La 1ière Science


En 1950, Claude est promu en 1ière Science comme finissant du Mont-Saint-Louis. Ce sera sa dernière année au collège et le temps des grandes décisions. Il devra enfin choisir sa carrière. Il n’en a aucune idée.

Claude a un bon ami de sa classe, Yves Montpetit, qui comme lui cherche sa future voie. Son père, ingénieur, a été colonel de l’armée canadienne durant la guerre et a créé, à son retour au Canada, l’importante firme «Leblanc et Montpetit» spécialisée en mécanique et électricité. Leblanc est professeur d’électricité à Polytechnique.

Yves n’est pas intéressé par la carrière d’ingénieur, il est plutôt attiré par les arts. Son grand-père, Édouard Montpetit, est un homme célèbre au Canada et est le premier secrétaire général de l’Université de Montréal depuis qu’elle a acquis son autonomie en 1920.

Édouard Montpetit est avocat, économiste et professeur. Il étudia au Québec et se perfectionna en France. À son retour, en 1910, il devint responsable des cours d’économie politique, de finances publiques, de politique commerciale et même de statistiques (à ce moment-là, il n’y a même pas de manuel traitant de l’économie du pays) à la nouvelle école des Hautes Études Commerciales de Montréal, sur la rue Viger dans le centre-ville. Dix ans plus tard il fonde l’École des sciences sociales et politique de l’U de M. Il a été professeur invité à la Sorbonne, dirigé des missions diplomatiques, participé à des conférences internationales et présidé deux commissions d’enquêtes gouvernementales.

Yves propose à Claude d’aller rencontrer son grand-père à l’université pour parler de leur future carrière. Claude qui ne connaît ni Édouard Montpetit, ni sa renommée, saute sur l’occasion et la réunion est fixée à son bureau de l’Université, cette grande institution où il est curieux d’entrer. En ce beau samedi, Yves et Claude se rendent à l’imposante porte principale de l’Université juchée sur la montagne vêtue, ce jour-là, de son beau manteau printanier de couleurs vertes aux teintes variées. Il est 09:30. Ils grimpent les marches, entrent dans un grand hall tout de marbre et se dirigent vers les bureaux administratifs en montant de magnifiques escaliers toujours de marbre. A l’étage, ils sont impressionnés par le grand hall des bureaux et ses décorations magnifiques dont une grande et superbe potiche haute et de couleur bleu et blanche. Monsieur Montpetit est seul, sans secrétaire et sa porte est entrouverte. Dès qu’il entend les pas qui résonnent dans le hall, il se lève et vient accueillir ses invités.

Yves et Claude rencontrent un homme doux, calme, agréable, heureux de revoir son petit-fils et de rencontrer son ami. Par contre, ils le trouvent fragile et affaibli (il a été terrassé par une maladie grave il y a sept ans et n’a pu reprendre son poste que de peine et de misère). Il s’informe du Mont-Saint-Louis pour lequel il a beaucoup d’admiration, parle en bien de la communauté des Frères des Écoles Chrétiennes et avant de leur parler de l’Université leur annonce qu’il leur a fixé un rendez-vous dans l’après-midi avec son collègue, le secrétaire général de l’Université McGill pour qu’ils aient une vue d’ensemble du milieu universitaire à Montréal. Yves et Claude sont épatés. Monsieur Montpetit parle de son université, de son ancienne affiliation à l’Université Laval de Québec, du progrès qu’elle a connu depuis qu’elle a obtenu son autonomie, du magnifique bâtiment dans lequel elle est maintenant logée, œuvre de l’architecte Ernest Cormier, de ce qu’elle enseigne, de ses facultés et de son corps professoral. Il leur demande ce qu’ils veulent faire plus tard. Yves dit qu’il aimerait bien être architecte et cela surprend Claude car c’est la première fois qu’il mentionne cette préférence devant lui. Quand à Claude, à court d’idée, il enchaîne avec la suggestion de son père et parle de médecine. Monsieur Montpetit les réassure en affirmant que bientôt ils verront plus clair quant à leur avenir et les encourage à continuer à s’informer comme ils le font. Il leur a réservé une visite et a demandé à un janissaire de les accompagner pour leur montrer ce qu’est l’université, ses salles de cours, ses laboratoires, ses salles de conférences, ses bibliothèques, ses salles de travail, ses ateliers, son amphithéâtre etc… Il suggère aussi au guide de les amener particulièrement vers la faculté de médecine, étant donné l’intérêt de Claude et de leur faire voir, entre autres, la salle de dissection et de leur présenter le géant Beaupré. Yves et Claude quittent monsieur Montpetit avec regret car chaque minute passée en sa compagnie fut très instructive. Claude est émerveillé d’avoir pu rencontrer un si grand homme, un intellectuel et un homme d’envergure internationale.

