Québec, une ville audacieuse et fière. Des paysages d’une grande beauté. Une multitude d’attraits naturels, culturels et historiques. Des activités de plein air à deux pas de la ville. Des festivals et des événements d’envergure internationale et un accueil incomparable. Ça, c’est Québec ! Voici son histoire.
La ville de Québec est la capitale nationale du Québec, une des provinces de l’est du Canada. Le Parlement du Québec y siège avec la plupart des institutions provinciales. Elle est la seule ville fortifiée en Amérique du Nord.
Le site de la ville de Québec, il y a 14 000 ans, était littéralement sous une calotte glacière. 2 000 ans plus tard, ce même site se retrouva submergé par l’eau, à la suite de la fonte des glaciers, qui formera la mer de Champlain, devenue avec le temps un simple fleuve. Seule la colline de Québec était visible à ce moment-là. Ainsi, 6 000 ans plus tard, l’emplacement de Québec se montre fièrement.
Jacques Cartier
En 1534, le navigateur Jacques Cartier quitte le port de St-Malo en France pour explorer, au compte du roi de France François Ier, l’intérieur navigable des terres de l’Amérique septentrionale. Celui-ci connaît déjà les côtes maritimes de l’est des continents américains jusqu’au Brésil. Il choisit de baliser les régions qui se trouvent sur le même parallèle et la plus directe avec la France. Le but est d’y trouver la route permettant de pouvoir passer aux Indes, en Chine et au Japon.
À l’intérieur du golfe, le navigateur et l’équipage visitent différents lieux et se rendent à l’actuelle baie de Gaspé d’où ils auront un rendez-vous inattendu avec un important groupe d’Amérindiens. Cartier fait la rencontre d’un chef du nom de Donnacona. Après avoir établi une relation « commerciale » avec ce premier groupe d’autochtones, Cartier amène les deux fils du chef Donnacona (Domagaya et Tainoagny) avec lui. Ceux-ci semblent connaître l’intérieur des terres de la vallée du St-Laurent. Comme la saison estivale passe rapidement, Cartier prend la décision de retourner en France.
Seconde expédition de Cartier
François Ier autorise à nouveau Cartier à entreprendre une seconde expédition. Jacques Cartier y apprend qu’il y a un endroit où commence une grande rivière, le « chemin du Canada » grâce aux confidences de ses « invités » amérindiens. Il décide donc de remonter le fleuve en 1535. C’est en parcourant le long des rives du Fleuve St-Laurent (nom donné au fleuve par Jacques Cartier)que le navigateur entreprend de baliser de nombreuses rivières; la rivière Saguenay et la rivière Ste-Croix (aujourd’hui St-Charles) entre autres. Il visite la vallée du St-Laurent. À cette époque, les marins français, espagnols, basques, portugais et anglais viennent chaque année pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve. De plus en plus de navires font escale dans le golfe Saint-Laurent. Les Amérindiens se font la guerre en vue d’un meilleur positionnement pour le commerce avec les Européens.
Cartier et ses hommes localisent le village nommé Stadaconé, une agglomération iroquoise à cette époque (Champlain y découvrira en 1603 une population montagnaise). Des relations s’établissent en vue de faire le commerce.
Les hommes de Cartier construisent un fort sur la rive droite de la rivière Sainte-Croix, en attendant de passer l’hiver. Cette fortification est suffisamment éloignée du village iroquois et gardée de jour comme de nuit.
Les relations demeurent tendues avec les Amérindiens. Puis, les Français affrontent les rigueurs de l’hiver. En effet, 110 des 145 hommes de Cartier contractent le scorbut. Grâce à l’aide in extremis des Amérindiens de Stadaconé, une infusion faite d’annedda (cèdre blanc) sauvera la majorité, 25 hommes mourront tout de même du scorbut cette année-là.
Par stratégie, Agona, un Amérindien, aspire aux pouvoirs face à Donnacona. Cartier décide de retourner en France avec ce dernier et ses enfants afin de les protéger, le 3 mai 1536. Il abandonne l’un de ses bateaux, la Petite-Hermine, faute d’hommes. Il quitte avec une dizaine d’Iroquois dont 4 enfants qui lui avait été donnés à l’automne précédant. Il arrive à Saint-Malo, en France, le 16 juillet 1536. La presque totalité des Amérindiens vont mourir en France en raison des maladies desquelles ils ne sont pas protégés par les anticorps.
Cinq ans plus tard, le 23 août 1541, Jacques Cartier est de retour dans la future région de Québec pour s’y installer à nouveau. En effet, il y construit un nouveau bâtiment à l’embouchure de la rivière Cap-Rouge, qu’il nomme Charlesbourg-Royal en l’honneur du fils de François 1er. C’est un lieu idéal pour les navires, l’artillerie et la construction d’habitations.
