L’enfant de choeur


Après quelques mois de formation avec l’aumônier de la maison mère, Jean-Claude devient enfant de chœur. Il commence à servir les offices autres que la messe, tel le Salut au Très-Saint-Sacrement où il est responsable de l’encensoir. Au moment propice, il entre en scène, se présente devant le célébrant, ouvre l’encensoir par un jeu de petites chaînes tandis qu’un autre enfant de choeur présente l’encens. Le prêtre dépose l’encens sur le charbon ardent contenu dans l’encensoir, ce qui dégage une dense fumée qui s’élève vers le ciel en passant d’abord par les narines de Jean-Claude (ouf!), avant de poursuivre son ascension verticale. Il remet alors l’encensoir au prêtre qui fait le tour du maître-autel en l’encensant et le remet à Jean-Claude qui se retire à la sacristie. Il remplit ce rôle pour la Fête-Dieu et pour d’autres cérémonies spéciales.

Jean-Claude a aussi la tâche d’allumer les cierges de l’autel avant une cérémonie et de les éteindre à la fin. Pour ce faire, il dispose d’un long bâton muni d’un capuchon de métal avec une mèche à l’arrière. Il arrive devant le maître-autel la mèche allumée, fait une génuflexion, monte les marches, étire le bâton, allume les trois grands cierges de gauche, revient au centre, fait une autre génuflexion en passant devant le tabernacle, allume les trois grands cierges de droite, revient au centre du maître-autel, fait encore une génuflexion et se retourne pour redescendre les marches. C’est alors que retentit un bruit sec et fort « clack ». C’est le long manche du bâton qui a frappé le devant du maître-autel lorsqu’il s’est retourné. Le bruit résonne dans toute la chapelle et fait sursauter les quelques soeurs qui s’y trouvent. Le même scénario se répète après la cérémonie lorsqu’il éteint les chandelles avec le capuchon. Jean-Claude est réprimandé à chaque fracas et réussit une fois sur deux à l’éviter. Mais dès que sa concentration n’y est plus, on entend le « clack » dans la chapelle et il rougit. Quelques mois plus tard, il perd sa job.