Le janissaire leur fait faire un tour complet et tel que convenu les amène à la salle de dissection de la faculté de médecine. Claude apprend que des cadavres sont placés sur les tables. Ce sont des morts non réclamés à la morgue ou des corps de personnes qui les ont donnés à la science après leur mort. Les étudiants les dissèquent complètement afin de bien comprendre toutes les composantes du corps humain. Il doit bien y avoir une trentaine de tables et Claude s’imagine difficilement que tant de morts soient étendus là coupés en morceaux. Il trouve cela affreux et n’est pas à l’aise. A-t-il la force et le cœur de pouvoir faire un tel travail? C’est la question qu’il se pose. Le janissaire leur indique une boîte en verre verticale où se trouve le géant Beaupré, debout. Yves et Claude passent de longues minutes à examiner ce corps nu au visage défiguré du côté droit.

Comme toujours, Claude veut tout savoir et s’informe de l’histoire de ce géant. Il apprend qu’Édouard Beaupré naquit en 1881, en Saskatchewan, de descendance métis et l’aîné de vingt enfants. Il grandit normalement jusqu’à trois ans. Mais à neuf ans, il a déjà atteint six pieds. À dix-sept ans, il mesure sept pieds et un pouce pour atteindre finalement huit pieds et deux pouces et demi. Normalement intelligent, il parle quatre langues; soit le français, l’anglais, le cri et le sioux. Son poids atteint 396 livres. Il est fort mais pauvre et décide de faire partie du circuit «freak show» du cirque Barnum & Bailey partout en Amérique et de d’autres spectacles pour gagner sa vie. En 1902, à l’apogée de sa célébrité, Louis Cyr, l’homme fort Canadien français, lui lance un défi. Édouard en sort vainqueur. Atteint de tuberculose, il tombe gravement malade et décède le 3 juillet 1904 d’une hémorragie pulmonaire, à l’âge de vingt-trois ans. Momifié, son corps est exposé dans des musées, des magasins pour attirer les foules. En 1907, il est récupéré par l’Université de Montréal pour fins de recherches. Les chercheurs attribuent sa grandeur extraordinaire à une tumeur de la glande pituitaire (hypophyse). En 1975, son neveu découvrira le corps d’Édouard lors d’une visite à l’université et entamera des procédures pour le récupérer. Finalement en 1989, le chef du département d’anatomie de l’université admettra que les avantages médicaux d’examiner le corps du géant sont épuisés et que «c’est peut-être le moment… d’inhumer son corps ». Par contre l’Université insistera pour que le corps soit incinéré avant de le remettre à la famille parce qu’elle ne veut pas qu’il soit sujet à d’autres expositions. Le 28 septembre 1989, les cendres seront rapportées à Willow-Bunch en Saskatchewan pour les funérailles. Plus tard, Claude écoutera le groupe «Beau Dommage» chanter sa création «le Géant Beaupré» qui raconte l’histoire du fantôme d’Édouard faisant des apparitions dans les couloirs de l’université.