Durant l’hiver 1541-1542, une nouvelle vague de scorbut frappe son équipe. En plus, les Iroquois assassinent des membres de l’équipe de Cartier. Il en résulte la mort de 35 personnes. Après avoir fait le plein de nouvelles marchandises (or et diamants (quartz)), Cartier décide de retourner en France.
Pendant ce temps, toujours en 1542, Roberval s’installe à l’endroit occupé par le second site de Cartier et le renomme France-Roy. Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval y fait construire un édifice au bas et un autre sur la montagne. Il connaît également la difficile situation d’un hiver vigoureux. Les morts sont nombreux. L’idée de peupler les lieux par les Français s’estompe à cause de ces nombreuses pertes de vies et des faux espoirs de richesse. Il faut attendre l’arrivée de Samuel de Champlain plus de 60 ans plus tard pour connaître à nouveau la volonté d’une colonisation française en Amérique du Nord.
Samuel de Champlain
Nous sommes en juin 1603. Le cartographe et navigateur français Samuel de Champlain, de retour d’un premier voyage d’exploration en Nouvelle-France sous la gouverne de Francis Gravé, sieur du Pont-Gravé, met au point ses cartes, son journal de bord et son récit. Ce dernier comprend une description minutieuse de ses activités, de même que ses impressions sur la beauté des côtes du Saint-Laurent, qu’il a explorées jusqu’à une grande île surplombée d’une montagne (Jacques Cartier lui avait donné le nom de Mont-Royal). Il évoque les populations aborigènes qu’il a rencontrées, les superbes baies où il est venu mouiller, les fjords du Saguenay contre lesquels il a appuyé sa barque, les vastes étendues de terrain plat recouvert d’arbres sur un sol qu’il estime aussi fertile que celui de la France et cette chute (Montmorency) qui lui a fait si grande impression. Champlain s’attarde plus particulièrement sur une pointe de terre où « la rivière du Canada » (le fleuve Saint-Laurent) est moins large et d’où l’on peut découvrir une haute montagne et un décor spectaculaire.
Il repart l’année suivante avec Pierre de Gua, sieur de Mons, qui est vice-amiral de Normandie, gouverneur de Dieppe et commanditaire des voyages. Le sieur de Mons est un Huguenot protestant tout comme le Roi. Sa compagnie, la Compagnie de Mons, a obtenu de Sa Majesté un privilège exclusif de dix ans sur la pêche, l’exploitation des forêts et des mines et la traite des fourrures. Face à la formidable opposition qui se déchaîne contre ce monopole, le Roi donne l’assurance que seuls les missionnaires catholiques auront accès à la colonie et le droit d’y séjourner. Le sieur de Mons, navigateur lui-même, a déjà visité, en 1600, le littoral du Saguenay. Le Roi le nomme lieutenant-général au pays de la Cadie.
Le sieur de Mons et Champlain se dirigent vers les côtes de l’Acadie où ils explorent la côte atlantique (la Nouvelle-Écosse d’aujourd’hui) car la nouvelle mission est d’effectuer des découvertes. Champlain relève les contours de la grande baie de Fundy. Le sieur de Mons établit d’abord une colonie à Sainte-Croix, puis la localise ensuite à Port-Royal, Les hivers sont durs, le bois de chauffage rare et le scorbut décime les rangs des colons. Le sieur de Mons et Champlain rentrent en 1606. Les colons de Port-Royal sont rapatriés et le sieur de Mons laisse au chef autochtone Membertou la responsabilité de protéger l’Habitation de Port-Royal. Devant les pertes qui s’accumulent, les plaintes des armateurs non associés, la déloyauté de certains actionnaires et la hausse des prix de la fourrure, la Compagnie est dissoute.
Champlain rencontre une nouvelle fois le sieur de Mons pour lui remettre ses cartes et les récits de son premier voyage. Émerveillé par ses textes, celui-ci, après plusieurs rencontres, finit par lui demander « Vous, Samuel, êtes-vous prêt à continuer cette noble et méritoire ambition et aller implanter là-bas une première colonie permanente ? ». Sans égard aux difficultés et aux peines du passé, aux hivers rigoureux, au dur labeur et aux grands risques de la traversée, Champlain répond sur-le-champ : « Oui, Sieur, je repartirais demain matin! ». « Alors, je vous reviens » répond le sieur de Mons.
Comme son but est de redevenir le principal acteur français sur le marché des peaux d’animaux à fourrure en Nouvelle-France, le sieur de Mons entreprend de préparer un prochain voyage. Il prend vite conscience de l’ampleur des coûts. Ses réflexions sur les moyens de financer une telle expédition l’amènent à comprendre que la France a également un intérêt dans cette mission et qu’il serait logique, par conséquent, que celle-ci participât aux frais.
