux domestiques comme des oies et des canards, allusions à la faune du Nil et à la flore d’Égypte. Le portique est surmonté par un grand pinacle ressemblant aux falaises de Montserrat. Il est surmonté de l’inscription Salvanos.

Porte de la Charité

La porte centrale et les colonnes qui l’encadrent représentent la Mère de Dieu et saint Joseph, tel qu’on peut les voir sur les inscriptions à mi-hauteur. Deux tortues sont sculptées à la base, l’une de mer (côté littoral) et une de terre (côté montagne) : au Moyen Âge, il était habituel de représenter la ville de Jérusalem par une tour posée sur une tortue. À la Renaissance la tour fut substituée par des trompettes de la renommée, comme on peut le voir au parc Orsini de Bomarzo (Italie).

La partie supérieure des colonnes porte des feuilles de palmiers représentant l’arbre généalogique de Jésus. Chaque feuille porte le nom d’un de ses ancêtres.

Le groupe de sculptures de la Nativité est l’œuvre de Jaume Busquet, réalisée en 1959. C’est également le cas des sculptures de l’Annonciation, réalisées en 1966. Le chœur des anges enfants, détruit durant la guerre d’Espagne, a été re-sculpté par Esturo Sotoo. Les anges soutiennent une inscription qui dit « Iesus est natus. Venite, adoremus ». En face du message, des oiseaux se dirigent au pied du berceau, selon la chanson populaire catalane el cant dels ocells.

D’autres symboles sont également représentés tels que le lit d’enfant, l’étoile de Bethléem, l’Eucharistie et le couronnement de la Vierge. Le tout est surmonté d’un cyprès en céramique portant des colombes de couleur. Conçu par Gaudí, il a été réalisé par Domenec Sugrañes.

Porte de la Foi

La porte de la Foi représente la Visitation, Jésus et les docteurs du Temple, Sa présentation au Temple, l’Immaculée Conception, la sainte Trinité, la végétation de la Palestine et Jésus charpentier. Le Temple est marqué par un relief en forme de grotte.

On retrouve ici des éléments d’ornementation présents sur les trois autres portes. C’est le cas des animaux : reptiles, lézards, coquillages, poules, oiseaux, canards, aigles, escargots, tortues, etc. La flore est également représentée et plus d’une trentaine d’espèces de plantes de Terre sainte sont sculptées. Il s’agit d’une flore méditerranéenne ressemblant à celle de Catalogne : roses, amandiers, orangers, cyprès, algues, mousses, etc. Les anges aux trompettes sont un symbole de l’annonciation de la naissance de Jésus. C’est l’œuvre du sculpteur Llorenç Matamala i Piñol. On note également des inscriptions significatives comme « Sanctus, Sanctus, Sanctus » sur les campaniles et un « Salva-nos» sur la barque de saint Pierre.

Le portail est riche de nombreuses autres sculptures : les figures de saint Jean Baptiste, de saint Zacharie, le cœur de Jésus couvert d’épines et d’abeilles mystiques qui pompent son sang. La Providence est représentée par une main avec un « œil qui voit tout », et l’Eucharistie est figurée par des raisins et des épines.

Ces œuvres sont le fruit du travail de Cales Mani et de Joan Matamala i Flotats. De nombreuses pièces ont été réalisées à partir du moulage de modèles vivants, humains comme animaux. Le sculpteur japonais Etsuri Sotoo a réalisé certaines des sculptures de la façade de la Nativité.

Les quatre tours campaniles commencées en 1903 sont dédiées à saint Barnabé, saint Simon, saint Jude et saint Matthieu. Elles se finissent par les attributs des évêques : le bâton, la mitre, l’anneau et la croix. Ils sont réalisés sous forme d’une mosaïque de couleurs. La tour Saint-Barnabé a été achevée en 1925. Les trois autres campaniles et le cyprès central furent achevés en 1930.