Yves et Claude quittent l’université de Montréal avec grande satisfaction et heureux d’avoir appris tant de choses. Ils s’orientent vers l’université McGill où, après un lunch rapide, ils rencontrent son secrétaire général qui les attend. C’est un homme aussi impressionnant mais différent de monsieur Montpetit. Plus jeune et enthousiaste, il parle un français impeccable. Par contre, Claude ne peut s’empêcher de lui parler en anglais et cela semble plaire à son hôte. Ils apprennent que l’université McGill est différente de l’U de M car c’est un campus. Alors que sur la montagne, toutes les facultés sont intégrées dans le même bâtiment (sauf pour Poly, HEC et les Beaux-Arts), à McGill chaque faculté à son propre bâtiment et ils sont tous construits à proximité l’un de l’autre dans ce qui ressemble à un grand parc. C’est un campus. Claude est surpris d’apprendre qu’un fort pourcentage des étudiants sont Canadiens français même si les cours sont donnés en anglais. Étant donné qu’il n’a aucun problème pour parler et écrire l’anglais, il est heureux d’apprendre que ses possibilités pour le choix d’une université augmentent. Après avoir fait une revue des facultés de son université, le secrétaire général leur propose une visite du campus et de quelques facultés. Ils seront guidés par un jeune professeur. En quittant leur hôte celui-ci leur dit espérer de les retrouver à McGill dans deux ans. Yves et Claude se montrent reconnaissants de son accueil chaleureux et fort intéressant. La visite leur ouvre les yeux car tout est si différent de l’U de M. Ils terminent par la bibliothèque et un grand hall où sont montés les ossements de grands dinosaures. Yves et Claude passent une trentaine de minutes dans cette salle car pour chacun c’est la première fois qu’ils voient les squelettes de ces mammifères d’un autre âge. Ils sont impressionnés par leur grosseur et leur grandeur et apprécient les commentaires de leur guide qui semble bien s’y connaître.

A la sortie de McGill, ils vont prendre un milk shake dans un restaurant de la rue Ste-Catherine et faire le point de la journée. Yves est ravi de son initiative et Claude le remercie de l’avoir choisi pour l’accompagner. Ils sont satisfaits de tout ce qu’ils ont appris et reconnaissent que ces informations les aideront sûrement. Quelle chance !

Claude vient d’avoir 18 ans. Il est satisfait et heureux de son temps de collège depuis son entrée en 6ième Science C. Chaque année scolaire s’est bien déroulée, il a toujours eu de bonnes notes, participé à beaucoup d’activités et rempli des responsabilités importantes. Il aime beaucoup le Mont-Saint-Louis et est fier d’en porter les couleurs comme le chandail, la veste, la casquette pour montrer qu’il est un MSL. Il a apprécié tous ses enseignants, sans aucune exception, même si quelques-uns étaient plus raides et sévères que d’autres. Il s’est fait de nombreux nouveaux amis. Ils sont 55 élèves dans cette classe de 1ière Science à ressentir les mêmes sentiments envers leur futur alma mater.

Le programme de l’année est intense. Il comprend, entre autres, l’enseignement de la stylistique française, de l’anglais avancé (il apprendra par cœur de longs extraits d’œuvres, telles Macbeth, The Merchant of Venice, Hamlet, Huckleberry Finn…),de la philosophie, de la botanique, de la zoologie, de la comptabilité, de la dactylographie; et des matières suivantes: l’algèbre, le calcul différentiel, la chimie générale et organique, la géométrie, l’initiation à la géométrie analytique, les mathématiques appliquées, la physique et la trigonométrie. C’est une bonne étape avant d’entrer à l’université.

Dès la rentrée en septembre, c’est la préparation de la photo de promotion. Chacun doit passer chez le photographe Larose de la rue Saint-Denis pour le portrait officiel du finissant. Larose a une garde-robe de hauts de tuxedo avec collets de chemise rigides à pointes élevées et une boucle noire avec lesquelles il habille chaque finissant. Larose fera le montage des portraits de tous les élèves avec celui de l’aumônier Beaudin (pourquoi il y est, Claude ne le sait pas) et l’encadrera. En fin d’année, le cadre sera accroché au mur du grand corridor du collège à la suite de ceux des promotions des années précédentes. Claude croit que c’est pour la postérité car il voit les cadres de toutes les anciennes promotions, qui datent de plus de 40 ans. Chaque fois qu’il passe dans le corridor, il ne manque pas de penser que bientôt sa photo figurera dans cette galerie auguste. Il en est très fier.