Ami de Sa Majesté chez qui il a ses entrées, le sieur de Mons demande une nouvelle audience auprès de Henri IV, Roi de France et de Navarre. Reçu avec tous les égards, il présente sa proposition au Roi qui l’écoute toujours avec un grand intérêt.
Voulant d’abord prendre l’avis de ses conseillers, le souverain demande au sieur de Mons de revenir quelques jours plus tard. Dès le début de la deuxième audience, Henri IV se montre réceptif et lui dit : « Nous nous rappelons vos difficultés passées. Mais la Nouvelle-France est prometteuse, les terres sont bonnes et les peuples qui y vivent semblent prêts à accepter la connaissance de Dieu; de plus, l’expansion que vous voulez donner au commerce des peaux paraît judicieuse car elle procurera à tous nos sujets un meilleur accès à ce marché. J’aimerais aussi voir plusieurs de mes sujets y émigrer et fonder des familles ».
Puis, changeant de ton, le Roi ajoute « Je regrette cependant de vous dire que Nous ne pouvons, à ce moment-ci, contribuer aux dépenses de votre voyage ». Le sieur de Mons ne se laisse pas démonter devant ce refus. Il l’avait prévu. Il rétorque alors : « Majesté, il existe un moyen de contourner cette difficulté : en contrepartie pour le risque que je serais prêt a assumer avec mes associés, je vous demande de nous accorder à nouveau l’exclusivité de tout le marché des peaux et des autres marchandises en Nouvelle-France pendant toute une année ». Heureux du compromis, le Roi donne son accord au sieur de Mons et ajoute « Je vous confirme notre entente par une commission royale ». En quittant le Roi, le sieur de Mons rajoute : « Majesté, les deux barques que j’ai prévues pour cette expédition appareilleront dès le printemps de cette année et seront sous la gouverne des navigateurs Champlain et Pontgravé que vous connaissez bien. Champlain restera là-bas pour implanter une colonie avec 28 personnes dont 6 familles » le Roi en voulait beaucoup plus, mais le sieur des Monts convainc Sa Majesté d’accepter ce nombre restreint) et les barques reviendront fin septembre ». Le sieur de Mons quitte le palais royal, ravi du tour pris par les événements.
Dès que Champlain apprend la bonne nouvelle, il amorce les préparatifs. Il recrute ses équipages, choisit les barques, achète les provisions à embarquer, fait tous les arrangements avec le port de Honfleur. Le 13 avril, huit jours après le départ de Pontgravé qui commande « Le Lièvre », il sort sa barque, le « Don-de-Dieu », du bassin et prend la direction de l’Atlantique Nord. Cap sur les bancs de Terre-Neuve ! Il les atteint le 26 avril. Le 30, il est déjà rendu à Gaspé. Le 3 juin, le voici devant Tadoussac, à l’embouchure du Saguenay où il voit les baleines. À la faveur du vent et de la marée, il s’y engage pour jeter l’ancre.
À terre, il part à la recherche de Pontgravé, déjà arrivé depuis quelques jours. Il le retrouve, blessé, en compagnie de trois de ses compagnons, également blessés. Un autre a été tué. Ils ont été pris dans une escarmouche par des contrebandiers Basques et Espagnols faisant la traite des fourrures. Ceux-ci s’opposent à l’exclusivité accordée au sieur de Mons. Quelques jours plus tard, Champlain réussit à faire arrêter les coupables.
Fondation de Québec
Dès le 30 juin, il reprend sa route et navigue en direction de la pointe de terre de ses rêves. Il longe des îles, passe des rivières, dont une qu’il nomme la rivière aux Saumons, aperçoit le cap Dauphin, le cap d’Aigle, explore l’île aux Coudres, poursuit sa navigation et découvre un cap auquel il donne le nom de Tourmente. Il constate que l’eau devient douce à cet endroit. Il passe au sud de l’île de Bacchus, s’y arrête et la nomme ainsi parce qu’il y découvre des vignes (c’est aujourd’hui l’île d’Orléans), aperçoit les grandes chutes dont il estime la hauteur à 25 fathoms et retrouve finalement la pointe de terre qu’il considère de nouveau être la mieux située et la plus susceptible d’assurer la permanence de sa nouvelle colonie.
Il trouve un bon mouillage pour son navire et, en ce beau jeudi du 3 juillet 1608, il descend à terre pour identifier le meilleur site pour construire les bâtiments prévus par le sieur de Mons. Il fait couper des arbres, creuser des excavations et entreprend la construction d’habitations, d’un entrepôt et de fortifications. Tout cela très rapidement sous son œil attentif, car il faut terminer avant que l’hiver ne s’installe.