La 1ière Science est l’année durant laquelle le frère Robert sera enfin son professeur. Claude a hâte car la réputation de ce frère est la meilleure du collège. On dit de luique c’est «un savant». Lorsque Claude le rencontre pour la première fois, il est surpris de constater qu’il est l’opposé de ce qu’il avait imaginé. Petit, gros, les cheveux (ce qui en restent) pas trop peignés, l’air sérieux, la soutane un peu sale et souventes fois, couverte de poussière de craie. Il se déplace lentement. La porte de sa chambre-bureau au rez-de-chaussée du collège est toujours ouverte et Claude l’entrevoit penché sur son pupitre et entouré d’une mer de papiers, de documents et de livres dispersés tout autant sur le plancher que sur son lit ou son bureau. Mathématicien dans l’âme, il le démontre un jour dans la cour de récréation alors qu’il voit, avec quelques élèves, deux balles lancées au hasard dans l’air se toucher. Il demande à ceux qui ont vu l’incident quelles sont les probabilités d’une telle rencontre. Tous, évidemment, ignorent comment faire un tel calcul. Il leur promet de l’expliquer un jour au moment où il enseignera le calcul des probabilités.

Le jour de son entrée en classe, tous les élèves se lèvent par respect. Il leur parle de façon générale de mathématiques, de sciences, d’astronomie et quelque peu de littérature et explique que ses cours couvriront ces sujets. Il est captivant. Claude est surpris que la littérature soit à son programme et pose la question. Le frère Robert explique qu’il a compris que la littérature est un métier d’hommes de lettres et que lui, mathématicien et astronome, devait maîtriser ce métier afin de pouvoir exprimer et publier clairement ses pensées. C’est surtout pour souligner l’importance de cette matière dans la future profession de chacun qu’il abordera le sujet. D’ailleurs durant le cours de l’année, il publie le premier tome de son livre «Les astres et les lettres» et Claude, après lecture du livre, comprend bien les vues de cet homme remarquable.

Malheureusement, les cours du frère Robert ne se déroulent pas toujours dans la même sérénité. Il est malade durant l’année. Sa vigueur diminue, son enthousiasme fléchit et sa voix devient plus sourde. Les cours sont toujours intéressants, mais difficiles à suivre et les élèves à l’arrière de la classe en subissent les conséquences. Un incident déplorable se produit. Alors qu’il écrit au tableau, le dos tourné, un morceau de craie frappe le tableau tout près de lui. Le claquement est sec et brutal. Il sursaute, comprend ce qui arrive, se retourne, rougit, ramasse ses papiers et quitte subitement le local de la classe en lançant «Messieurs, vous n’êtes pas dignes de moi !». Claude, humilié que quelqu’un dans sa classe ait agi ainsi, donne totalement raison au frère Robert. Dès son départ, les élèves se retournent vers le coupable et le qualifient de stupide. Claude l’apostrophe car il le connaît bien puisqu’il est un membre de sa troupe de cheerleaders. Suite à un court caucus, la classe désigne deux élèves, dont Claude, pour aller présenter leurs excuses au frère Robert et lui demander de bien vouloir revenir sur sa décision de terminer l’année avec eux. Le frère reçoit la délégation, écoute, ne dit pas un mot, sauf «merci». Claude est pessimiste quant au retour du frère Robert. Quelques jours plus tard après avoir laissé les élèves à eux-mêmes pour réfléchir à cet écart de conduite, il arrive soudainement et reprend son enseignement là où il s’était arrêté. Il a bien compris le désarroi de ses élèves et leur peine de lui avoir fait subir un tel affront. Ils lui en sont très reconnaissants.

Pour marquer la fin de l’année, Claude propose l’organisation d’une danse, «la danse des finissants», un samedi soir au gymnase. Il a participé, la semaine précédente à la danse des finissants des Beaux-Arts, invité par une finissante et a pensé que ce serait une bonne idée si sa classe faisait de même. La proposition est acceptée par la classe et le directeur, le frère David, donne son aval. Le gymnase est réservé. Les billets sont imprimés, la vente commencée et l’orchestre «réservé» lorsque le directeur le somme à son bureau pour lui annoncer que la danse ne peut avoir lieu dans les circonstances actuelles puisque l’archevêché ne donne pas son accord à une telle activité à l’intérieur des murs du collège. Claude ne comprend pas. Il raconte au frère David qu’il va aux danses de la Palestre nationale, du Cercle Universitaire et lui décrit celle des finissants des Beaux-Arts. Le directeur lui explique que c’est différent puisque ces institutions ne relèvent pas de l’archevêché et que Monseigneur Paul-Émile Léger a donné une stricte interdiction de tenir de telles danses. Les communautés doivent obéir. Claude, désappointé, est en furie intérieurement. «Qu’est-ce que l’on peut faire de mal ?» s’écrit-il devant le frère David et l’avise vouloir aller à l’archevêché s’expliquer et obtenir une permission spéciale pour sa classe. Le frère lui dit que c’est peine perdue et lui recommande d’accepter la décision des autorités ecclésiastiques. Le lendemain matin, Claude, qui a mal dormi, décide de téléphoner à Monseigneur Léger. Il communique avec l’archevêché, obtient son secrétaire et insiste pour lui parler mais cela est impossible pour toutes sortes de raisons. Par contre, le secrétaire affirme que la décision du prélat ne peut être changée et que seules des danses folkloriques sont acceptées. Claude pouffe de rire et dit au secrétaire: «mais monsieur l’abbé, on ne pourra pas vendre de billets avec de telles danses» et ajoute «alors vous me dites que la religion catholique n’est pas d’accord avec le genre de danses que nous, les jeunes, aimons ?». Le secrétaire affirme qu’un bon catholique doit respecter la décision de l’archevêque. Rentré au collège, il résume ses démarches à ses copains de classe et tous sont surpris d’apprendre que leur religion défend de danser le slow ou le «vite» (le jitterbug). Le projet de danse des finissants est annulé.

Quelques autres activités particulières sont organisées par la classe, comme une exposition sur les sciences dirigée par le frère Jean et qui consiste à faire des démonstrations de phénomènes de physique et de chimie. Claude, habillé de sa «chienne» blanche, est responsable de faire la démonstration du principe d’Archimède: «tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée ascendante égale au poids du volume d’eau déplacé». Le public est invité et l’exposition attire beaucoup de monde puisqu’elle est fort intéressante et intrigante car ce n’est pas fréquent de parler de sciences dans les années ’50. Elle est aussi importante pour tous les élèves de la classe puisque le frère Jean explique à chacun, devant la classe, comment faire sa propre démonstration sur le sujet qui lui est attribué. Cet exercice permet à tous de mieux comprendre de façon pratique les lois fondamentales de ces sciences.

L’année s’achève et ils doivent prendre une décision quant à leur avenir, afin de s’orienter en septembre vers la faculté ou l’école de leur choix. Claude n’a pas encore pris sa décision. Plusieurs gars de sa classe sont déjà inscrits à l’École Polytechnique, d’autres en architecture, aux Beaux-Arts, en droit, en médecine, en théâtre. Ceux qui entrent à Polytechnique sont admis en 2ième année à cause du haut niveau de l’enseignement des mathématiques et des sciences du Mont-Saint-Louis. C’est un gros avantage pour les élèves du collège, car la 1ière de Poly est reconnue pour avoir un programme difficile et plusieurs pensent qu’ils ne pourraient la passer à cause de la pression que cela représente. Ils réalisent qu’ils se retrouveront, pour la première fois de leur vie, sans institutrices, ni frères, ni professeurs pour leur «tenir la main» comme par le passé, puisqu’ils devront dépendre d’eux-mêmes. Ils se posent beaucoup de questions sur leurs réactions dans un tel contexte.

En fin de mai, Claude annonce subitement à ses parents qu’il a choisi la médecine. Charles-Émile et Antoinette sont surpris et heureux car ils voient là une profession bien rémunératrice et un avenir assuré pour leur fils. Il leur apprend qu’il devra suivre au collège des cours spécialisés et intenses du PCB durant le mois de juillet, qu’il se présentera à l’examen dans la deuxième semaine d’août et entrera à l’Université de Montréal en septembre. Le directeur du collège est avisé et l’a déjà inscrit à l’université sur la liste des candidats possibles à l’admission de la faculté de médecine.