Le resserrement du fleuve entre les villes de Québec et de Lévis, sur la rive opposée, aurait donné le nom à la ville, Kebec étant un mot algonquin signifiant « là où le fleuve se rétrécit ». Une autre théorie, bien que moins répandue que la précédente, est aussi avancée pour expliquer l’origine du nom de la ville. Ainsi, Samuel de Champlain aurait pu prendre l’invitation des Amérindiens à descendre (Kepec) pour la désignation de leur région. Une telle confusion ne serait pas unique puisque le nom du pays, Canada, serait issu de ce même genre d’incompréhension linguistique. Une autre hypothèse est que la ville porte simplement le nom des autochtones habitant près de cette région, les « kebik », aujourd’hui connus sous l’appellation « Montagnais. Champlain lui-même envisagea le nom de Ludovica, en l’honneur du roi Louis XIII, souverain français à cette époque. Finalement il choisit le nom algonquin qui sera bientôt francisé en Québec.
Au départ des barques, les 28 nouveaux colons se préparent à vivre le dur hiver qui s’annonce. Le 5 juin 1609, l’équipage de la barque affrétée pour ravitailler la colonie ne retrouve vivants que Champlain et sept des premiers colons. Les autres sont morts du scorbut et des rigueurs de l’hiver. La première ville du continent nord-américain prend difficilement racine.
Les années passant, Champlain s’alliera plusieurs fois avec ceux qu’il surnomme les « sauvages », Hurons, Algonquins et Montagnais, pour combattre les Iroquois, toujours très menaçants, qui s’en prennent aux nouvelles implantations de la colonie. Champlain est blessé lors d’une attaque. Les « robes noires », nom donné par les « sauvages » aux prêtres Jésuites, Récollets et Sulpiciens, arrivent en Nouvelle-France avec l’ordre de les convertir au catholicisme. En 1616, ils ouvrent des classes à leur intention, aux postes de traite de fourrures de Trois-Rivières et de Tadoussac.
En 1612, Champlain devient lieutenant en Nouvelle-France.
Pendant de nombreuses décennies, Québec demeurera un poste de traite. Champlain viendra ainsi à Québec de façon régulière aux deux ans jusqu’en 1617. La vie à Québec est maintenue. Ceux qui y demeurent le font sous contrat. Le poste de traite tient bon malgré la contrebande. Champlain poursuit ses explorations en 1613 au sud du poste de traite et dans la région de la rivière des Outaouais. La quête de la route pour l’Asie se poursuit puis, retourne en France à nouveau.
Les Algonquins, Montagnais et Hurons sont confrontés à des conflits avec les Iroquois. Peupler le pays est une tâche ardue et la population française est peu encline à quitter la France pour venir dans une Amérique difficile à habiter en raison du climat. C’est à partir de 1617 que des Français viendront dans la colonie pour des raisons qui sont autres que celle de la traite des fourrures. Champlain sait que si on n’intervient pas bientôt, les terres de la vallée du Saint-Laurent qui n’auront pas été occupées par la France, le seront par les Anglais et les Hollandais.
En 1620, Champlain revient à Québec accompagné cette fois de sa jeune épouse Hélène Boullé. Il fait remettre le poste de traite en ordre après plusieurs années de laisser-aller. Champlain y fait construire un fort dans le haut du site du Cap-aux-Diamants et lui donne le nom de château Saint-Louis en l’honneur de Louis XIII. La colonie prend véritablement forme par la présence d’une soixantaine de personnes; hommes, femmes et enfants cette fois. Les besoins sont nombreux dans tous les domaines de la vie de groupe.
En 1623, Champlain fait construire un chemin entre le fort et les nouvelles installations. De 1624 à 1626, il s’occupe en France des préoccupations liées aux besoins de la jeune colonie. Celle-ci progresse peu durant ce temps. Le développement du poste de traite tient toujours à la nécessité et aux privilèges des droits sur le territoire exclusif et du commerce en Nouvelle-France. Les progrès sont encore peu nombreux lors d’une visite de Champlain au poste de traite en 1626. À partir de 1627, la colonie de la Nouvelle-France sera modelée selon le modèle du régime seigneurial.
Champlain meurt le jour de Noël de 1635 à Québec.
Photos de haut en bas: Panorama de Québec (internet), Jacques Cartier, Statue des amérindiens, monument de Champlain, chute Montmorency, îles au Coudre et D’Orléans, baleine de Tadoussac, emplacement de l’habitation de Champlain, fourrure à vendre, le fiord du Saguenay.
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